L’ICE cible trois villes par semaine pour des opérations de déportations
La situation migratoire aux États-Unis devient de plus en plus tendue alors que les autorités fédérales intensifient leurs efforts de déportation, créant des frictions avec les villes sanctuaires.
L’Immigration and Customs Enforcement (ICE) déploie désormais une stratégie offensive en concentrant ses opérations de déportation massive sur trois villes américaines chaque semaine. D’après les informations rapportées par NBC News, ces interventions nécessitent le déploiement d’agents fédéraux supplémentaires pour optimiser leur efficacité.
Cette semaine, des interventions ont été conduites à Chicago et New York, tandis qu’Aurora, dans le Colorado, est la prochaine cible. Cette ville proche de Denver avait déjà fait l’objet d’attention sous la présidence Trump, qui l’avait accusée d’héberger des activités criminelles liées à un gang vénézuélien. Les autorités locales, dont le chef de police Todd Chamberlain, ont réfuté ces allégations, déclarant qu'”Aurora est une ville très sûre.”
Les opérations actuelles répondent aux directives récentes du directeur par intérim de l’ICE, Caleb Vitello, qui a demandé aux bureaux locaux d’atteindre un objectif ambitieux de 1 200 à 1 500 arrestations quotidiennes.
Ce quota englobe une hausse des “arrestations collatérales”, impliquant l’interpellation de nombreux immigrants sans antécédents judiciaires. Les immigrants en situation régulière représentent environ la moitié des arrestations effectuées par les agents fédéraux, sans précision sur leur sort ultérieur. De plus, les autorités indiquent que près de la moitié des 1 200 migrants appréhendés lors des dernières opérations dominicales n’étaient pas considérés comme des arrestations criminelles. Ces nouvelles méthodes soulèvent des préoccupations concernant leurs répercussions sur les communautés locales et les droits des migrants.
Les villes sanctuaires confrontées aux critiques de l’administration fédérale
Bien que les opérations soient actuellement concentrées sur trois villes principales, cela n’exclut pas la possibilité d’interventions dans d’autres agglomérations. Alors que l’ICE intensifie ses actions, les politiques des villes sanctuaires, établies pour offrir une protection aux migrants face aux autorités fédérales, se retrouvent au cœur des débats.
James Comer, président de la commission de surveillance et de réforme gouvernementale de la Chambre des représentants, a initié une investigation sur ces politiques. Une convocation a été adressée aux maires de Boston, New York, Chicago et Denver pour une audience au Capitole programmée le 11 février.
Dans sa correspondance avec Michelle Wu, maire de Boston, M. Comer a vivement critiqué les politiques de sanctuaire, les qualifiant de “contre-productives et obstructionnistes”, suggérant qu’elles compromettent la sécurité publique en limitant l’efficacité des forces de l’ordre fédérales. La ville de Boston, par l’intermédiaire de son porte-parole, a fermement contesté ces allégations. Michele Wu a défendu le Boston Trust Act, une législation reconduite en 2024 qui restreint la collaboration entre les forces de police municipales et les agents fédéraux de l’immigration. “Boston maintient son statut de grande ville la plus sécurisée des États-Unis, ce dont nous sommes fiers. Nous avons pris connaissance de la lettre et l’analysons actuellement”, a précisé le porte-parole, selon Boston25 News.
Les villes sanctuaires, dont les politiques limitent la coopération entre administrations locales et ICE, sont généralement perçues comme des bastions protégeant les droits des migrants. Néanmoins, elles font l’objet de critiques accrues de la part des autorités fédérales sous l’administration Trump, qui soutient que ces politiques compromettent la sécurité nationale.
Les actions récentes de l’ICE et les controverses entourant les villes sanctuaires illustrent la division grandissante concernant la politique migratoire américaine. Les défenseurs des villes sanctuaires insistent sur la nécessité de protéger les droits des migrants et la sécurité communautaire, tandis que leurs opposants plaident pour une application rigoureuse des lois migratoires, arguant que les politiques de sanctuaire entravent cet objectif.
Face à l’intensification des opérations de déportation, les débats concernant les droits des migrants, la sécurité publique et l’implication des gouvernements locaux dans l’application des lois fédérales demeurent vifs. Ces enjeux complexes continueront sans doute à façonner le paysage politique et social dans les prochains mois.