L’administration Trump n’a pas tardé à passer de la parole aux actes. Après avoir convaincu le Panama de recevoir des immigrants d’autres pays, les États-Unis ont déjà commencé à expulser des migrants en situation irrégulière, originaires d’Afrique et d’Asie, vers le Panama. Il s’agit d’une avancée diplomatique significative pour l’administration d’extrême droite de Donald Trump dans sa politique de déportation massive, selon des documents internes obtenus par CBS News.
Mercredi, un vol militaire américain a transféré des migrants asiatiques détenus par les services de l’immigration aux États-Unis vers le Panama.
Il s’agit de la première expulsion de ce type sous l’administration Trump. Parmi les personnes concernées figuraient des adultes ainsi que des familles avec enfants venant d’Afghanistan, de Chine, d’Inde, d’Iran et d’Ouzbékistan, a révélé CBS News, qui a obtenu des documents auprès de l’administration Trump.
Un deuxième vol militaire américain, prévu pour jeudi, devait expulser d’autres migrants asiatiques ainsi que des ressortissants africains, notamment en provenance du Cameroun, a rapporté CBS News.
Dans un communiqué publié jeudi, le ministère panaméen des Affaires étrangères a confirmé avoir reçu le premier vol dans le cadre d’un accord conclu avec l’administration Trump, permettant aux États-Unis de déporter des non-Panaméens vers ce pays d’Amérique centrale, selon CBS News.
Le ministère panaméen a précisé que l’avion arrivé mercredi transportait 119 personnes expulsées des États-Unis, originaires de plusieurs pays, dont l’Afghanistan, la Chine, l’Inde, l’Iran, le Népal, le Pakistan, le Sri Lanka, la Turquie, l’Ouzbékistan et le Vietnam. CBS News a également rapporté que les coûts de ces déportations seront entièrement pris en charge par les États-Unis.
Cette coopération représente une victoire diplomatique majeure pour l’administration Trump, qui a intensifié ses efforts pour expulser les migrants en situation irrégulière. Les États-Unis rencontrent souvent des difficultés à renvoyer des migrants venant d’Afrique et d’Asie en raison des longues distances à parcourir et du refus de certains gouvernements d’accepter des vols de déportation américains, a expliqué CBS News.
Ces expulsions illustrent également la volonté de Washington de contraindre les pays d’Amérique centrale à accepter des migrants difficiles à renvoyer vers leurs pays d’origine, a noté CBS News.
D’autres nations de la région ont déjà accepté d’accueillir des migrants expulsés des États-Unis, bien qu’ils ne soient pas leurs ressortissants. Le Salvador et le Guatemala ont notamment conclu des accords similaires. Le président salvadorien, Nayib Bukele, s’est même dit prêt à accueillir et à détenir des membres présumés du gang vénézuélien Tren de Aragua expulsés des États-Unis, a rapporté CBS News.
Si l’administration Trump cherche à conclure d’autres accords de ce type, il reste incertain combien de nouveaux arrangements verront le jour. Selon deux responsables américains anonymes cités par CBS News, Washington aurait envisagé d’envoyer certains migrants vers le Guyana, un pays d’Amérique du Sud.
L’acceptation par le Panama de ces migrants expulsés intervient alors que Donald Trump a exprimé son intérêt pour une reprise du contrôle du canal de Panama, un point stratégique que les États-Unis ont cédé à ce pays en 1999. Cependant, les autorités panaméennes ont fermement rejeté cette idée et contesté les déclarations de M. Trump concernant l’influence chinoise sur la gestion du canal, a rapporté CBS News.
Le secrétaire d’État Marco Rubio s’est rendu au Panama peu après son entrée en fonction pour sa première visite internationale. La semaine dernière, le département d’État américain a annoncé avoir conclu un accord permettant aux navires militaires américains de traverser le canal gratuitement. Toutefois, le président panaméen a réfuté cette affirmation, déclarant que « cette déclaration est basée sur une fausseté », selon CBS News.
Le ministère américain de la Sécurité intérieure et le département d’État n’ont pas répondu aux sollicitations de CBS News concernant ces vols de déportation vers le Panama.
Comme les États-Unis, le Panama fait face à une pression migratoire importante, a souligné CBS News.
La forêt du Darién (The Darién Gap), une région montagneuse et marécageuse située entre le Panama et la Colombie, est devenue une route clé pour les migrants tentant de rejoindre l’Amérique du Nord. En 2023, plus d’un demi-million de migrants, majoritairement vénézuéliens, ont traversé cette jungle hostile pour entrer au Panama, un chiffre record. En 2024, ce nombre a baissé à environ 300 000, notamment en raison d’un programme mis en place par le président de l’époque, Joe Biden. Dès les premières semaines de sa présidence, Donald Trump avait décidé de mettre fin à ce programme de libération conditionnelle.