Sans protester contre les chefs d’accusation de trafic illégal d’armes à feu, de forfaiture, de suspicion de corruption, ou de trafic d’influence et association de malfaiteurs, le Conseil de l’Ordre des Avocats de Port-au-Prince, a indiqué dans une note de protestation en date du 23 juillet 2022, qu’il est consterné par l’arrestation suivie de la détention de Me Robinson Pierre Louis aux ordres de la Direction Centrale de la Police Judiciaire (DCPJ), sans la demande préalable au Bâtonnier de l’Ordre des Avocats de Port-au-Prince comme prévue par la loi.
L’Ordre des avocats a précisé qu’une délégation du Conseil conduite par la Bâtonnière Marie Suzie Legros s’est rendue dans les locaux de la Brigade des affaires Financières et économiques(BAFE) pour constater qu’effectivement, Maître Robinson Pierre-Louis était retenu par les agents de la Direction Centrale de la Police Judiciaire (DCPJ) qui ont décidé manu militari de le garder à vue, précise la note.
Contrairement à cette dernière, la police nationale a fait le point, en informant que l’ancien membre de Cabinet du Ministère de la Justice et de la Sécurité Publique (MJSC), Maître Robinson PIERRE LOUIS a été invité par le BAFE, vendredi 22 juillet 2022, pour être entendu dans le cadre du dossier relatif au trafic illicite d’armes à feu et de munitions à Port-de-Paix, et qu’il a donc été retenu suite à son audition. Ce dernier est accusé de forfaiture, suspicion de corruption, trafic d’influence et association de malfaiteurs a noté la PNH, sur son compte Facebook officiel.
Le Conseil de l’Ordre estime que cette situation a fait monter sa préoccupation à un niveau extrême, et souligne que les droits fondamentaux du désormais présumé criminel, avocat, de surcroit Secrétaire du Conseil de l’Ordre, sont ouvertement bafoués. Ce qui jette ainsi l’opprobre sur toute la corporation, selon le Conseil.
Que l’avocat soit vraiment inculpé pour les chefs d’accusation qui lui sont reprochés ou qu’il soit arrêté ou retenu devant les évidences, et en plus du fait que la DCPJ avait sollicité du MJSP sa mise à disposition pour le compte du BAFE, ou encore avec cette note de protestation pour un avocat suspecté de trafic illégal d’armes, on pourrait se demander lequel de ces faits s’apparenterait à un véritable scandale.
Le Conseil de l’Ordre a jugé scélère l’enquête conduisant à l’arrestation de son secrétaire, non sans mentionner que celle autour de l’assassinat de l’ancien Bâtonnier Monferrier Dorval continue moisir dans les tiroirs.
Le conseil a délibérément ommis de se prononcer sur les fondements de l’arrestation de Maître Robinson Pierre-Louis, mais demande à ce que ce dernier soit libéré sans délai.
Les autorités de poursuite doivent se conformer aux conventions, lois et règlements garantissant le libre exercice de la profession d’avocat, écrit le conseil de l’ordre. N’est-il pas de la prérogative de la police judiciaire d’agir en bon droit pour le besoin d’une enquête en cours, de retenir un inculpé?
Il importe de noter que l’enquête de la DCPJ
concernant la saisie de la cargaison de 120,000 cartouches au Warf de Port-de-Paix en début du mois de juillet 2022, suit son cours actuellement. La police informe que les enquêteurs s’intéressent particulièrement à la libération suspecte des présumés trafiquants d’armes et de munitions liés à cette affaire.
Rappelons que, dans le cadre de cette affaire, l’ancien Commissaire du Gouvernement près le Tribunal de Première Instance de Port-de-Paix Michelet Virgile, a été révoqué par le Ministère de la Justice et de la Sécurité Publique pour “faute grave” suite à sa décision de libérer les nommés Jonas Georges et Fritz Jean-Rélus, respectivement propriétaire du bateau Miss Lili et commissionaire du chargement saisi à Port-de-Paix, sur ordre de Maitre Robinson Pierre-Louis. Des informations relayées par le Média Haïti Infos Pro a mentionné le fait que l’avocat gardé à vue par la DCPJ fait partie de ceux qui étaient mobilisés par les suspects Jonas Georges et Fritz Jean-Rélus afin d’être libérés au plus vite.
Avec ce dossier, c’est un nouveau cas en justice qui suscite déjà beacoup de controverses. Quand ce seraient des autorités légales qui se trouvent mêler au trafic illégal d’armes à feu et de munitions dans le pays, Il n’est que d’attendre si la société en saura un peu plus.