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Mise en Place d’un Collège présidentiel à l’ère de l’intelligence Louverturienne

Emmanuel Paul
Emmanuel Paul - Journalist/ Storyteller
Les membres du college présidentiel et les partis qui les ont désignés

Mise en Place d’un Collège présidentiel: A l’ère de l’intelligence louverturienne

Quelqu’un note ce qu’il croit être une contradiction dans  mes interviews avec des personnalités de la “communauté internationale”.

Il a noté avec précision le nombre de fois que je pose la question : «  pourquoi les pays se disant amis d’Haïti ne font pas quelque chose pour aider à sortir le pays de ce chaos sans précédent ? ». Pour lui, cette question est une invitation directe aux grandes puissances à  s’immiscer dans les affaires internes d’Haïti.  Il a aussi souligné ce leitmotiv :  “Les Haïtiens doivent être les seuls à résoudre le problème d’Haïti.”
Nous comprenons sa remarque.

Vers une Nouvelle Transition : L’Espoir d’une Dernière “Ingérence” de la Communauté Internationale

Dans des conditions normales, les citoyens d’un pays jouissant sa pleine indépendance s’arment de courage et résolvent eux-mêmes les problèmes du pays quelque que soit le prix que cela couterait.   En réalité, la situation est tout autre pour Haïti au moment où nous parlons.

Je me rappelle que le président Alexandre Boniface avait parlé d’Haïti comme d’un État indépendant sous surveillance internationale.  Quand cette idée vient d’un président de la République, elle a tout son sens.
Pour mieux comprendre la situation actuelle du pays, nous allons utiliser ce que j’appelle l’exemple du “kidnappeur éclairé”, sans vouloir réveiller les souvenirs atroces des victimes de l’industrie du kidnapping.

Il y a de nombreuses années, un groupe de kidnappeurs est entré dans notre maison. Ils ont ligoté tout le monde et emporté tout objet jugé précieux à leurs yeux. Pire, ils s’installent dans la maison et font croire aux voisins qu’ils sont amis et voire de la famille qui viennent pour apporter de l’aide. Qui pis est,  ils développent une relation étrange avec certains résidents de la maison qui finissaient par se convaincre que les malfaiteurs agissent dans leurs propres intérêts.

Après avoir tout emporté (une rançon évaluée aujourd’hui à plus de 22 milliards de dollars, vol de notre réserve d’or, destruction de notre production nationale, pour ne citer que quelques exemples), les kidnappeurs ferment  hermétiquement les portes, gardent les clés et mettent le feu dans la maison.
Ce n’est qu’à ce moment-là que les résidents de la zone et certains résidents de la maisons se rendent  compte que les “bons amis” n’étaient en réalité que des voleurs et des malfaiteurs, des criminels notoires avec un  agenda bien précis : appauvrir une famille généreuse et apôtre de la liberté.
Étant enfermé à l’intérieur de la maison, les résidents ne peuvent que solliciter de l’aide de ceux qui ont les clés : les kidnappeurs.  À moins qu’un voisin aussi puissant et armé que les kidnappeurs puissent venir aider à récupérer la clé, chasser les malfrats et commencer à éteindre le feu.

Dans, le cas où ce puissant voisin ne se manifeste pas encore, il faut, avec tact solliciter la collaboration des criminels pour éviter que l’irréparable n’arrive pas.
Cet exemple, permet de comprendre nos démarches en évoquant l’apport de la communauté internationale dans la résolution de la grave crise du pays.

Certains pays de cette « communauté internationale » sont à l’origine de nos malheurs. Ils pillent nos ressources et contribuent à l’avènement de dirigeants incompétents et corrompus.

L’élection de René Préval contre Leslie Manigat, Joseph Michel Martelly contre Myrlande Manigat et la désignation du tout dernier premier Ministre Ariel Henri sont des exemples illustrant l’implication de l’international dans notre détresse actuelle.
Venons-en à la situation actuelle du pays.

Depuis combien de temps que des secteurs de la vie nationale proposent la formation d’un conseil présidentiel pour diriger le pays après l’assassinat de Jovenel Moïse ?

Les Maitres d’Ariel Henri n’en voulaient pas ? Aujourd’hui, la situation du pays se détériore avec les activités des gangs (on sait comment cette coalition de gangs a été formée), ils donnent leur accord à la formation d’un conseil présidentiel mais avec leurs propres conditions de participation.
Cette fois-ci les blancs sont-ils de bonne foi ? On peut en douter ?

Les nombreuses déclarations de diplomates ayant servi en Haïti, comme Daniel Foote et Pamela A. White, pourraient bien servir d’exemples pour prouver la mauvaise foi des colonisateurs. On pourrait également citer les déclarations de l’ancien ambassadeur des États-Unis en Afrique du Sud, Patrick Gaspard, qui n’est pas un simple nom dans l’arène politique américaine. Il a d’ailleurs été directeur exécutif national du parti démocrate.

Alors que les propres agents du système commencent à dénoncer un système qu’ils ont aidé à perpétrer pendant de nombreuses années au détriment d’Haïti, nous, les Haïtiens, avons l’ultime opportunité de les prendre au mot et de leur arracher la clé une fois pour toutes.

Mais pour ce faire, nous devons agir avec tact, subtilité et diplomatie en raison de la réalité du moment.

Le Collège Présidentiel: Deux Propositions pour Réussir la Transition

Au regard de ces considérations, deux actions de la part du collège présidentiel, à mon sens, sont importantes pour entamer cette quête pour la reprise de notre autonomie en tant que peuple et obtenir le bénéfice du doute de la population.
1. Après avoir trouvé un consensus sur la personne qui présidera le collège, les membres de cette “institution” devraient se mettre d’accord pour acclamer cette personne. Pas de vote. Cela permettrait de projeter l’image d’un collège uni pour le bien commun et du coup donner un brin de crédibilité au college présidentiel.
2. Compte tenu des pratiques de gaspillage et de corruption au niveau de l’administration étatique, les membres du collège devraient prendre des mesures drastiques pour envoyer un message clair à la population et aussi à la communauté internationale. Ainsi, le collège pourrait décider de ne pas nommer de ministres à la tête des ministères. Chaque membre du collège, à l’exception du Président, serait responsable de superviser deux ou trois ministères, dirigés par des directeurs généraux possédant l’expérience et les compétences nécessaires, sélectionnés à la suite de concours organisés par un comité composé de membres des universités du pays. Ils devraient également prêter serment devant la nation, promettant de gérer judicieusement les maigres ressources du pays. Fini les nominations basées sur des relations politiques ou économiques.

Cette action nous permettrait de montrer que les dirigeants du collège commencent à tracer la voie vers une administration où la corruption ne règne plus en maître pour une fois. Elle nous permettrait aussi d’être pris plus au sérieux par nos “partenaires” de la communauté internationale, qui jusqu’à présent représentent notre mal nécessaire.
La population devrait aussi avoir son mot à dire.

Pour une fois, nous devons faire preuve de responsabilité en responsabilisant nos dirigeants. Nous devons organiser des rencontres régulières avec les membres du collège pour les obliger à donner des explications sur leurs actions. Faire comprendre aux dirigeants qu’ils ne sont pas là pour se servir, mais pour servir la population. Ainsi, pourrons-nous commencer à espérer voir le bout du tunnel.

Emmanuel Paul 

Journaliste 

Président Directeur Général

Caribbean Television Network 

email: mannypaul@ctninfo.com

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