Tensions autour des politiques d’immigration : affrontement entre l’administration Trump et les villes sanctuaires du Massachusetts

Emmanuel Paul
Emmanuel Paul - Journalist/ Storyteller

La problématique de l’immigration reste un sujet de profonde division aux États-Unis, avec le Massachusetts au centre des débats.

D’une part, l’administration Trump, représentée par le responsable des services frontaliers, Tom Homan, fustige ouvertement la stratégie des villes sanctuaires et la résistance des autorités municipales à collaborer avec les services fédéraux d’immigration. D’autre part, deux municipalités du Massachusetts, Chelsea et Somerville, engagent des poursuites judiciaires contre les mesures fédérales qu’elles considèrent comme oppressives et anticonstitutionnelles.

Lors de son discours à la Conservative Political Action Conference (CPAC), Tom Homan s’est lancé dans une critique virulente de la politique menée par le commissaire de la police de Boston, Michael Cox. Il considère que la position des forces de l’ordre bostoniennes, qui refusent de participer aux opérations de détention des migrants avec les services d’immigration, représente une violation de la loi. Selon Boston 25, Homan a déclaré : “Je viens à Boston et j’apporte l’enfer avec moi”.

Homan a également reproché à Cox de politiser sa fonction, l’invitant à “rendre son badge” s’il persistait à ignorer les directives fédérales. Ces déclarations font suite aux décisions locales interdisant à la police de Boston d’exécuter les mandats d’ICE (Immigration and Customs Enforcement), conformément à son statut de ville sanctuaire.

Chelsea et Somerville intentent une action en justice contre l’administration Trump

Alors que l’administration Trump intensifie sa pression sur les villes sanctuaires, Chelsea et Somerville contre-attaquent en déposant une plainte fédérale pour contester les initiatives de Washington qu’elles considèrent comme discriminatoires et inconstitutionnelles.

La procédure judiciaire a été initiée par l’organisation Lawyers for Civil Rights représentant les deux villes. Elle conteste les menaces de retrait des subventions fédérales et les poursuites judiciaires envisagées contre les municipalités qui refusent d’utiliser leurs ressources pour des opérations d’expulsion massive.

“Nous ne pouvons pas tolérer une situation où nos résidents vivent dans la crainte de signaler des délits ou d’avoir des interactions avec les forces de l’ordre municipales”, a souligné Fidel Maltez, l’administrateur municipal de Chelsea, dans une déclaration transmise à Boston 25. Il a réitéré la détermination de sa municipalité à demeurer un havre sûr pour les immigrants, sans considération de leur statut juridique.

La maire de Somerville, Katjana Ballantyne, a elle aussi défendu fermement la position de sa ville, affirmant que “les tentatives d’intimidation envers les villes sanctuaires constituent une agression contre l’ensemble de notre société, nos droits locaux et étatiques, notre économie et notre Constitution”, comme le rapporte Boston 25.

Depuis sa réinstallation à la Maison-Blanche en janvier, Donald Trump a promulgué plusieurs ordonnances exécutives visant à suspendre les financements fédéraux des villes qui refusent de collaborer avec les services d’immigration. Son administration a également indiqué que ces municipalités pourraient faire face à des actions en justice et des pénalités économiques, notamment via le Département des Transports, qui envisage de réduire les subventions destinées aux infrastructures dans les villes sanctuaires.

L’action en justice intentée par Chelsea et Somerville sollicite une décision d’un tribunal fédéral sur l’inconstitutionnalité de ces dispositions et demande leur suspension. “Le président ne peut pas instrumentaliser les fonds fédéraux pour contraindre les gouvernements locaux à compromettre leur sécurité publique et leurs principes”, a déclaré Oren Sellstrom, directeur du contentieux à Lawyers for Civil Rights, selon Boston 25.

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