Immigration: les Haïtiens de plus en plus rejetés par le gouvernement Canadien à la frontière Nord 

Emmanuel Paul
Par
Emmanuel Paul
Journalist/ Storyteller
Emmanuel Paul est un journaliste chevronné et un conteur accompli, animé par un engagement profond envers la vérité, la communauté et l’impact social. Il est le...
Credit: AP

 

1 411 immigrants haïtiens ont tenté de traverser la frontière nord en moins d’un mois pour chercher refuge au Canada dans un climat désormais hostile.

Un nombre record d’immigrants haïtiens quittent les États-Unis pour tenter leur chance au Canada, redoutant les nouvelles politiques migratoires du président Donald Trump.

Selon les chiffres communiqués par l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC), cités par le média conservateur New York Post, au moins 1 411 personnes ont tenté de franchir la frontière dans le nord de l’État de New York durant les deux premières semaines d’avril, une nette augmentation par rapport au mois de mars.

Cette vague migratoire est largement composée de familles haïtiennes qui espèrent pouvoir s’installer au Québec, la seule province francophone du Canada. Plusieurs d’entre elles se livrent volontairement aux autorités canadiennes dans l’espoir de déposer une demande d’asile. Mais d’autres contournent les postes officiels et tentent leur chance à travers des zones frontalières peu surveillées, a révélé New York Post. Mais l’accueil ne serait pas le même qu’il y a plusieurs années, durant le premier mandat de Donald Trump, lorsque le Canada avait ouvert sa frontière aux immigrants.

Contrairement à l’ambiance plus accueillante observée lors du premier mandat de Donald Trump, le gouvernement canadien adopte aujourd’hui une ligne beaucoup plus dure. Mark Carney, successeur de Justin Trudeau à la tête du gouvernement, l’a clairement exprimé lors d’un débat électoral à Montréal : « Il y a des limites. Nous devons rester humains, mais réalistes. Le Canada ne peut pas accueillir tout le monde », a informé New York Post, qui a révélé que plus de 1 130 demandeurs d’asile ont déjà été refoulés vers les États-Unis depuis le début de l’année — un niveau inédit depuis une décennie, selon les données de l’ASFC citées par New York Post. Le pays a par ailleurs renforcé ses moyens à la frontière et affirmé son intention d’accélérer les expulsions de migrants ne remplissant pas les critères d’admissibilité.

La peur d’une expulsion imminente s’est intensifiée depuis que Donald Trump a promis d’en finir avec le programme CHNV, instauré par l’administration Biden. Ce dispositif avait permis à plus d’un demi-million de migrants — notamment venus d’Haïti, du Venezuela, de Cuba et du Nicaragua — d’obtenir un statut temporaire aux États-Unis pour raisons humanitaires.

Les migrants haïtiens se heurtent également à un obstacle juridique de taille : l’Accord sur les pays tiers sûrs entre les États-Unis et le Canada. Il stipule qu’un demandeur d’asile doit faire sa demande dans le premier pays sûr où il arrive. Seules quelques exceptions existent, notamment pour les personnes ayant un membre proche de la famille déjà installé au Canada.

Pour les autres, le message est sans ambiguïté. Comme l’a confirmé l’ASFC : « Si une personne ne remplit pas les critères d’exception, elle sera retournée aux États-Unis. »

Les bénéficiaires du programme CHNV ne devraient pas s’inquiéter. Une juge fédérale du tribunal de première instance du Massachusetts avait, le 14 avril dernier, fait injonction à l’administration Trump de surseoir à sa décision de révoquer le statut légal des bénéficiaires du programme Biden. Le dossier du statut de protection temporaire (TPS) est également en cours de traitement devant un juge dans l’État de Californie, qui avait déjà statué en faveur des Vénézuéliens dans un dossier similaire.

Après l’élection de Joe Biden en 2020, beaucoup de personnes qui s’étaient précipitées vers le Canada avaient tenté de retourner aux États-Unis. Bon nombre d’entre elles ont été soit arrêtées, soit tuées en chemin en raison des conditions climatiques difficiles.

YouTube player
YouTube player

 

Partager cet article