Haïti : Me André Michel étrille le bilan de Leslie Voltaire, incapable de sécuriser une seule route

Mederson Alcindor

Me André Michel, figure influente du Secteur Démocratique et Populaire (SDP) et signataire de l’Accord du 21 décembre, dresse un constat sévère sur la gestion du Conseil Présidentiel de Transition (CPT). Selon lui, cet organe, dirigé par Leslie Voltaire, a échoué dans sa mission de restaurer la sécurité et de redresser l’État.

En avril 2024, Leslie Voltaire promettait un retour à l’ordre. Pourtant, la situation n’a cessé de se détériorer : les rapports de l’ONU font état de plus de 5 600 assassinats et de plus d’un million de déplacés internes, preuve, selon Me Michel, de l’échec total du CPT.

L’avocat déplore l’incapacité du CPT à instaurer un Conseil national de sécurité, pourtant prévu par le décret du 12 avril 2024. Pendant ce temps, l’État perd du terrain face aux gangs, abandonnant des zones stratégiques comme le Champ de Mars, où le Palais national est devenu un « îlot en danger ».

Autre symbole du chaos : l’aéroport international de Port-au-Prince, désormais inutilisable pour les vols commerciaux en raison de l’insécurité. Me Michel évoque également des massacres de grande ampleur, notamment au Wharf Jérémie et à Kenscoff, plongeant la population dans un profond désarroi.

Sur le plan international, Me Michel critique vivement le voyage de Leslie Voltaire en Europe, qu’il considère comme une « mise en scène ridicule » sans impact concret sur la crise. Il dénonce une diplomatie désorganisée et des rencontres jugées inutiles, notamment avec Jean-Luc Mélenchon, alors qu’aucune avancée n’a été réalisée en matière de sécurité.

L’entretien de Voltaire avec France 24, où il évoque un « recours à Notre-Dame » pour résoudre la crise, illustre, selon Me Michel, l’improvisation et l’incompétence du dirigeant.

En matière de gestion financière, il accuse le CPT de corruption généralisée et de dilapidation des ressources publiques. Il cite en exemple les 3,5 millions de dollars dépensés pour la venue du président colombien Gustavo Petro et les 1,5 milliard de gourdes allouées aux festivités de fin d’année.

Pendant ce temps, aucun investissement significatif n’a été réalisé pour renforcer la police, malgré les discours sur un « budget de guerre » contre les gangs.

Pour Me André Michel, le mandat de Leslie Voltaire restera dans l’histoire comme une confiscation de l’État au profit d’une minorité, sans aucun progrès pour Haïti. Il rappelle que Port-au-Prince est désormais classée comme la « ville la plus dangereuse du monde », une situation inédite depuis des décennies.

Face à cette crise, il lance un appel ferme à la population et au gouvernement :

« Pas de dialogue avec les gangs ! Pas de négociation avec les gangs ! » Un message sans équivoque, alors que le pays sombre dans une instabilité toujours plus profonde.

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