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La loi fiscale 2020-2021: un budget ambitieux mais irréaliste selon Enomy Germain

CTN News

Adopté en conseil des ministres le 30 septembre puis mis en application le premier octobre à l’occasion de l’ouverture de l’année fiscale, le budget comptant pour l’exercice fiscal 2020-2021 évalué à un montant de 254,7 milliards de gourdes, fait l’objet de beaucoup de commentaires et de critiques de la part des différents acteurs dont les économistes.

Dans une présentation détaillée autour  du budget ce lundi 5 octobre, le président de la firme de consultation économique Pro-Eco Enomy Germain a noté deux points positifs du budget. Il dit constater que le gouvernement, dans la lettre de cadrage, essaie de faire des projections à moyen terme (2020-2023). Ce qui dit-il est  une démarche qui doit être systématique, soulignant que l’économie ne se construit pas qu’au présent.

Le spécialiste en économie du développement a aussi félicité le gouvernement qui à travers le budget augmente de 8 à 55% le salaire des fonctionnaires publiques. Une nécessité ajoute-t-il 

Toutefois à côté de ces deux points positifs du budget, l’auteur de l’ouvrage à succès « Pourquoi Haïti peut réussir ? », a passé en revue ce qu’il appelle dans sa présentation ses préoccupations autour du budget.

Selon le spécialiste en économie du développement, il s’agit d’un budget ambitieux, mais pas réaliste dans le sens qu’il n’y aucune garantie que les ressources domestiques atteindront 132 milliards de Gourdes selon les prévisions du gouvernement. L’économiste précise qu’en matière de perception de ressources, la barre de 100 milliards de Gourdes n’a jamais été atteinte dans l’histoire budgétaire du pays.

La prévision de croissance de 2.4% est très hypothétique dit-il insistant notamment sur le service de la dette qui a augmenté de plus de 145% en un an, passant de 20 milliards à 49 milliards de Gourdes dit-il. 

Il n’y avait même pas encore de Covid-19 en Haïti, les prévisions de croissance de la banque mondiale étaient de -0.5% en 2021, les prévisions du FMI, en janvier, tablaient sur une croissance de 1.5% en 2021, les menaces quant aux troubles n’étaient non plus pas aussi réelles énumère  le spécialiste qui s’interroge sur les mécanismes du gouvernement pour atteindre ce niveau de croissance jamais atteint depuis 2014 dans ces circonstances.

Dans ses critiques autour du budget, l’économiste prévoit un déficit budgétaire énorme compte tenu des ambitions fiscales du gouvernement qui sont incertaines à cause du coronavirus et des éventuels troubles sociaux politiques.

Les autres préoccupations de l’économiste s’articulent sur le fait que ce budget ne favorisera pas la croissance et son côté non-participatif. 

Selon les explications de Enomy Germain, les crédits d’investissements sont estimés à 74,2 milliards de gourdes (29%) contre 180.5 milliards de gourdes (71%) pour le fonctionnement de la machine administrative de l’État. Une façon pour lui de dire que le budget va continuer à faire d’Haiti le pays le plus déséquilibré socialement de la caraïbe. 

Enfin Enomy Germain dit regretter que les citoyens, pour la plupart, ont été écartés du processus budgétaire soulignant que Sénateurs et Députés (représentants du peuple) sont écartés du processus depuis la décision du président Jovenel Moïse de rendre le Parlement non-opérationnel le deuxième lundi de janvier 2020.

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