Indianapolis : des dizaines de candidats privés du serment de citoyenneté après une directive de l’administration Trump

Emmanuel Paul
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Emmanuel Paul est un journaliste chevronné et un conteur accompli, animé par un engagement profond envers la vérité, la communauté et l’impact social. Il est le...

Après la ville de Boston c’est au tour de Indianapolis d’avoir à faire face à des annulations de cérénomie de naturalisation pour les immigrants issus d’Haiti et des 18 autres pays ciblés par l’administration Trump.

Une cérémonie de naturalisation organisée à l’ancienne gare Union Station d’Indianapolis a pris une tournure inattendue lorsque des responsables fédéraux ont empêché une partie importante des candidats d’accéder au statut de citoyen américain, malgré l’achèvement de toutes les étapes du processus légal. Sous la présidence de Donald Trump, l’administration a récemment renforcé les restrictions visant les ressortissants de plusieurs pays jugés « à haut risque » par Washington.

Selon les informations communiquées sur place, 38 des 100 candidats n’ont pas été autorisés à prêter serment, un geste final qui aurait dû faire d’eux des citoyens à part entière. L’ordre découle d’une directive transmise le 2 décembre 2025 par l’U.S. Citizenship and Immigration Services (USCIS), une mesure appliquée immédiatement, sans qu’elle n’ait été annoncée publiquement longtemps à l’avance.

Une mesure appliquée sans préavis clair

Zhibo Zhao, représentant de l’USCIS présent lors de la cérémonie, a confirmé que « les serments de 38 participants ont été annulés », un mot qu’il a répété plusieurs fois. Il affirme que les personnes concernées avaient été avisées deux semaines auparavant, bien que l’agence n’ait officiellement informé le public de la suspension de certaines naturalisations que le 2 décembre.

Interrogé sur ce que cette annulation implique pour les demandeurs, Zhao n’a pas pu préciser si ces immigrants risquaient désormais une expulsion. « C’est Washington qui décidera. Nous appliquons simplement les ordres de la chaîne de commandement », a-t-il déclaré. Il a ajouté : « J’ai servi dans l’armée. Au gouvernement fédéral, tout fonctionne comme dans l’armée : on suit les ordres, tout simplement. »

Au total, 62 personnes ont néanmoins été naturalisées lors de la cérémonie du 9 décembre.

Une directive liée à l’élargissement des restrictions migratoires

La décision de l’USCIS intervient alors que l’administration Trump a déjà imposé depuis juin des restrictions de voyage à 19 pays : Afghanistan, Burundi, Tchad, Cuba, Guinée équatoriale, Érythrée, Haïti, Iran, Laos, Libye, Myanmar, République du Congo, Sierra Leone, Somalie, Soudan, Togo, Turkménistan, Venezuela et Yémen.

La semaine précédant la cérémonie, l’agence fédérale a annoncé la suspension immédiate des demandes d’asile et de certains dossiers de citoyenneté concernant les ressortissants de ces pays.

Dans une interview accordée le 4 décembre à l’animatrice Laura Ingraham sur FOX News, la secrétaire à la Sécurité intérieure Kristi Noem a indiqué que les restrictions pourraient être étendues à « plus de 30 pays ». Un câble interne du département d’État, révélé par le Washington Post en juin, évoquait déjà un projet d’interdiction visant 36 pays.

Indignation locale et dénonciation d’une politique jugée discriminatoire

La réaction a été immédiate parmi les responsables locaux. Marion County Clerk Kate Sweeney Bell, qui assiste traditionnellement aux cérémonies pour enregistrer les nouveaux électeurs, a condamné fermement l’annulation de dernière minute.

Dans un communiqué, elle a souligné la détermination des candidats concernés :
« Ces futurs citoyens ont travaillé d’arrache-pied pour atteindre ce moment. Ils ont étudié notre histoire, appris nos lois et démontré leur engagement envers notre pays », a-t-elle rappelé.
Elle poursuit : « Ils sont arrivés entourés de leurs familles, fiers et enthousiastes, prêts à prêter serment — pour finalement voir leurs rêves brisés à la dernière minute par une politique raciste du gouvernement fédéral. »

Les familles présentes ont exprimé leur incompréhension, certaines affirmant n’avoir reçu qu’un message ambigu de l’USCIS sans indication claire sur les motifs ou la suite de leur dossier. Pour plusieurs d’entre eux, des années de procédure se retrouvent désormais suspendues dans une incertitude totale.

Un climat national de resserrement migratoire

Depuis le début de son nouveau mandat, le président Donald Trump a ordonné une série de révisions profondes des programmes migratoires, y compris la refonte de la procédure d’asile, un durcissement des critères de sécurité et une intensification du contrôle aux frontières. La suspension de naturalisations à Indianapolis s’inscrit dans cette stratégie plus large de restriction.

Les défenseurs des droits des immigrés estiment que cette nouvelle mesure aura un impact disproportionné sur des familles installées depuis longtemps aux États-Unis et ayant déjà satisfait toutes les exigences imposées par le gouvernement fédéral.

US flag and citizenship and immigration paperwork

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