Alors que les descentes de l’agence fédérale Immigration and Customs Enforcement (ICE) s’intensifient dans plusieurs grandes villes américaines, le président Donald Trump a défendu sans détour la stratégie de fermeté de son administration.
Dans un entretien accordé à l’émission 60 Minutes de CBS News, il a estimé que les agents « n’étaient pas allés assez loin » dans leurs interventions, rejetant les critiques visant leurs méthodes jugées brutales.
Depuis plusieurs semaines, les opérations de l’ICE se multiplient, notamment dans les « villes sanctuaires » comme Chicago, Boston ou San Francisco. Ces descentes, souvent menées à l’aube par des équipes masquées, visent à arrêter et expulser les personnes en situation irrégulière.
Interrogé sur des vidéos montrant des agents utilisant du gaz lacrymogène ou brisant les vitres de véhicules, le président Trump a refusé de condamner ces tactiques :
« Non. Je pense qu’ils n’ont pas été assez loin, parce que nous avons été freinés par des juges libéraux. »
Pour le président, ces méthodes sont justifiées : »Vous devez regarder qui sont ces gens. Beaucoup sont des meurtriers ou des criminels », a-t-il insisté, avant d’ajouter : »Vous êtes entré illégalement, vous allez sortir. »
La Maison-Blanche présente cette approche comme un retour à la rigueur légale, après des années de politiques jugées trop « permissives ». Selon le Département de la Sécurité intérieure (DHS), les agents de l’ICE procèdent désormais à plusieurs milliers d’arrestations par jour, notamment dans les États de l’Illinois, du Massachusetts et de la Californie.
Si le président affirme que ces raids ciblent les « pires criminels », les observations de terrain brossent un tableau différent. Des journalistes ont constaté que nombre de migrants arrêtés n’avaient aucun casier judiciaire. Parmi eux figurent des ouvriers, des travailleurs agricoles ou encore des employés de maison.
Face à cette contradiction, Trump a esquivé les questions, ironisant : »Des jardiniers qui sont des criminels, oui. »
Les réactions politiques n’ont pas tardé. Le gouverneur de Californie Gavin Newsom a accusé l’administration Trump d’utiliser les forces fédérales pour « alimenter la peur et la division », tandis que le gouverneur de l’Illinois JB Pritzker a dénoncé une « opération disproportionnée et inhumaine ».
Sur le terrain, les organisations d’aide aux migrants décrivent un climat de peur généralisée. Des familles se réfugient dans des églises ou évitent de sortir, et plusieurs écoles signalent une baisse de fréquentation parmi les enfants de parents immigrés.
Pour Amelia Dagen, du Amica Center for Immigrant Rights, ces descentes relèvent avant tout d’une stratégie politique : »Ce n’est pas une politique d’ordre public, c’est une stratégie de terreur. On vise des familles, pas des criminels dangereux. »
Du côté de la Maison-Blanche, les conseillers du président estiment que cette ligne dure sur l’immigration renforce sa crédibilité politique et mobilise sa base électorale. La question migratoire demeure l’un des sujets les plus polarisants du mandat de Donald Trump.
Alors que les arrestations se poursuivent à travers le pays, le président campe sur sa position. « Nous faisons respecter la loi, et nous le ferons sans excuses », a-t-il déclaré en conclusion de l’entretien, confirmant que la fermeté restera au cœur de sa politique migratoire.



