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Et si le Juge Jean-Wilner Morin démissionnait?

CTN News

Le Juge d’instruction, Jean-Wilner Morin est sous le feu des projecteurs depuis quelque temps. Et il fait parler de plus en plus de lui ces dernières semaines par rapport à l’instruction de certains dossiers judiciaires extrêmement sensibles qui lui sont confiés. Pour certains, Me Morin se pose en défenseur de l’indépendance du système judiciaire. Un système rendu de plus en plus moribond et inefficace par les pouvoirs politique et économique du pays.

Le magistrat instructeur attire l’attention en raison de l’intransigeance, la rigueur et le courage qui le caractérisent dans le traitement de ses dossiers. Pourtant, son travail, il l’effectue non sans difficulté. Il se démène à faire la lumière sur des dossiers complexes avec les moyens du bord. Il ne dispose pas de véhicule de travail depuis quelque temps et pas assez d’agents de la PNH pour assurer sa sécurité. Il ne bénéficie pas du soutien nécessaire de la part du Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire (CSPJ) qui devrait pourtant lui donner les moyens nécessaires à l’accomplissement de sa tâche. De quoi pousser le Magistrat à envisager de démissionner, à en croire l’un de ses collègues magistrats. “Jean-Wilner Morin considère que ses efforts sont comme des coups d’épée dans l’eau”, selon ce proche.

Une démission du juge Morin! Certains jubileraient sûrement. Il s’agit notamment des défenseurs de ce système corrompu œuvrant à sa pérennisation ainsi que des pouvoirs politiques et économiques qui se livrent corps et âmes à la vassalisation du système judiciaire et les “criseurs” qui font leur beurre dans ce système de corruption, institué au détriment de la population.

Si certains se réjouiraient d’une éventuelle démission du juge Morin, de nombreux autres en sortiraient très déçus, le magistrat leur ayant donné un certain espoir dans la justice au milieu de ce chaos généralisé en Haïti. Il s’agit surtout de ceux qui, malgré l’institution de la corruption comme règle en Haïti, gardent encore un certain espoir du renouveau de ce pays meurtri et qui passera nécessairement par l’indépendance du pouvoir judiciaire.

Jean-Wilner Morin est un juge que le régime PHTK, en place depuis 2011, ne veut pas et a tout fait pour l’éjecter du système. En témoigne le refus catégorique de feu président Jovenel Moïse de renouveler son mandat de juge d’instruction en dépit du fait que toutes les formalités nécessaires aient été remplies en ce sens. Morin a passé les 30 derniers mois de présidence de Jovenel sans mandat de juge d’instruction. N’était son mandat de juge qui n’arrivait pas encore à expiration, il serait tout simplement exclu du système comme Martelly l’avait fait avec l’ex-doyen du tribunal civil des Gonaïves, Me Pharaon Gustave qui avait donné du fil à retordre au patron du PHTK qui jouait pieds et mains pour asservir totalement le système judiciaire via le Conseil Supérieur du pouvoir judiciaire, présidé par son poulain, Anel Alexis Joseph qui faisait tout pour satisfaire les plus vils caprices du président des “bandits légaux”.

Intégrité, compétence et courage
Intégrité, compétence et courage sont les trois plus importantes qualités d’un magistrat. Difficile de dire que le juge Jean-Morin n’en possède pas. L’intégrité du président de l’association nationale des magistrats haïtiens n’a jamais été mise en cause. D’ailleurs son nom n’a jamais été cité dans des scandales de corruption. Sa compétence n’a pas non plus été mise en doute. Même si certains de ses collègues, pour une raison ou une autre, désapprouvent certaines de ses décisions, l’accusant même “d’arrogant et de show off”. Le courage, c’est sûrement l’une des plus grandes qualités du patron de l’ANAMAH. Morin écroue des personnalités plutôt puissantes que nombre de ses collègues n’oseraient faire par “manque de courage et par peur”. Son courage lui a valu beaucoup de félicitations mais aussi des critiques de la part, en grande partie, des défenseurs du système corrompu.

En décembre, l’un des juges réputés sérieux, Chavanne Etienne qui a pu hériter du poste de doyen a.i du tribunal civil de port-au-prince, suite au départ de l’ex-doyen, jugé pro-PHTK, Bernard Sainvil dont le mandat était arrivé à terme. Le caractère sérieux de Morin a poussé le nouveau doyen à lui confier des dossiers très sensibles dont ceux liés au scandale de corruption à la Caisse d’assistance sociale, à la douane et au chef de gang de « Base Pilate », Ezéchiel Alexandre alias Ze, arreté pour enlèvement, assassinat, vols à main armée et association de malfaiteurs…. Le magistrat a déjà posé pas mal d’actes dans ces dossiers prouvant, une nouvelle fois, qu’il est très courageux. Son éventuelle démission serait donc un coup très dur.

Morin ne peut pas démissionner !
Démissionner, c’est donner le champ libre aux fossoyeurs.
Démissionner, c’est concéder une nouvelle défaite face aux bandits, aux corrupteurs et corrompus.
Démissionner, c’est tuer l’espoir.
Jean-Wilner Morin n’est pas le seul juge sur qui la population peut compter. Il y en a d’autres qui, aux côtés de Morin, représentent l’espoir d’une justice forte et indépendante. Une justice qui, tôt ou tard, ne devrait plus être inféodée à un pouvoir politique criminel travaillant au détriment des intérêts d’un peuple constamment en détresse et au profit de groupes d’intérêts qui, depuis des lustres, ne cherchent qu’à s’enrichir chaque jour davantage sur le dos de la population.

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