Haïti : plus de 50 000 déplacés, 76 morts et des villes paralysées par la violence dans le département du Centre

Mederson Alcindor

Plus de 51 000 personnes ont été déplacées et 76 autres tuées dans le département du Centre, en Haïti, à la suite d’une vague de violences survenue entre le 30 mars et le 15 avril 2025. Des groupes armés ont attaqué plusieurs villes, dont Mirebalais et Saut-d’Eau, semant la terreur parmi la population et détruisant des infrastructures essentielles, selon l’Agence humanitaire des Nations Unies (OCHA).

Les assauts ont notamment visé les commissariats de police et la prison de Mirebalais, provoquant l’évasion de plus de 500 détenus. Plusieurs habitations ont été incendiées, ainsi qu’une station-service. Le bilan humain et matériel est particulièrement lourd.

D’après la Direction générale de la protection civile (DGPC), les affrontements ont causé la mort de 76 personnes. L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) recense quant à elle 51 466 déplacés internes, soit plus de 10 000 ménages. La majorité d’entre eux demeurent toujours dans le département du Centre.

Les déplacés se concentrent essentiellement à Boucan Carré (24 %), Hinche (21 %), Lascahobas (17 %) et Savanette (11 %). Tandis que 76 % d’entre eux sont hébergés par des proches, près de 13 000 vivent dans des sites improvisés, dont 22 à Boucan Carré, où plus de 6 000 personnes sont installées dans des conditions extrêmement précaires.

Les autorités locales font état de signes alarmants de stress post-traumatique, en particulier chez les enfants, les femmes enceintes et les personnes en situation de handicap.

À Mirebalais et Saut-d’Eau, toutes les écoles sont fermées depuis les attaques. Par ailleurs, une trentaine d’établissements scolaires situés dans les communes environnantes ont été transformés en abris temporaires. Les services publics, en particulier les structures de santé, fonctionnent au ralenti, aggravant la vulnérabilité des populations.

La réponse humanitaire reste difficile à mettre en œuvre en raison de coupures d’électricité, de perturbations des télécommunications et de l’accès restreint aux services de transfert d’argent. Ces obstacles freinent considérablement l’acheminement de l’aide aux familles déplacées.

L’OCHA et ses partenaires redoutent une aggravation de la crise dans les prochaines semaines. Ils alertent sur les conséquences à long terme pour une génération déjà confrontée à la pauvreté, au déracinement et à l’instabilité. Les agences humanitaires appellent à une mobilisation urgente pour répondre aux besoins croissants de la population haïtienne.

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