L’administration Trump a annoncé la suppression des mesures de protection temporaire accordées à des centaines de milliers de ressortissants haïtiens vivant aux États-Unis, les exposant à une expulsion potentielle cet été, selon des documents officiels consultés par le New York Times.
Cette directive, validée cette semaine par Kristi Noem, secrétaire à la Sécurité intérieure, reflète la politique migratoire restrictive du président Donald Trump.
Cette décision annule une prolongation du Statut de Protection Temporaire (TPS) accordée par l’administration Biden.
Les protections, initialement prévues jusqu’en février 2026, cesseront en août 2025.
Le TPS autorise les citoyens de pays désignés, y compris Haïti, à séjourner et travailler aux États-Unis lorsque leur nation d’origine fait face à des catastrophes naturelles ou à des conflits. Ce dispositif, instauré en 2010 suite au tremblement de terre en Haïti, a protégé plus de 500 000 Haïtiens sur le territoire américain. Un chiffre qui pourrait considérablement augmenter, étant donné que plus de 320 000 Haïtiens bénéficiaires du programme de parole humanitaire étaient également éligibles pour le TPS. Bon nombre d’entre eux attendent toujours leurs documents d’immigration après avoir soumis leur application sous l’administration Biden.
Toutefois, Trump et son équipe considèrent que ce statut est dévoyé et constitue une porte d’entrée vers l’immigration définitive. “Sans aucun doute, je l’abrogerais”, avait affirmé le président en octobre dernier lors d’un entretien avec News Nation, après des déclarations polémiques sur les Haïtiens.
Les associations de défense des droits des immigrants ont promptement dénoncé cette mesure, la jugeant “discriminatoire et cruelle”, a rapporté le New York Times.
D’après Ahilan Arulanantham, spécialiste au Centre de Droit et de Politique de l’Immigration à UCLA, l’interruption du TPS pourrait engendrer des répercussions catastrophiques pour des milliers de foyers.
“Le TPS représente une protection vitale pour de nombreux Haïtiens alors que leur pays traverse une crise politique, sociale et économique sans précédent”, a-t-il expliqué au New York Times.
Les défenseurs juridiques des immigrants haïtiens préparent un recours contre l’administration Trump, visant à contester l’annulation du TPS, similaire aux actions menées durant son premier mandat.
En 2018, l’administration Trump avait déjà essayé de supprimer ces protections pour les Haïtiens, mais des recours juridiques avaient gelé cette décision.
Parmi les Haïtiens touchés par cette annonce, Sherika Blanc, mère de quatre enfants américains, partage son inquiétude.
“Je suis dévastée. Cette situation d’incertitude est insoutenable, particulièrement compte tenu du contexte actuel en Haïti”, confie-t-elle au New York Times.
Face à cette situation, certains Haïtiens envisagent des alternatives, comme solliciter l’asile dans un pays tiers ou se résigner à un retour contraint vers Haïti en pleine tourmente.
La révocation du TPS pour les Haïtiens pourrait ainsi constituer un moment crucial dans la stratégie migratoire de Donald Trump, consolidant sa position ferme à l’approche des prochaines élections.