Dans une récente tribune, l’expert en immigration Nolan Rappaport présente une alternative cruciale pour les immigrants menacés d’expulsion des États-Unis : le départ volontaire. D’après son analyse, “les immigrants confrontés à une procédure d’expulsion qui anticipent un jugement défavorable peuvent potentiellement préserver leurs chances en optant pour un départ volontaire”.
Selon Rappaport, il existe une différence fondamentale entre ces deux options. “Bien que dans les deux cas, ils doivent quitter le territoire américain, le départ volontaire évite la stigmatisation d’une expulsion”, explique-t-il. Cette nuance est déterminante, car une expulsion implique une interdiction de retour aux États-Unis pour une période allant de 5 à 20 ans, contrainte absente dans le cas d’un départ volontaire où les personnes concernées peuvent retourner sous une autre administration plus clémente envers les immigrants.
L’administration Trump, qui s’est engagée à “renvoyer des millions de criminels vers leurs pays d’origine”, pourrait bénéficier de cette alternative.
Face à l’encombrement des tribunaux d’immigration, qui comptabilisent plus de 4 millions de dossiers en attente, l’expulsion systématique par voie judiciaire s’avère irréalisable. “Le départ volontaire ne peut alléger cette charge que s’il est validé lors d’une audience principale”, précise Rappaport, qui a particulièrement insisté sur ce qu’il perçoit comme un avantage majeur du départ volontaire. Selon lui, cet avantage réside dans l’évitement des restrictions légales d’entrée aux États-Unis. “Une expulsion, qu’elle soit accélérée ou suite à une procédure formelle initiée à un point d’entrée, entraînerait une interdiction de retourner sur le territoire américain pour au moins cinq ans”, souligne Nolan Rappaport, qui a occupé le poste d’expert juridique en immigration auprès du Comité judiciaire de la Chambre des représentants pendant trois années consécutives. Il avait également exercé pendant quatre ans comme conseiller en immigration pour la sous-commission sur l’immigration, la sécurité frontalière et les revendications.
De plus, à la différence d’une déportation forcée, le départ volontaire offre aux immigrants la possibilité de quitter le territoire selon leurs propres termes. Comme le souligne Rappaport, “ils disposent d’une période pouvant aller jusqu’à 60 jours pour organiser leur départ, gérer la vente de leurs biens, régler leurs affaires courantes et préparer leurs proches au départ”. En cas d’expulsion, les individus risquent une détention immédiate par l’ICE et un renvoi sans préavis.
Pour être admissible au départ volontaire, l’immigré doit reconnaître son statut irrégulier et manifester explicitement sa volonté de quitter le territoire américain. Toutefois, cette option n’est pas accessible aux personnes condamnées pour un “crime aggravé” ou considérées comme expulsables pour des motifs de sécurité nationale.
Le processus implique qu’un juge de l’immigration peut imposer le versement d’une caution minimale de 500 dollars pour garantir le départ effectif. Cette somme est remboursée dès que l’immigré fournit la preuve de son départ dans les délais impartis.
Néanmoins, cette alternative n’est accessible qu’aux personnes capables de financer leur voyage retour. Selon Rappaport, cette restriction pourrait être levée si Trump qualifiait l’engorgement des tribunaux d’immigration d’urgence nationale et autorisait la prise en charge des frais de transport pour les volontaires au départ.
D’après Rappaport, l’ancien président a déjà eu recours à une déclaration d’urgence nationale pour déployer des militaires et ériger une barrière à la frontière sud, suite à “quatre années d’immigration clandestine record”. Il suggère que l’administration Trump pourrait adopter une approche similaire pour désengorger les tribunaux en encourageant le départ volontaire.
En définitive, cette solution pourrait représenter une issue favorable tant pour les immigrés que pour l’exécution des objectifs gouvernementaux en matière d’immigration. Sa concrétisation dépendra toutefois des choix stratégiques de l’administration.
La stratégie proposée par Rappaport est déjà encouragée par l’administration Donald Trump, qui a d’ailleurs entrepris une campagne médiatique incitant les immigrants en situation irrégulière à quitter le pays volontairement.