Père Francis Barbey/Guy Aimé Eblotié/LCA
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CONTRIBUTION. Le père Francis Barbey est prêtre du diocèse de San Pedro en Côte d’Ivoire, universitaire et spécialiste des sciences de la communication sociale. Dans cette contribution, il propose une réflexion sur la question de la légitimité en politique en Afrique.
Ces derniers jours, la question de la légitimité en politique en Afrique a été au cœur des débats à l’occasion de la crise diplomatique entre le Mali et la France. Il s’agit bien d’une notion importante en démocratie, qui laisse à penser que la réponse à la question de savoir « qui doit gouverner » repose sur des règles du jeu consensuel. La légitimité apparaît alors comme « la qualité particulière reconnue à une entité sociale et politique par ses sujets et ses parties, et qui lui confère son autorité » (Benilla et al, 2010). Autrement dit, en démocratie, la légitimité est reconnue à un acteur politique, non pas en raison de la tradition, de son charisme ou de la légalité (c’est-à-dire au sens webberien du terme), mais au nom du peuple, et ce, au terme d’un processus consensuel.
En amont de ce processus et de cette légitimation, il y a une confiance réciproque fondée sur des critères objectifs validés par la loi. Tout est donc mis en œuvre pour qu’une légitimité obtenue au terme d’un tel processus, fondé sur des règles communes, ne soit remise en cause par la volonté d’un groupe isolé.
Mais dans le cas de la crise diplomatique entre le Mali et la France, tout porte à croire que le terme ne résonne pas de la même façon dans les deux cas. Pas que la conception française soit plus authentique ou que celle du Mali ne corresponde à aucun idéal démocratique, mais il se trouve que le terme même ne veut pas dire grand-chose dans la politique sous les tropiques.
En Afrique, très peu de pays sont capables…