Le gouvernement de Joe Biden va devoir adopter d’autres mesures s’il veut s’attaquer au problème du flux migratoire à la frontière Sud.
C’est ce qu’a décidé un juge fédéral au Texas qui a rejeté la nouvelle politique migratoire de l’administration Joe Biden en ce qui concerne les demandeurs d’asile.
Créditée pour avoir limité le nombre de personnes traversant la frontière américano-mexicaine, cette politique viole les obligations des États-Unis envers tous ceux ayant souhaité prendre refuge au pays de Joe Biden pour échapper aux actes de violence dans leur pays d’origine, a déclaré le juge Jon Tigar.
Pour le juge du district d’Oakland, au Texas, la décision du gouvernement de restreindre les demandeurs d’asile est en directe contradiction avec la loi en place depuis 1980 permettant aux migrants présents sur le sol américain de solliciter la protection humanitaire pour éviter d’être expulsés du pays.
Quel que soit le moyen par lequel ils sont arrivés aux États-Unis, les réfugiés doivent avoir la chance d’avoir leur demande d’asile examinée avec soin, a conclu le magistrat qui avait déjà adopté une mesure similaire contre l’administration de Donald Trump, qui avait également cherché à limiter les demandes d’asile en provenance de la frontière Sud.
Compte tenu des restrictions sévères de cette nouvelle politique migratoire, Joe Biden et son équipe devraient se conformer aux facteurs déjà explicitement considérés par le congrès, argumente le juge Tigar qui estime également que la nouvelle politique est “inaccessible” à beaucoup trop de migrants.
“Le tribunal conclut que la règle est contraire à la loi car elle présume que les non-citoyens qui entrent entre les points d’entrée, en utilisant un mode d’entrée que le Congrès a expressément voulu ne pas affecter l’accès à l’asile, sont inéligibles pour l’asile”, a-t-il écrit, ajoutant que “la règle est également contraire à la loi car elle présume que les non-citoyens qui n’ont pas demandé de protection dans un pays de transit, malgré l’intention claire du Congrès que ce facteur ne devrait limiter l’accès à l’asile que si le pays de transit présente effectivement une option sûre”.
La décision d’attaquer en justice la nouvelle politique migratoire de Joe Biden a été prise par l’organisation de défense des droits des immigrants, l’Association américaine pour les libertés civiles (ACLU), qui a salué le verdict du juge du district d’Oakland.
“Le jugement est une victoire, mais chaque jour où l’administration Biden prolonge la lutte contre son interdiction illégale, de nombreuses personnes fuyant la persécution et cherchant un refuge sûr pour leurs familles se retrouvent plutôt en grand danger”, a déclaré Katrina Eiland, l’avocate de l’ACLU qui a plaidé l’affaire, dont les propos ont été rapportés par CBS.
La décision du juge Tigar ne devrait pas entrer en vigueur avant deux semaines. Le temps pour l’administration d’exercer son droit de recours à la cour d’appel.
C’est justement ce que le gouvernement entend faire à travers le ministère de la justice, selon le média américain CBS.
“Nous sommes confiants dans notre position selon laquelle la règle contournant les voies légales est un exercice légal du large pouvoir accordé par les lois sur l’immigration”, a déclaré un porte-parole du ministère de la Justice à CBS, notant que l’administration “ne partage pas” l’avis du jugement de mardi.
Adoptée en mai dernier, cette politique migratoire disqualifie automatiquement les demandeurs d’asile traversant la frontière américaine sans autorisation légale. Ils devraient également prouver qu’ils avaient déjà essayé de chercher refuge dans d’autres pays avant d’entrer aux États-Unis.
Grâce à cette nouvelle règle migratoire, l’administration de Joe Biden a déjà procédé à l’expulsion rapide de plusieurs milliers d’immigrants à la frontière Sud. Une fois expulsés, ils ne devraient pas être autorisés à retourner aux États-Unis avant une période de cinq ans sous peine de poursuite judiciaire.
Cette mesure controversée est créditée pour avoir permis de diminuer considérablement les tentatives d’entrer aux États-Unis via la frontière américano-mexicaine.
En guise d’alternative, l’équipe de Joe Biden avait créé le programme de parole humanitaire pour les citoyens d’Haïti, du Nicaragua, de Cuba et du Venezuela.
Jusqu’au mois de juin, plus de 38 000 personnes issues des pays concernés ont été admises aux États-Unis, rapporte CBS, ce qui est nettement en dessous du nombre initialement visé par l’administration américaine.
Initié au début de cette année, ce programme visait à faciliter l’entrée aux États-Unis de 30 000 citoyens chaque mois issus des quatre pays mentionnés.
Des milliers de personnes ayant soumis leur application depuis le mois de janvier sont jusqu’à présent en attente d’une décision des autorités américaines qui n’ont pas donné trop de détails sur l’exécution du programme depuis son implémentation en Janvier 2023.