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“Il n’y a pas de légitimité de l’autorité en Haïti “, déclare le probable prochain secrétaire d’État américain

Emmanuel Paul
Emmanuel Paul - Journalist/ Storyteller

Lors de son audition pour la confirmation au poste de 71ᵉ secrétaire d’État des États-Unis, Marco Rubio, sénateur républicain de Floride, a dressé un tableau alarmant des crises qui secouent Haïti et d’autres pays de l’hémisphère occidental.

Fort de ses connaissances approfondies sur les enjeux géopolitiques de la région, il a exprimé une inquiétude particulière concernant Haïti, tout en abordant les situations au Venezuela, à Cuba, au Nicaragua et dans d’autres nations touchées par des crises politiques et humanitaires.

Ses déclarations ont révélé un programme ambitieux visant à réaligner la politique étrangère américaine sur les priorités nationales et à promouvoir la stabilité dans la région, selon les propos tenus par le sénateur de Floride.

Haïti : un pays au bord du chaos

Marco Rubio a consacré une part importante de son intervention à Haïti, qualifiant la situation de “globalement complexe” et soulignant que le problème fondamental réside dans l’absence de légitimité des autorités.

Le parlementaire américain a spécifiquement mentionné le chef du mouvement criminel surnommé “Barbecue”, qu’il présente comme l’une des personnes les plus dangereuses de la région. “Quand la personne la plus puissante d’un État est surnommée Barbecue, ce n’est pas bon”, a-t-il déclaré, en référence à Jimmy Chérizier, devenu un symbole de l’anarchie qui règne dans le pays.

Selon Rubio, les gangs armés ont déstabilisé Haïti au point de menacer également la République dominicaine et d’alimenter une pression migratoire sur les États-Unis et d’autres pays de la région. “La stabilité et la sécurité sont les conditions préalables à toute solution durable”, a-t-il affirmé, insistant sur la nécessité d’une coalition internationale pour rétablir l’ordre.

Il a salué l’arrivée de forces étrangères, dont celles du Kenya, pour contribuer à cet effort, tout en soulignant que cela ne pouvait pas être une solution uniquement américaine.

Le Venezuela : une crise humanitaire et géopolitique

Le sénateur a également critiqué la politique de l’administration Biden envers le Venezuela, qu’il a accusée d’avoir été “dupée” par le président Nicolás Maduro. Rubio a souligné que Maduro avait utilisé des promesses d’élections comme un levier pour obtenir des concessions de Washington, tout en continuant à gouverner comme “une organisation de narcotrafic”.

La crise vénézuélienne, marquée par l’exode de millions de citoyens, représente un triple défi pour les États-Unis : humanitaire, migratoire et sécuritaire. Rubio a dénoncé la présence croissante de la Russie et de l’Iran au Venezuela, citant des usines de drones iraniens en construction et l’octroi de passeports à des agents du Hezbollah comme des menaces directes à la sécurité nationale américaine.

Cuba : un régime en crise

Le sénateur a longuement critiqué la situation à Cuba, affirmant que le régime communiste repose sur un système économique corrompu et inefficace. Il a pointé du doigt l’entreprise militaire GAESA, qui contrôle l’économie cubaine tout en accumulant des milliards de dollars. Rubio a déploré la décision de l’administration Biden de lever certaines sanctions contre GAESA, ce qui, selon lui, ne fait qu’enrichir le régime au détriment du peuple cubain.

Malgré les coupures de courant, les conditions économiques déplorables et l’exode massif des jeunes Cubains, Rubio estime que le régime continue de privilégier le contrôle à une véritable ouverture. “Les Cubains ont droit à l’autonomisation économique et politique que pratiquement tous les autres peuples de la région ont connue”, a-t-il déclaré.

Nicaragua : la démocratie anéantie

Rubio a qualifié la situation au Nicaragua de “très étrange”, mettant en avant les actions répressives du régime sandiniste dirigé par Daniel Ortega et son épouse Rosario Murillo. Il a noté que les sandinistes avaient déclaré la guerre à l’Église catholique et avaient modifié la Constitution pour consolider une dynastie familiale au pouvoir.

Outre la répression interne, Rubio a identifié trois implications majeures pour les États-Unis :

  1. La pression migratoire.
  2. L’utilisation du Nicaragua comme point d’entrée sans visa pour les migrants se dirigeant vers les États-Unis.
  3. L’accueil de bases militaires russes dans l’hémisphère occidental.

Ces développements, a-t-il averti, représentent une menace directe pour la sécurité nationale américaine.

Sa vision pour le département d’État

Si sa nomination est confirmée, Marco Rubio entend redonner au département d’État un rôle central dans la politique étrangère des États-Unis. “Le département d’État regorge de personnes talentueuses qui ne sont pas pleinement utilisées”, a-t-il déclaré, déplorant que son influence ait diminué au profit d’autres agences.

Rubio a appelé à une action plus rapide et efficace pour que le département redevienne pertinent dans les prises de décision. “Nous devons être à cette table lorsque les décisions sont prises”, a-t-il insisté, ajoutant que le succès serait mesuré par la sécurité et la prospérité du peuple américain.

Membre influent de la commission des affaires étrangères au Sénat américain, Marco Rubio est crédité pour être un fin connaisseur de la situation dans l’hémisphère occidental et dans d’autres régions.

Bien que le sénateur affiche une certaine volonté de faciliter un dénouement à la crise dans la région, la tâche pourrait ne pas être si facile compte tenu de la position de son patron qui n’a jamais raté l’occasion de témoigner sa haine envers Haïti et d’autres pays de la région.

Alors que Trump a déjà annoncé la nomination d’ambassadeurs dans plusieurs pays et institutions multinationales, il n’a pas encore désigné celui ou celle qui remplacera Dennis B. Hankins en tant qu’ambassadeur des États-Unis en Haïti. Cette nomination pourrait être un indicateur clé de l’approche que Washington adoptera envers Haïti dans les années à venir.

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