À Springfield, dans l’Ohio, la population haïtienne fait face à une période d’anxiété sans précédent suite à l’annonce par l’administration Trump de la cessation du Statut de Protection Temporaire (TPS) pour les citoyens haïtiens.
Cette mesure, annoncée en février 2025, met un terme à un programme qui leur accordait le droit de résider et de travailler légalement sur le territoire américain. Dès le 3 août 2025, des milliers d’Haïtiens se verront privés de leurs protections et devront affronter un futur incertain, risquant potentiellement l’expulsion.
Suite à cette annonce, le Centre de Soutien Haïtien, un organisme local dédié à l’assistance des immigrants haïtiens, croule sous les requêtes. Son responsable, Viles Dorsainvil dans une interview à Solon indique que de nombreux ressortissants haïtiens sollicitent des conseils, cherchant désespérément des moyens de maintenir leur statut légal aux États-Unis. Cependant, les alternatives sont rares. Il conseille à ceux qui en ont la possibilité de soumettre des demandes pour un statut migratoire alternatif, bien que les options soient très limitées pour la plupart des bénéficiaires du TPS.
À Springfield, cité industrielle comptant environ 60 000 résidents, la diaspora haïtienne constitue une composante significative de la population immigrée. Depuis 2010, après le terrible séisme qui a dévasté Haïti, les États-Unis ont instauré le TPS pour les Haïtiens, leur offrant une protection provisoire contre l’expulsion et l’autorisation de travailler. Depuis lors, les conditions en Haïti se sont gravement détériorées, particulièrement après l’assassinat du président Jovenel Moïse en 2021, précipitant le pays dans une crise majeure caractérisée par l’emprise des gangs et le chaos politique.
En dépit de cette situation, l’administration Trump a pris la décision de ne pas prolonger l’extension du TPS précédemment accordée par Joe Biden, qui avait étendu le programme jusqu’en février 2026. Suite à la décision de la nouvelle Secrétaire à la Sécurité intérieure, Kristi Noem, la validité du TPS se trouve désormais limitée à 12 mois, avec une expiration prévue en août 2025.
Cette déclaration a déclenché une véritable secousse au sein de la communauté haïtienne de Springfield. De nombreux Haïtiens, ayant construit leur existence aux États-Unis, se trouvent maintenant dans une situation précaire. Certains considèrent une migration vers le Canada ou d’autres pays susceptibles de leur offrir un statut légal. D’autres restent dans l’attente d’une possible évolution favorable de la situation politique américaine, gardant l’espoir d’un changement de dernière minute.
Les représentants communautaires et juristes en immigration condamnent unanimement cette décision qu’ils jugent infondée. Julie Nemecek, avocate spécialisée en immigration, fustige l’administration Trump, l’accusant de prendre des décisions guidées par des motifs politiques et idéologiques, ignorant la réalité du terrain. Elle y voit une stratégie délibérée visant à déstabiliser les communautés immigrées et à créer un climat d’insécurité.
Dorsainvil partage cette colère. Il met en lumière l’incohérence de la décision, notant que même l’ambassade américaine en Haïti éprouve des difficultés à maintenir ses opérations en raison de l’extrême violence. Pour lui, cette révocation du TPS représente une injustice manifeste, d’autant plus que la situation en Haïti rend impossible tout retour sécurisé des ressortissants haïtiens.
À l’approche de la date butoir dans cinq mois, l’anxiété s’intensifie parmi les détenteurs du TPS. De nombreux bénéficiaires évitent désormais toute exposition médiatique, craignant d’éventuelles conséquences. Un titulaire du TPS, qui avait initialement accepté de partager son témoignage avec Salon, s’est finalement rétracté, préférant rester discret face aux tensions croissantes.
Pendant ce temps, les juristes et les associations d’aide aux migrants intensifient leurs actions pour soutenir et guider les Haïtiens concernés. Néanmoins, la situation demeure préoccupante, et la plupart des bénéficiaires du TPS se trouvent dans une impasse administrative, avec des alternatives limitées.
Face à ces défis, la diaspora haïtienne de Springfield s’efforce de se préparer à un futur incertain, oscillant entre l’espoir d’un changement politique et la recherche active de solutions pour maintenir leur présence aux États-Unis.
Cet article est adapté d’un texte de Tatyana Tandanpolie que vous pouvez consulter en cliquant sur le lien Salon.