Le gouvernement américain a commencé à transférer des immigrants sans papiers vers la base navale de Guantánamo Bay, à Cuba, une mesure qui a suscité la controverse et l’inquiétude des organisations de défense des droits de l’homme.
Selon le Miami Herald, les premiers vols transportant des migrants vers le centre ont eu lieu mardi, marquant un changement important dans les politiques de détention et d’expulsion.
La Maison-Blanche confirme les transferts de migrants
La Maison-Blanche a confirmé que les vols d’expulsion vers Guantánamo étaient désormais en cours. “Je peux confirmer que les premiers vols des États-Unis vers Guantánamo Bay avec des migrants illégaux sont en cours”, a déclaré Karoline Leavitt, porte-parole de la Maison-Blanche, lors d’une interview accordée à Fox Business Network, a rapporté le Miami Herald. Elle a également souligné que “Trump ne plaisante pas et qu’il ne permettra plus à l’Amérique d’être un dépotoir pour les criminels illégaux des nations du monde entier”.
Pour le premier vol, seulement 10 immigrants ont été transportés à la base navale de Guantánamo, a révélé CNN, cité par le Miami Herald. Toutes les personnes déportées ont un casier judiciaire, selon CNN.
Pour transporter ces 10 immigrants, le gouvernement a dépensé 28 500 dollars par heure en utilisant un avion militaire C-17, a révélé le Wall Street Journal, soulignant que les vols charters standard habituellement déployés par l’Immigration and Customs Enforcement (ICE) coûteraient une fraction de cette somme faramineuse.
Dans le cadre des mesures de répression de l’immigration prises par l’administration, le président Donald Trump a signé la semaine dernière un mémorandum ordonnant au ministère de la Sécurité intérieure et au ministère de la Défense d’augmenter la capacité de détention de Guantánamo qui devrait recevoir jusqu’à 30 000 migrants.
Le tsar des frontières de la Maison-Blanche, Tom Homan, a décrit cette décision comme une continuation des politiques existantes. “Nous allons simplement développer les centres pour migrants existants”, a-t-il déclaré à CNN, ajoutant que l’installation serait gérée par “notre centre pour migrants de Miami”, écrit le Miami Herald.
Vives critiques des organisations de défense des droits humains
La décision de détenir des migrants à Guantánamo a suscité des critiques de la part des défenseurs des droits de l’homme. Selon le Miami Herald, l’International Refugee Assistance Project (IRAP) a prévenu que cette expansion pourrait entraîner d’importantes violations des droits de l’homme. “Ces vols ouvrent la voie à des violations flagrantes des droits de l’homme, à des détentions illimitées et à des séparations massives de familles”, a déclaré Hannah Flamm, directrice intérimaire de la politique de l’IRAP (Miami Herald).
Un rapport publié par l’IRAP à l’automne dernier fait état de conditions déplorables dans l’installation, notamment d’allégations de soins de santé inadéquats et d’un traitement des détenus similaire à celui d’une prison. Plus de 100 organisations ont exhorté le gouvernement américain à cesser de détenir des demandeurs d’asile à Guantánamo, note le Miami Herald.
Le gouvernement cubain a fermement condamné cette mesure, estimant qu’elle exacerbe les tensions entre les deux pays. Dans une déclaration officielle, les autorités cubaines ont dénoncé cette politique comme “une démonstration de la brutalité… et de l’hostilité envers les pays d’origine”, rapporte le Miami Herald.
Historiquement, Guantánamo a hébergé des dizaines de milliers de migrants cubains et haïtiens lors des vagues de migration des années 1990. Cependant, le Miami Herald a souligné que le fait d’envoyer des détenus par avion directement depuis les États-Unis vers le centre de détention représente un développement nouveau et potentiellement controversé.
Avec les groupes de défense des droits civils, les organisations internationales et les gouvernements étrangers surveillant de près la situation, l’avenir du rôle de Guantánamo dans l’application des lois sur l’immigration aux États-Unis reste incertain.