Des députés républicains commencent à se distancer de la politique migratoire radicale de Trump

CTN News

Alors que le président Donald Trump poursuit la mise en œuvre d’une politique migratoire particulièrement stricte, plusieurs élus républicains, notamment ceux représentant des circonscriptions modérées ou comptant une forte population immigrée, commencent à exprimer leurs réserves quant à l’ampleur et aux effets de cette stratégie.

Si l’objectif de cibler les criminels notoires et les membres de gangs fait largement consensus au sein du Parti républicain, certains membres du Congrès dénoncent une approche qui, selon eux, va bien au-delà de cette priorité sécuritaire. Ils s’inquiètent de voir des familles établies de longue date et sans casier judiciaire visées par les opérations d’expulsion.

D’après le média Axios, la Maison-Blanche aurait donné pour instruction à l’agence ICE (Immigration and Customs Enforcement) d’arrêter jusqu’à 3 000 personnes par jour. Une intensification sans précédent qui pourrait entraîner une multiplication des descentes sur les lieux de travail — une tactique qui divise au sein même du camp républicain.

Mike Lawler, représentant républicain de New York, élu dans une circonscription remportée par la vice-présidente Kamala Harris et comptant de nombreux immigrants, notamment haïtiens, s’est dit opposé à “l’interdiction totale des voyages en provenance d’Haïti”, estimant que “la situation sur place est trop instable”.

De son côté, David Valadao, élu républicain de Californie, a exhorté l’administration Trump à faire preuve de discernement :

“Il faut donner la priorité à l’expulsion des criminels connus plutôt qu’à des gens travailleurs qui vivent paisiblement dans la Vallée depuis des années,” a-t-il déclaré à Axios.

Même tonalité chez Carlos Gimenez, représentant républicain de Floride, qui a fait part de ses préoccupations : “Je m’inquiète des expulsions visant des personnes qui vivent ici depuis longtemps. On parle d’emplois, de stabilité économique… Il faut trouver une autre solution pour ces cas-là.”

Tony Gonzales, républicain du Texas, a pour sa part déclaré sur CNN que les efforts devraient cibler “les étrangers en situation irrégulière ayant été condamnés”, et non les travailleurs agricoles.

Quant à Mario Diaz-Balart, également élu de Floride, il a mis en garde contre les conséquences humaines de certaines décisions : “Il y a des personnes avec des revendications légitimes. Si on les renvoie dans des régimes comme Cuba, le Nicaragua ou même potentiellement la Corée du Nord, on risque de les placer dans des situations inacceptables,” a-t-il affirmé à Axios.

D’autres membres du Congrès, issus de districts plus conservateurs, affichent quant à eux un soutien ferme à la ligne dure du président Trump.

Don Bacon, républicain du Nebraska et pourtant considéré comme modéré, a affirmé à Axios : “L’État de droit est important. Chaque cas est différent, mais j’ai confiance en l’ICE pour faire le travail dans les règles.”

Zach Nunn, représentant de l’Iowa, a indiqué que sa principale préoccupation concernait les Afghans ayant demandé un visa spécial d’immigration (SIV), mais a précisé qu’il avait “rencontré du succès pour les aider”. “Ceux qui viennent ici illégalement, c’est une autre histoire. ICE a un travail à faire.”

 Tom Barrett, républicain du Michigan, a insisté : “Je soutiens l’application des lois sur l’immigration. Je ne choisis pas lesquelles appliquer.”

La manière dont Donald Trump et son influent conseiller Stephen Miller interprètent ce “mandat migratoire” pourrait avoir des répercussions majeures sur les élections législatives de 2026. Si une partie de l’électorat conservateur applaudit ces mesures, d’autres voix au sein du Parti républicain craignent des conséquences sociales, économiques et électorales à long terme.

Tony Gonzales, sur CNN, a rappelé l’importance stratégique des élus hispaniques dans la majorité républicaine actuelle : “Nous, les membres de la conférence hispanique, sommes les artisans de cette majorité.”

La frange modérée du Parti républicain ne remet pas en cause le principe d’expulsion des criminels, mais s’inquiète des effets déstabilisateurs d’une politique de déportation massive sur l’économie, les familles installées de longue date et les réfugiés fuyant des régimes autoritaires.

Les prochaines semaines pourraient ainsi marquer un tournant stratégique majeur dans la campagne de Trump — ou ouvrir un débat de fond au sein même de son camp.

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