Accusations racistes contre les immigrants haïtiens à l’Ohio: ” Je n’ai aucune preuve”, a admis l’américaine ayant fait circuler en premier les accusations
L’individu résident à Springfield à l’Ohio avoir en premier fait circulé les rumeurs selon lesquelles les immigrants haïtiens volent et mangent des animaux domestiques dans la ville admet n’avoir jamais été témoins d’un tel acte.
Une fausse rumeur qui a commencé sur les réseaux sociaux le 5 septembre lorsqu’une utilisatrice des médias sociaux nommée Erika Lee a publié un message dans un groupe privé Facebook intitulé Springfield Ohio Crime and Information. Elle y racontait une histoire qu’elle avait entendue de sa voisine, Kimberly Newton. Cette dernière lui avait rapporté qu’une amie de sa fille avait retrouvé son chat pendu à un arbre, près de la maison d’une famille haïtienne, comme “un cerf à dépecer”.
Il S’est rapidement avéré que l’histoire n’avait aucune base factuelle.
Contactée par NewsGuard, une société qui lutte contre la désinformation en ligne, Erika Lee, selon le média américain Daily Beast, a admis qu’elle n’avait pas été témoin de l’incident et qu’elle ne faisait que répéter ce qu’elle avait entendu de sa voisine. Kimberly Newton, de son côté, a précisé qu’elle-même n’était pas certaine de la véracité de l’histoire, qu’elle avait entendue d’une autre personne. Elle a déclaré : “Je ne suis pas sûre d’être la source la plus crédible car je ne connais pas vraiment la personne qui a perdu le chat”. Elle a aussi ajouté : “Je n’ai aucune preuve”, a rapporté le DailyBeast.
Il est important de noter que ni Erika Lee ni Kimberly Newton n’ont jamais confirmé l’incident. Leur récit n’était qu’une transmission d’une rumeur qui, de fil en aiguille, a pris des proportions disproportionnées. Les autorités locales et la police de Springfield ont démenti les allégations, déclarant à plusieurs reprises qu’il n’y avait aucune preuve crédible de l’enlèvement ou de la maltraitance d’animaux domestiques par des membres de la communauté immigrée.
Une désinformation qui trouve un écho national
Bien que la rumeur ait été rapidement discréditée localement, cela n’a pas empêché sa propagation au niveau national à des fins politiques.
L’affirmation de Mme Lee a migré de Facebook à X (anciennement Twitter), où elle a été partagée par un utilisateur conservateur nommé @BuckeyeGirrl. Ce compte, qui compte un peu plus de 2 100 abonnés, a publié une capture d’écran du message de Mme Lee, et la rumeur a continué de circuler.
En quelques jours, la rumeur a attiré l’attention de figures politiques de premier plan. JD Vance, sénateur républicain de l’Ohio, a amplifié la rumeur en tweetant le lundi suivant que, bien que les détails pourraient “s’avérer faux”, ils représentaient un danger réel pour les ” Américains qui souffrent.”
Ce tweet a suscité une vague de réactions sur les réseaux sociaux, avec des images générées par intelligence artificielle représentant Donald Trump protégeant des chats et des canards, et même un tweet sarcastique d’Elon Musk comparant la situation à une scène des Simpsons, rappelle le DailyBeast.
La situation a atteint un point culminant lorsque l’équipe de campagne de Donald Trump a publié un communiqué de presse avant le débat présidentiel, affirmant que des migrants haïtiens “auraient été surpris en train de décapiter des canards, de chasser des oies et d’autres animaux dans des parcs publics, et même de kidnapper les animaux de compagnie des habitants pour les manger”.
L’impact de la désinformation et son exploitation politique
La rapidité avec laquelle cette rumeur s’est propagée et a été amplifiée par des personnalités politiques est alarmante. Elle démontre comment des informations non vérifiées peuvent influencer des discours politiques de haut niveau et provoquer une polarisation encore plus grande de la société.
Bien que cette rumeur n’ait aucune base factuelle, elle a été utilisée comme un outil politique pour stigmatiser une communauté vulnérable, en l’occurrence les migrants haïtiens.
Erika Lee, l’autrice originale du post Facebook, s’est dite surprise de voir ses propos atteindre une telle ampleur. Dans une interview avec NewsGuard rapporté par le Daily Beast, elle a déclaré : ” J’ai été choquée de voir M. Trump répéter une affirmation que j’avais faite sur les réseaux sociaux”. Pourtant, elle a également admis qu’elle n’avait pas suivi l’évolution de la situation et n’avait pas vérifié les faits elle-même. “En fait, je n’ai pas vraiment suivi l’actualité à ce sujet”, a-t-elle dit. “Je ne l’ai vraiment vu que sur Facebook, dans ce qui apparaît sur mon fil d’actualité, ou dans ce que d’autres personnes ont partagé sur des choses qu’elles ont lues.”
Le cas de Springfield, Ohio, est un exemple frappant de la manière dont la désinformation peut se propager en ligne, souvent à partir de sources non vérifiées ou d’histoires transmises de bouche à oreille. Ce type de désinformation est particulièrement dangereux lorsqu’il cible des groupes minoritaires ou des communautés marginalisées, car il peut alimenter la haine, la peur et la méfiance envers ces populations.
Les migrants haïtiens, déjà confrontés à des défis importants en matière d’intégration et de reconnaissance de leurs droits, se sont retrouvés au cœur d’une tempête médiatique fondée sur des mensonges. Cette stigmatisation peut avoir des répercussions graves, notamment en alimentant des sentiments anti-immigrés et en créant un climat de tension au sein des communautés locales.
La maison blanche, à travers son porte-parole à la sécurité nationale John Kirby, avait dénoncé la propagation de fausses informations à des fins politiques qui pourraient causer de graves préjudices aux groupes minoritaires aux Etats-Unis.
Les autorités locales de Springfield avaient dû réagir rapidement pour calmer les tensions et démentir ces fausses accusations. Cependant, dans l’écosystème actuel des réseaux sociaux, où les rumeurs peuvent se propager rapidement et toucher des millions de personnes, il est difficile de contrer efficacement de telles allégations.
Crédit : Cet article s’inspire des reportages de The Daily Beast et de NewsGuard pour retracer la diffusion de la rumeur concernant les migrants haïtiens à Springfield, Ohio.