Une année s’est écoulée depuis l’établissement du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), révélant un constat désastreux. Initialement créé comme une instance collective destinée à restaurer le pays et établir les fondements d’un retour à l’ordre constitutionnel, le CPT s’est plutôt enlisé dans le manque de transparence, les querelles internes et l’immobilisme.
Malversations, dissensions et défaillances sécuritaires
Les premiers mois ont donné le ton. Un scandale de malversation impliquant trois membres du CPT a éclaté, entachant durablement la légitimité de l’institution. Simultanément, les bandes armées ont significativement consolidé leur mainmise sur le territoire national, contrôlant maintenant une portion importante des départements de l’Ouest, de l’Artibonite et du Centre.
Port-au-Prince, métropole encerclée, se trouve désormais isolée du pays. Les axes routiers nationaux sont devenus des zones mortelles, et l’aéroport international Toussaint Louverture est quasiment paralysé, abandonné par les transporteurs aériens. L’angoisse et l’insécurité règnent dans la vie des habitants, tandis que les membres du CPT, l’administration et leurs sympathisants semblent vivre dans un univers distinct, préservés des violences subies par la population.
Des structures institutionnelles illusoires
Cette période transitoire a vu naître diverses entités, notamment le Conseil Électoral Provisoire et le Comité directeur de la conférence nationale, devant aboutir à une consultation constitutionnelle et l’organisation d’un scrutin. Ces organismes, loin d’incarner un renouveau espéré, peinent à être opérationnels et manifestent les mêmes défauts que le CPT : inertie, opacité et conflits internes.
Le CPT a désigné deux Premiers ministres en douze mois. Gary Conille, le premier nommé, a été démis suite aux désaccords avec les conseillers. Son remplaçant, Alix Didier Fils-Aimé, s’est rapidement retrouvé en confrontation directe avec le directeur général de la Police nationale, Rameau Normil. Cette rivalité a engendré des répercussions sécuritaires immédiates : la localité de Kenscoff est désormais sous l’emprise des groupes criminels, qui y perpètrent régulièrement des actes violents contre civils et forces de l’ordre.
La communauté internationale n’a pas honoré ses promesses. Les soutiens financiers annoncés ne se sont pas matérialisés, et la crainte d’une prise de contrôle par les gangs apparaît plus tangible que jamais. Entre-temps, les Haïtiens vivent dans une détresse absolue, délaissés par leurs représentants supposés.
Un an après son instauration, le parcours du Conseil Présidentiel de Transition se caractérise par des engagements non respectés, des choix inefficients et une détérioration sécuritaire sans précédent. De Leslie Voltaire à Régine Abraham, en passant par Emmanuel Vertilaire, Smith Augustin, Edgard Leblanc Fils, Fritz Alphonse Jean, Louis Gérald Gilles, Laurent St-Cyr et Frinel Joseph, les membres du CPT font face à une réalité implacable : leur transition semble avoir conduit non vers un renouveau démocratique, mais vers un effondrement national.