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La transformation de la force multinationale de sécurité en mission onusienne va devoir encore attendre

Emmanuel Paul
Emmanuel Paul - Journalist/ Storyteller

Les États-Unis renoncent à une mission de maintien de la paix en Haïti en raison des pressions de la Russie et de la Chine, rapporte Reuters.

Une résolution doit être présentée ce lundi au Conseil de sécurité des Nations unies.

Initialement, Washington envisageait de transformer la mission de soutien à la sécurité en Haïti (MSS) en une opération formelle de maintien de la paix de l’ONU. Cependant, anticipant des vétos de la Russie et de la Chine, les États-Unis ont ajusté leur stratégie pour prolonger le mandat actuel de la MSS, une mission soutenue par des pays volontaires.

L’administration américaine a nié que ce changement soit une concession aux exigences de la Russie et de la Chine. Un haut fonctionnaire, sous couvert d’anonymat, a expliqué à Reuters que cette décision visait à répondre à l’appel récent du chef du Conseil de transition haïtien, Edgard Leblanc, qui soutient une mission de maintien de la paix. « Ce n’est pas que nous nous inclinons devant ceux qui n’ont peut-être pas à cœur les intérêts du peuple haïtien », a-t-il affirmé. Washington cherche à accompagner la demande haïtienne de manière stratégique.

La résolution soumise lundi au vote du Conseil propose de prolonger le mandat de la MSS jusqu’au 2 octobre 2025. La mission a été mise en place il y a un an pour aider Haïti à lutter contre l’insécurité croissante provoquée par les gangs armés. Des diplomates ont précisé que la Russie et la Chine s’opposaient à la transformation de cette mission en une opération de maintien de la paix. Reuters a révélé que les États-Unis ont ainsi retiré cette proposition de leur projet de résolution.

L’ambassadeur adjoint russe à l’ONU, Dmitry Polyanskiy, a souligné que la Russie souhaite donner plus de temps à la force de sécurité pour s’établir avant d’envisager son avenir : « Il est trop tôt pour tirer des conclusions sur la MSS », a-t-il déclaré.

Malgré le déploiement partiel des forces de sécurité, la situation en Haïti continue de se dégrader, ont averti plusieurs dirigeants haïtiens à l’Assemblée générale de l’ONU. Les gangs, armés en grande partie grâce aux armes en provenance des États-Unis, se sont unis et contrôlent désormais une grande partie de la capitale, étendant leur influence aux régions avoisinantes.

Edgard Leblanc, dans son discours jeudi à l’Assemblée générale, a affirmé que la transformation de la MSS en mission de maintien de la paix garantirait son succès, tout en évitant de répéter les erreurs du passé. « Je suis convaincu que ce changement de statut, tout en reconnaissant que les erreurs du passé ne peuvent être répétées, garantirait le plein succès de la mission en Haïti », a-t-il déclaré.

Les États-Unis ont réitéré leur soutien à Haïti dans cette démarche. Le secrétaire d’État américain Antony Blinken avait soulevé la question lors de sa récente visite en Haïti. Washington continue de travailler avec ses partenaires internationaux pour appuyer cette initiative, selon un responsable américain.

Cependant, la présence d’une mission armée de l’ONU reste controversée en Haïti, en raison des précédentes missions qui ont causé des dommages, notamment une épidémie de choléra et des scandales d’abus sexuels. La MSS actuelle, dirigée par le Kenya, est autorisée par l’ONU, mais n’est pas une mission officielle de maintien de la paix. Elle repose sur des contributions volontaires de pays tiers en termes de financement et de personnel.

À ce jour, les résultats sur le terrain sont limités, avec seulement 400 policiers kenyans déployés et un manque de financement pour répondre aux besoins urgents.

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a récemment exprimé des réserves sur l’efficacité d’une mission de maintien de la paix en Haïti, mettant en avant la crise humanitaire qui sévit dans le pays. Les violences des gangs ont entraîné le déplacement de plus de 700 000 personnes, et Haïti fait face à une famine généralisée ainsi qu’à des violences sexuelles de grande ampleur.

Article basé sur des informations fournies par Reuters.