L’administration Trump continue de durcir son discours sur l’immigration, mais une récente suppression de contenu sur le site du ministère de la Justice soulève des interrogations.
Une étude financée par l’Institut national de la justice, qui démontrait que les immigrants sans papiers au Texas commettent moins de crimes que les citoyens américains, a disparu du site gouvernemental sans explication officielle.
L’étude, toujours accessible dans les archives du Congrès, analysait les taux de criminalité entre 2012 et 2018 et concluait que les sans-papiers étaient arrêtés beaucoup moins fréquemment que les citoyens américains pour des crimes violents, liés à la drogue ou contre la propriété.
David Bier, spécialiste des politiques migratoires au Cato Institute, a été l’un des premiers à remarquer cette suppression. « Sometime in the last week, the DOJ removed this from its website. Wonder why? » a-t-il écrit sur X, selon The Independent.
L’étude en question allait à l’encontre des déclarations répétées de Donald Trump et de ses proches, qui associent systématiquement immigration et criminalité. Récemment, un communiqué officiel de la Maison-Blanche affirmait que l’administration avait déjà expulsé plus de 50 000 personnes, mettant en avant l’objectif de débarrasser les États-Unis des « killers, rapists, and drug dealers ».
Pourtant, selon une analyse du New York Times citée par The Independent, la moitié des migrants détenus depuis le retour de Trump au pouvoir n’ont été condamnés pour aucun crime.
L’administration justifie ses actions en mettant en avant la sécurité nationale. Stephen Miller, conseiller de Trump, a rappelé sur X que l’immigration n’était pas un droit, mais un « privilège extraordinaire » et que ceux qui « sympathisent avec le terrorisme » seraient expulsés.
L’étude effacée du site du ministère de la Justice renforçait un constat déjà largement établi par les chercheurs : les immigrés, y compris les sans-papiers, commettent moins de crimes que les citoyens américains. Son retrait du site officiel alimente les soupçons d’une manipulation de l’information pour mieux cadrer avec la politique anti-immigration de l’administration Trump.
Ce n’est pas la première fois que des actions gouvernementales contredisent le discours officiel. L’administration a récemment été contrainte de reconnaître que certains migrants détenus à Guantánamo Bay – une prison censée héberger les terroristes les plus dangereux – étaient en réalité considérés comme « lower-threat », soit peu menaçants et sans passé criminel sérieux.
Pendant sa campagne de 2024, Donald Trump a fait de l’immigration un enjeu central, notamment en popularisant le terme « Biden migrant crime ». Il est régulièrement apparu aux côtés de « angel moms », des mères ayant perdu un enfant à la suite d’un crime commis par un migrant, illustrant ainsi sa volonté de lier immigration et criminalité.
Si le ministère de la Justice n’a pas encore expliqué la suppression de cette étude, The Independent rappelle qu’elle reste consultable dans les archives du Congrès, preuve que la question de la criminalité des sans-papiers est bien plus complexe que le laisse entendre le discours officiel.