Dick Cheney, figure majeure de la politique américaine et vice-président sous George W. Bush de 2001 à 2009, est décédé lundi à l’âge de 84 ans. Des complications liées à une pneumonie, aggravées par des pathologies cardiaques et vasculaires chroniques, sont à l’origine de son décès, selon un communiqué de sa famille cité par le New York Times.
Reconnu pour avoir exercé une influence sans précédent depuis la vice-présidence, Cheney a marqué deux décennies de politique étrangère américaine, de la première guerre du Golfe en 1991 à la période post-11 septembre 2001.
Le parcours de Cheney dans les arcanes du pouvoir washingtonien s’est étendu sur plusieurs décennies. Élu pendant dix ans à la Chambre des représentants, il a occupé le poste de chef de cabinet à la Maison Blanche sous Gerald Ford avant de devenir secrétaire à la Défense (1989-1993) sous George H. W. Bush, supervisant la guerre du Golfe qui a expulsé les forces irakiennes du Koweït.
Sa nomination comme colistier de George W. Bush en 2000 marquait un tournant.
Contrairement à ses prédécesseurs, Cheney a transformé la vice-présidence en un poste d’influence directe sur la politique de sécurité nationale, les nominations judiciaires et les orientations budgétaires.
Les attentats du 11 septembre 2001 ont propulsé Cheney au centre de la réponse américaine. Tandis que le président Bush était évacué vers des sites sécurisés, c’est depuis un bunker de la Maison Blanche que le vice-président a coordonné l’alerte militaire et assuré la continuité gouvernementale.
Dans les mois suivants, il s’est fait le défenseur d’une expansion des prérogatives présidentielles, soutenant l’adoption du Patriot Act et le développement d’outils de surveillance controversés. Cheney justifiait cette approche par la nécessité de restaurer un pouvoir exécutif qu’il estimait affaibli depuis le Vietnam et le Watergate.
L’invasion de l’Irak : un legs controversé
Cheney restera indissociable de la décision d’envahir l’Irak en 2003.
Parmi les plus ardents défenseurs de cette intervention, il a avancé l’existence d’armes de destruction massive et de liens entre Saddam Hussein et Al-Qaida. Le conflit a duré près de neuf ans, coûté la vie à plus de 4 000 soldats américains et déstabilisé durablement la région.
L’absence de preuves corroborant ces allégations a alimenté une controverse persistante. Cheney n’a jamais exprimé de regrets, maintenant que le président avait « fait exactement ce qu’il fallait », selon le New York Times. En 2007, face à l’opposition du Congrès au renforcement des troupes, il avait déclaré : « Cela ne nous arrêtera pas », selon le New York Times. Cette détermination illustrait son approche sans concession de la politique étrangère.
Victime de cinq infarctus entre 1978 et 2010, Cheney a vécu avec un stimulateur cardiaque avant de recevoir une transplantation cardiaque en 2012. Malgré ces fragilités, il est resté actif politiquement après son départ de la Maison Blanche en 2009.
Sous l’administration Obama, il a vigoureusement défendu les techniques d’interrogatoire de la CIA, qu’il jugeait « absolument, totalement justifiées », rapporte le New York Times. En 2011, il a publié des mémoires avec sa fille Liz Cheney, revendiquant les décisions prises durant l’ère Bush.
En 2024, dans un geste surprenant, il a annoncé qu’il voterait pour Kamala Harris contre Donald Trump, qu’il considérait comme « inapte » et « dangereux pour la démocratie américaine », selon le New York Times. « Nous avons le devoir de placer le pays au-dessus du parti pour défendre notre Constitution », avait-il déclaré, selon le New York Times.
Un héritage polarisant
L’influence de Cheney s’est étendue bien au-delà de la politique étrangère. Il a participé aux nominations à la Cour suprême, soutenu d’importantes réductions fiscales et promu une interprétation extensive du pouvoir exécutif.
Pour ses partisans, il incarnait la fermeté et la continuité stratégique dans une période de crise nationale. Ses détracteurs lui reprochent d’avoir normalisé des pratiques contraires au droit international et déclenché une guerre aux conséquences géopolitiques durables.
Sa méthode de travail reflétait cette approche : peu d’apparitions médiatiques, des interventions ciblées, une préférence marquée pour les circuits décisionnels internes. Certains détracteurs l’ont surnommé « Darth Vader », une comparaison qu’il aurait tenté de dissiper en proposant de quitter le ticket républicain en 2004, proposition rejetée par le président Bush.
Né en 1941 à Lincoln (Nebraska) et élevé à Casper (Wyoming), Cheney a entamé sa carrière politique à Washington sous la tutelle de Donald Rumsfeld. Marié à Lynne Cheney, historienne, il laisse deux filles : Liz Cheney, ancienne élue du Wyoming devenue opposante déclarée à Donald Trump après l’assaut du Capitole du 6 janvier 2021, et Mary Cheney.
Jusqu’à ses derniers mois, malgré une santé déclinante, il continuait d’intervenir dans les débats sur la sécurité nationale, défendant une vision d’une Amérique garante d’un ordre international à protéger sans faiblir.
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Source: NYTimes



