Des organisations de défense des droits humains aux Etats-Unis appellent le président Joe Biden à adopter immédiatement des mesures pour protéger les immigrants sans-papiers, dont beaucoup résident depuis des années sur le territoire, dénonçant la marginalisation d’un grand nombre de ces communautés à cause de leur statut d’immigration et leur identité raciale.
« Des centaines de milliers de ces immigrés sans papiers de longue date, y compris ceux d’origine africaine et caribéenne, ont été expulsés des Etats-Unis. La nation a un impératif moral de protéger ces communautés car l’immigration est l’une des principales questions de droits civiques de notre époque », écrivent ces organisations dans une correspondance adressée au chef de l’exécutif américain le 26 Mai 2023
La contribution des immigrants mise en relief
Les signataires soulignent que des diasporas africaines et caribéennes, contribuent de manière unique à la société américaine, à l’économie de la première puissance mondiale et aux communautés locales des Etats-Unis. Ils font partie de la main-d’œuvre qui alimentera la modernisation des infrastructures du pays et les efforts déployés pour lutter contre le changement climatique.
Ces organisations de la diaspora rappellent également que « les protections en matière d’immigration aident à stabiliser les communautés, en particulier celles qui sont confrontées à des inégalités dues à l’identité raciale dans les différentes structures de notre société. » Elles font remarquer que « l’absence de statut d’immigration légale a porté préjudice à de nombreuses communautés de couleur pendant la pandémie de COVID-19, qui n’ont pas pu obtenir de l’aide publique ou, pire encore, ont eu peur d’accéder à ces ressources vitales, même si elles ou des membres de leur famille étaient éligibles. ».
Un statut légal d’immigration, temporaire ou non, aurait pu encourager un grand nombre de ces communautés historiquement marginalisées à se manifester et à demander l’aide dont elles avaient besoin pendant la pandémie, ont-ils fait valoir.
La communauté noire victime des injustices du système d’immigration
Selon les signataires de la correspondance au président démocrate Joe Biden, les recherches montrent que les immigrants noirs et leurs familles sont moins bien lotis dans le système d’immigration des Etats-Unis, en partie à cause de l’inacceptable phénomène de surpolicage des communautés noires en Amérique.
Même si les immigrés noirs représentent moins de 9% de la population sans-papiers aux États-Unis, ils constituent vingt pour cent des immigrés confrontés à l’expulsion pour des raisons pénales, ont-elles noté citant l’Alliance noire pour une immigration juste (BAJI) et la NYU School of Law Immigrant Rights Clinic.
Citant également l’American Friends Service Committee (AFSC), les font en outre remarquer que “les immigrés noirs sont près de trois fois plus susceptibles d’être détenus et expulsés en raison d’une infraction pénale présumée” et qu’en 2019, les détentions documentées les plus longues de l’ICE ont eu lieu dans le cadre de l’enquête sur l’immigration, les détentions documentées de l’ICE les plus longues ont été imposées à des immigrés noirs africains.
Ces résultats ne représentent que quelques-unes des injustices du système d’immigration envers la communauté noire – qui n’ont fait qu’augmenter avec les changements cruels promulgués par l’administration Trump, notamment l’interdiction de voyager, qui a pratiquement bloqué l’immigration en provenance de plusieurs pays africains ; la politique de séparation des familles ; et les tentatives de mettre fin à l’immigration clandestine, politique de séparation des familles ; et les tentatives de mettre fin au statut de protection temporaire (TPS) pour plusieurs pays, dont Haïti, lit-on dans la correspondance.
Les signataires affirment qu’il est moralement impératif que nous réformions notre système d’immigration et que nous surmontions les erreurs du passé, d’autant plus que la population noire immigrée représente l’une des communautés d’immigrés qui se développent le plus rapidement aux États-Unis.
« Aujourd’hui, les États-Unis comptent plus de 600 000 immigrés noirs sans papiers, dont beaucoup sont des résidents de longue date avec des liens familiaux et communautaires forts. En raison de l’absence d’action du Congrès sur la réforme de l’immigration, les immigrés noirs sans papiers sont confrontés à l’incertitude quant à leur avenir aux États-Unis ». Aussi, elles demandent instamment à l’administration de prendre toutes les mesures exécutives et administratives possibles pour contribuer à l’instauration d’un système d’immigration plus juste et plus équitable.
Ces organisations estiment que toutes les solutions proposées dans le rapport intitulé 2023 Immigration Priorities : A Blueprint for the Biden-Harris Administration, devraient être mises sur la table alors que l’administration élabore une série de solutions axées sur l’aide positive. Elle cite notamment la désignation et la redésignation de TPS pour les ressortissants haïtiens qui ne peuvent pas retourner dans leur pays d’origine en raison d’un conflit armé, d’une catastrophe naturelle ou d’autres raisons humanitaires urgentes, y compris les ressortissants du Soudan, du Sud-Soudan, du Cameroun et d’autres pays africains, ainsi que du Nicaragua, du Salvador et du Honduras, dans les plus brefs délais ; des protections par tout outil nécessaire pour les bénéficiaires du DACA ; et la réduction des arriérés de dossiers trop longs et d’autres actions connexes.
Haitian Bridge Alliance, NAACP Legal Defense & Educational Fund, Inc., Ligue urbaine nationale, Southern Poverty Law Center, The Leadership Conference on Civil and Human Rights (Conference sur les droits civils et humains) sont les signataires de cette correspondance. Elles demandent au président démocrate d’accorder une attention immédiate à ces questions cette année, et se disent prêtes à travailler ensemble pour élaborer un plan de protection des groupes d’immigrés vulnérables.