Les parlementaires républicains de Floride proposent la peine de mort pour les immigrants sans papiers coupables de crimes graves

Emmanuel Paul
Emmanuel Paul - Journalist/ Storyteller

La Floride s’apprête à adopter une série de mesures visant à renforcer la lutte contre l’immigration clandestine, dont l’une des plus radicales prévoit l’instauration d’une peine de mort obligatoire pour certains crimes commis par des immigrants en situation irrégulière.

Mercredi, les comités clés de la Chambre des représentants et du Sénat de Floride ont donné leur feu vert à des projets de loi (HB 3C et SB 4-C) qui imposeraient la peine capitale aux immigrés clandestins reconnus coupables de meurtre au premier degré ou de viol sur mineur. Cette initiative s’inscrit dans une session législative spéciale consacrée à l’immigration, organisée en soutien à la politique de répression migratoire du président Donald Trump.

Une législation extrême et des critiques sur sa constitutionnalité

Si cette proposition suscite l’adhésion des élus républicains, elle rencontre également une vive opposition, notamment du côté des démocrates et des défenseurs des droits de l’Homme. Fentrice Driskell, cheffe de la minorité démocrate à la Chambre, a rappelé que la Cour suprême des États-Unis avait statué à plusieurs reprises sur l’inconstitutionnalité des peines de mort obligatoires.

Le représentant républicain Sam Garrison, l’un des promoteurs du projet, a néanmoins défendu la mesure, affirmant qu’elle vise uniquement « les criminels les plus dangereux ».

Par ailleurs, le texte introduit une autre disposition qui pénaliserait toute entrée délibérée en Floride par un immigré sans papiers ayant déjà contourné les contrôles à la frontière américaine. Un premier délit serait passible de neuf mois de prison, tandis qu’une récidive entraînerait une peine d’au moins un an et un jour de détention.

Une division au sein même du camp républicain

Au Sénat, le projet a été approuvé par 11 voix contre 7. Fait notable, la sénatrice républicaine de Miami, Ileana Garcia, s’est rangée du côté des démocrates, expliquant qu’en tant que « chrétienne pratiquante », elle ne pouvait soutenir une telle mesure.

D’autres critiques ont émergé quant aux implications de cette politique. La sénatrice démocrate Barbara Sharief a dénoncé une atteinte au principe d’égalité devant la loi et rappelé que la Floride a déjà été confrontée à des erreurs judiciaires et à des discriminations raciales dans l’application de la peine de mort.

Maria DeLiberato, directrice de l’organisation Floridians for Alternatives to the Death Penalty, a également exprimé son scepticisme dans une lettre adressée aux législateurs, estimant qu’un revirement de la Cour suprême sur cette question était « extrêmement improbable ».

Un plan plus large pour renforcer la politique migratoire

Outre cette mesure controversée, les parlementaires floridiens ont approuvé un plan de renforcement de l’application des lois sur l’immigration (HB 1C et SB 2-C). Ce projet prévoit la création d’un Conseil d’État pour l’application des lois sur l’immigration, composé du gouverneur, du procureur général, du commissaire à l’agriculture et du directeur financier de l’État. Ce conseil serait chargé de coordonner les efforts de répression avec les autorités fédérales et de distribuer 250 millions de dollars de subventions aux agences chargées de ces opérations.

Cette initiative marque une nouvelle escalade dans la politique migratoire de la Floride, État gouverné par Ron DeSantis, qui s’est distingué ces dernières années par des mesures de plus en plus restrictives à l’égard des immigrés sans papiers.

Les votes finaux sur ces propositions de loi sont attendus  ce jeudi, dans un climat politique particulièrement tendu.

 

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