Un record de 1,3 million de déplacés internes face à l’escalade de la violence en Haiti

Mederson Alcindor

Haïti est plongée dans une crise humanitaire sans précédent.
L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a révélé cette semaine que 1,3 million de personnes ont été contraintes de fuir leur domicile en raison de la montée en flèche de la violence armée, principalement dans la capitale, Port-au-Prince.
Ce chiffre, en hausse de 24 % depuis décembre 2024, constitue le niveau le plus élevé de déplacés internes jamais enregistré dans le pays par l’OIM.

Derrière ce bilan alarmant, ce sont des centaines de milliers de familles qui vivent désormais dans une extrême précarité. « Derrière ces chiffres se cachent de nombreuses personnes dont les souffrances sont incommensurables : des enfants, des mères, des personnes âgées, dont beaucoup ont été forcées de fuir leur foyer à plusieurs reprises… et vivent désormais dans des conditions qui ne sont ni sûres ni durables », a déclaré Amy Pope, directrice générale de l’OIM.

La capitale haïtienne est au cœur de la tourmente. Selon les Nations Unies, 85 % de Port-au-Prince est aujourd’hui sous le contrôle de gangs armés. Ces groupes, souvent bien organisés et lourdement armés, seraient en grande partie issus de réseaux criminels opérant depuis les États-Unis. Cette domination des gangs rend la vie quotidienne quasi impossible pour des milliers de résidents et alimente un exode massif vers les provinces.

Dans le département du Centre, au nord de la capitale, l’arrivée massive de déplacés bouleverse l’équilibre local. Des villes comme Mirebalais et Saut-d’Eau ont vu leur population déplacée doubler, passant de 68 000 à plus de 147 000 personnes, selon les données de l’OIM. Ces villes, déjà fragiles en matière d’infrastructures et de services sociaux, peinent à faire face à cet afflux soudain.

Les déplacés internes vivent dans des conditions dramatiques. Entassés dans des abris de fortune — souvent des écoles désaffectées, des bâtiments inachevés ou des campements improvisés — beaucoup n’ont pas accès aux soins de santé, à l’éducation, ni même à l’eau potable. Les maladies, la faim et l’insécurité menacent leur survie au quotidien.

Cette crise humanitaire s’accompagne d’une détérioration alarmante de la situation des enfants. En février dernier, l’UNICEF alertait sur une recrudescence des violences sexuelles à l’encontre des mineurs.
L’extrême pauvreté pousse également de nombreux enfants à rejoindre les rangs des groupes armés, souvent sous la contrainte.

Selon l’agence onusienne, jusqu’à la moitié des membres de certains gangs seraient des mineurs.
Face à cette situation dramatique, les agences humanitaires appellent à une réaction rapide et coordonnée. La priorité est d’assurer la sécurité des civils, de fournir une assistance humanitaire d’urgence et de restaurer un minimum d’ordre et d’accès aux services essentiels.

L’OIM, l’UNICEF et d’autres organisations partenaires réclament un renforcement du soutien international, tant en ressources financières qu’en actions concrètes sur le terrain pour répondre à la crise.

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