Derrière les chiffres froids des décès et les bombes destructrices, le conflit en Ukraine ravage le capital humain et les moyens de production de cet État de 42 millions d’habitants, dont près de 3 millions ont déjà quitté leur pays, soit 7% de la population. Selon les premières estimations du Fonds monétaire international (FMI), l’invasion russe – qui a entraîné une résistance armée ukrainienne – le PIB ukrainien (155 milliards de dollars en 2020) devrait se contracter d’au moins de 10% cette année. Et cela dans une perspective de “résolution rapide du conflit”.
“Si le conflit s’enlisait, sur la base de l’historique des guerres au Liban, en Irak, en Syrie ou au Yémen, il pourrait plonger de 25% à 35%”, alerte toutefois le Fonds monétaire international. “Le scénario le plus extrême est évidemment une implosion de l’économie”, a expliqué ce mercredi 16 mars Achim Steiner, administrateur du Programme des Nations unies pour le développement, affilié à l’ONU. “Nous estimons que jusqu’à 18 ans de progrès en matière de développement pourraient être effacés en 12 à 18 mois en Ukraine”, s’alarme Achim Steiner.
Un paysage économique qui a déjà radicalement changé
En 2014 et 2015, l’Ukraine avait également subi un choc économique, avec une production en baisse de 6,6 % et 10 % respectivement, à la suite de l’annexion de la Crimée par la Russie. Mais l’économie ukrainienne, fortement dépendante des exportations, a progressé de 3 % l’an dernier, portée par une récolte céréalière record. La production devait encore augmenter de 3,6 % en 2022.
Les dégâts sont déjà majeurs et le paysage économique a radicalement changé. “Les dégâts sur les infrastructures sont massifs. Nous avons des pénuries de nourriture, de médicaments ; dans certaines parties du pays, l’électricité est à court de courant ; et la partie la plus précieuse de la richesse de l’Ukraine – son capital humain – est laissée en nombre que…