fbpx

Haïti, c’est aussi risquer la vie des enfants en mer

CTN News

03 Haïtiens dont 14 enfants ont été rapatriés au Cap-Haïtien ce jeudi 23 juin 2022. Originaires pour la plupart du Nord-Ouest, ils ont été interceptés la veille au large de Cuba par les gardes-côtes américains.

Les autorités américaines viennent de rapatrier jeudi 73 hommes, 16 femmes et 14 enfants qui tentaient de gagner Miami. Ils ont embarqué depuis La Pointe des Palmistes, une localité de Port-de-Paix, dans le département du Nord-ouest mercredi 22 juin 2022, avant d’être interceptés, puis ramenés en Haïti le jour suivant.

Décidément, rien ne pourra empêcher à des haïtiens de risquer leur vie sur mer. Il est connu de tous, les voyages clandestins sont la plupart du temps soldés par le naufrage ou l’interception par les gardes-côtes des pays concernés.

Avec cet énième rapatriement, l’office national de la migration (ONM) au niveau du Cap-Haïien vient de recevoir 103 haïtiens, dont 14 enfants. L’inspecteur à l’Institut du Bien-être social et de Recherches, Bellegarde Charles présent sur les lieux à la réception de ces compatriotes, décourage les parents à risquer leur vie et celle des enfants en mer.

Ils sont âgés entre 2 à 16 ans, les enfants retrouvés parmi les personnes rapatriées. Un nombre assez important par rapport au dernier rapatriement d’haïtiens accueillis par l’ONM/Nord, le mois dernier.

Plusieurs de ces compatriotes repêchés à la mer par les gardes-côtes américains, avant d’arriver à Miami, ont déclaré qu’ils préfèrent risquer leur vie au lieu de rester en Haïti et périr. Le but est de chercher à tout prix le mieux être ailleurs. Visiblement, la situation est difficile pour les voyageurs et pour ceux-là censés les prendre en charge. À entendre l’agent de protection des mineurs dans le Nord.

Jonas (nom d’emprunt), l’une des personnes rapatriées interrogées par le correspondant de ZoomhaitiNews dans la région, Love Markendy Paul, a déclaré être conscient des risques encourus et des circonstances assez périlleuses du voyage clandestin. Conscient de l’ampleur du danger, il a dit préférer prendre ce risque que de rester en Haïti livré à lui même. Les conditions socio-économiques, politiques et diplomatiques aidant.

Pourquoi faut-il que des haïtiens choisissent de risquer leur vie et celle de leurs enfants dans des embarcations de fortune, au risque d’être appréhendé, et dans le pire des cas, de se noyer, se demande Bellegarde Charles. Au niveau local, les conditions ne sont pas réunies, et les moyens adéquats aux instances régionales pas assez disponibles pour y faire face, se plaint-il.

L’inspecteur à l’IBESR dans le Nord dénonce par ailleurs l’irresponsabilité de l’État en raison du fait que les instances départementales ne disposent pas de moyens afin d’empêcher que des haïtiens risquent leur vie en mer, encore et encore. Il faut plus de moyens afin d’empêcher cela, recommande l’agent public.

Plusieurs des compatriotes rapatriés risquent leur vie, en espérant arriver à destination. En cas d’échec, ils sont arrêtés et conduits au pays d’origine. Pour le cas d’Haïti, certains d’entre eux misent sur les frais de l’Office national pour la migration. Autrement dit, risquer la vie en mer pour recevoir après coup un peu d’argent devient un moyen de vivre, regrette cet agent de l’État. Qui pis est, quitte à mettre en danger la vie des enfants de deux ans et plus. Imaginer un enfant de deux ans sur une embarcation de fortune sur le point de faire naufrage!

you're currently offline