Donald Trump insiste pour que les Sud-Africains blancs viennent aux États-Unis alors qu’il poursuit sa chasse aux immigrants noirs

Emmanuel Paul
Credit: Associated Press

 

Alors que les politiques migratoires de Donald Trump se durcissent envers les immigrants noirs, le président américain affiche un soutien appuyé aux Afrikaners, descendants de colons blancs en Afrique du Sud.

Selon Fox News, l’administration Trump a engagé des démarches pour accueillir certains d’entre eux aux États-Unis, considérés comme victimes de persécutions raciales.

Le 11 avril, Donald Trump a accusé, via son réseau Truth Social, le gouvernement sud-africain de “prendre les terres des fermiers blancs, puis de les tuer, eux et leurs familles”, rapporte Fox News Digital.

Cette déclaration s’inscrit dans une série de critiques adressées par le président à Pretoria, qu’il accuse de tolérer des violences ciblées à caractère racial. Des accusations que les dirigeants sud-africains ont toujours rejetées. Certains Afrikaners ont eux-mêmes démenti les allégations selon lesquelles ils seraient persécutés.

À ce jour, les Sud-Africains blancs détiennent la majorité des biens du pays, comparés à la grande majorité de la population sud-africaine.

Toujours selon Fox News, le département d’État américain a confirmé que l’ambassade des États-Unis à Pretoria avait entamé un processus d’examen des demandes d’Afrikaners souhaitant s’installer aux États-Unis dans le cadre d’un programme de réinstallation humanitaire — le même programme que l’administration Trump a déjà révoqué pour des citoyens de plusieurs pays dont la majorité sont noirs.

Bien que les chiffres exacts n’aient pas été communiqués, plus de 67 000 Sud-Africains auraient manifesté leur intérêt, selon la Chambre de commerce sud-africaine aux États-Unis.

Cette dynamique s’accompagne de visites régulières à Washington de groupes politiques sud-africains, notamment AfriForum, le Cape Independence Advocacy Group, ou encore le mouvement Orania, qui milite pour une autonomie complète des Afrikaners en Afrique du Sud.

À ce sujet, Joost Strydom, directeur général d’Orania, a déclaré à Fox News Digital : « Le fait que le président Donald Trump nous ait reconnus comme peuple, les Afrikaners, a donné une dimension particulière à notre tournée américaine. » Il a précisé que son mouvement ne cherche pas à devenir une diaspora exilée, mais plutôt à obtenir une reconnaissance politique de la part de Washington : « Nous voulons être autonomes en Afrique, pas nécessairement avec les dollars américains, mais avec un soutien à notre vision nationale. »

Créée en 1988, Orania est une enclave exclusivement composée d’Afrikaners dans la région du Karoo. Elle connaît une croissance rapide, avec des projets éducatifs, agricoles et économiques en plein essor. D’après Fox News, l’établissement aurait construit ses propres écoles, une université en projet, et développé une économie agricole florissante, le tout reposant sur une infrastructure indépendante. Ce qui fait que les Afrikaners n’ont pas un besoin économique pressant d’immigrer aux États-Unis.

Cette volonté d’autonomisation s’accompagne d’une rhétorique identitaire forte. Toujours selon Fox News Digital, Hanli Pieters, professeure dans le collège d’Orania, a déclaré : « Orania offre ce que peu d’endroits peuvent offrir : un avenir sûr et porteur de sens pour les Afrikaners. Ici, je vis, je prie sans peur et je parle l’afrikaans comme la langue vivante de mon quotidien. »

Alors que Trump soutient ces initiatives et facilite leur visibilité politique, les critiques fusent, notamment sur les contradictions avec sa politique migratoire. Le président sud-africain Cyril Ramaphosa n’a pas encore officiellement réagi, mais Vincent Magwenya, porte-parole de la présidence, a rappelé que « ces groupes ne représentent pas la majorité des Sud-Africains », selon des propos rapportés par Fox News le 20 mars.

Le département d’État a affirmé que, sur ordre présidentiel, des efforts sont déployés pour apporter une “aide humanitaire” aux Afrikaners “victimes de discriminations raciales injustes”, une mesure justifiée par l’Executive Order 14204, toujours selon Fox News Digital.

Cette démarche du leader MAGA s’inscrit dans une politique globale visant à « blanchir » les États-Unis, alors que des études ont montré que dans moins d’une vingtaine d’années, les Blancs deviendront minoritaires par rapport à l’ensemble des groupes minoritaires combinés.

Depuis son premier mandat, Donald Trump s’était engagé dans cette démarche de blanchissement des États-Unis. Il avait invité les citoyens de certains pays d’Europe à venir aux États-Unis, alors qu’il s’engage actuellement dans une course à la déportation des immigrants issus des pays des Caraïbes, d’Amérique latine et de certains pays d’Afrique.

 

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