L’ancien parlementaire Edwin Daniel Zenny a exprimé de vives réserves quant à la gouvernance du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), dénonçant ce qu’il considère comme une expérience politique risquée pour l’avenir du pays.
Dans un contexte de crise sociopolitique persistante, l’arrivée du nouvel coordinateur du CPT, Fritz Alphonse Jean, issu de l’Accord Montana, suscite des interrogations. Il a pris la relève de Leslie Voltaire lors du transfert de pouvoir du 7 mars 2025, une transition qui s’inscrit dans le cadre d’un système de présidence tournante que l’ancien législateur juge “inefficace et source d’instabilité”.
Edwin Zenny remet en question la légitimité et la pertinence de cette rotation accélérée au sommet de l’État, estimant qu’un mandat présidentiel limité à six mois ne permet pas de mettre en place des réformes structurelles. Il critique également la concentration du pouvoir entre les mains d’un cercle restreint d’intellectuels, qu’il accuse “de monopoliser la scène politique sans apporter de véritables solutions aux problèmes du pays”.
Le dirigeant d’entreprise et responsable du Rassemblement des Patriotes Progressistes pour le Développement (RPPD) plaide pour une présidence collégiale où chaque membre du CPT exercerait ses fonctions sous la direction d’un coordinateur unique. Selon lui, un tel modèle aurait permis une meilleure stabilité institutionnelle et une gouvernance plus cohérente. Il estime par ailleurs que la gestion actuelle de l’État, marquée par une forte improvisation, aggrave la désorganisation politique et entrave le bon fonctionnement des institutions publiques.
Abordant les défis structurels du pays, Edwin Zenny souligne l’incapacité du gouvernement de transition à apporter des réponses concrètes aux crises sécuritaire, économique et institutionnelle. Il considère que la volatilité politique actuelle empêche toute mise en œuvre de politiques publiques efficaces et compromet l’avenir d’Haïti.
Sur la question des élections, il se montre particulièrement sceptique quant à la capacité du Conseil Électoral Provisoire (CEP) à organiser un scrutin dans le contexte actuel. Il estime qu’en raison du climat d’insécurité généralisé, toute tentative d’élection serait vouée à l’échec, plaidant ainsi pour l’établissement d’un Conseil Électoral Permanent capable d’assurer un cadre électoral stable et crédible.
Enfin, Edwin Zenny dénonce l’illusion d’une transition politique viable dans un pays où les conditions sécuritaires et institutionnelles ne sont pas réunies. Selon lui, envisager des élections sans résoudre la crise sécuritaire reviendrait à ignorer les réalités du terrain et à exposer le pays à une nouvelle impasse politique.