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“Avant de decider de circuler en Haiti rédigez [votre] testament”, averti le département d’Etat américain

Emmanuel Paul
Emmanuel Paul - Journalist/ Storyteller

Le Département d’Etat américain décrète alerte rouge sur Haïti et appelle les Américains à laisser le pays au plus vite.

Dans une note d’avertissement publiée sur son site internet dont une copie a été envoyée à la rédaction de CaribbeantelevisionNetwork, le département d’Etat américain lance un appel pressant et sans équivoque aux citoyens américains ayant l’intention de voyager en Haïti. “Ne voyagez pas en Haïti.”, avertit le ministère américain des affaires étrangères.

Une décision adoptée “en raison des enlèvements, de la criminalité, des troubles civils et de l’insuffisance de l’infrastructure de soins de santé.”, peut-on lire dans la note.

Pour ceux qui se trouvent actuellement en Haïti, le gouvernement américain est on ne peut plus clair.

“Les citoyens américains en Haïti devraient envisager de quitter Haïti dès maintenant par des moyens de transport commerciaux ou autres disponibles en privé, compte tenu de la situation de sécurité actuelle et des défis en matière d’infrastructure.”, a indiqué le département d’Etat qui a également invité ses ressortissant à la vigilance en se renseignant à travers les médias locaux avant de quitter leur résidence. “Les citoyens américains souhaitant quitter Port-au-Prince devraient surveiller les nouvelles locales et le faire uniquement lorsqu’ils sont considérés comme en sécurité. ”

Le département d’Etat adopte cette mesure exceptionnelle au moment où les yeux sont rivés sur l’administration américaine en vue de faciliter une issue à la crise. Un vœu pieux compte tenu de l’incapacité de Washington à faire entendre la raison aux différents acteurs politiques impliqués dans la crise.

Dans son communiqué transmis à CaribbeanTelevisionNetwork, le département d’Etat dit constater que beaucoup de citoyens américains sont parmi les victimes des actes de violence en Haïti.

” Les enlèvements sont monnaie courante, et les victimes incluent régulièrement des citoyens américains. Les crimes violents tels que les vols à main armée, les car-jackings (vol de voiture s’accompagnant de menace sur le conducteur NDRL) et les enlèvements contre rançon, y compris des citoyens américains, sont courants.”

Pour ceux qui en dépit de cet avertissement souhaitent absolument prendre le risque, le gouvernement américain les invite à faire leur testament et prendre les mesure suivantes avant de voyager en Haïti:

« Avant de vous rendre dans une zone à haut risque après avoir soigneusement réfléchi, si vous décidez de vous rendre dans des zones à haut risque, nous vous encourageons vivement à inscrire votre voyage dans le programme Smart Traveler Enrollment Program (STEP) du Département d’État et à rédiger un testament et désigner les bénéficiaires appropriés de votre assurance ainsi qu’une procuration. », indique l’alerte.

Il est également conseillé aux Américains qui pensent à voyager en Haïti d’ « établir un plan de sécurité personnel en coordination avec votre employeur ou votre organisation hôte, ou envisager de consulter une organisation de sécurité professionnelle ; d’élaborer un plan de communication avec votre famille, votre employeur et votre organisation hôte pour surveiller votre sécurité et votre localisation ; de spécifier un point de contact clé que vous contacteriez en premier en cas d’urgence, de planifiez comment cette personne devrait partager l’information avec le groupe, et d’identifier les principales sources d’assistance pour vous et votre famille en cas d’urgence, telles que l’ambassade ou le consulat américain local, le FBI, le Bureau des services aux citoyens américains du Département d’État, votre employeur (si vous voyagez pour affaires) et les amis et la famille locaux dans la zone à haut risque.

Ils sont également invités à apprendre à utiliser leur téléphone ou d’autres appareils intelligents pour partager leur emplacement avec leurs amis et leur famille pendant qu’ils sont à l’étranger.

Le Département d’Etat demande également aux éventuels voyageurs d’« effacez les informations sensibles telles que les photos, les commentaires ou autres documents de vos pages de médias sociaux, appareils photo, ordinateurs portables et autres appareils électroniques qui pourraient être considérés comme controversés ou provocateurs par des groupes locaux ; de laisser derrière eux leurs biens coûteux ou sentimentaux »

Le ministère américain des affaires étrangères a également quelques consignes pour ceux qui pourraient être objet d’enlèvement:

Planifiez dès maintenant en cas de kidnapping

Établissez un protocole de preuve de vie avec vos proches, de sorte que s’ils sont pris en otage, ils sauront quelles questions (et réponses) poser aux preneurs d’otages pour s’assurer que vous êtes en vie (et éliminer un canular) ; Laissez des échantillons d’ADN à votre fournisseur médical au cas où votre famille aurait besoin d’y avoir accès ; Discutez d’un plan avec vos proches concernant la garde des enfants, des animaux de compagnie, des biens, des affaires, des actifs non liquides (collections, œuvres d’art, etc.), des souhaits funéraires, etc.

Partagez des informations importantes telles que des documents, des informations de connexion et des points de contact avec vos proches afin qu’ils puissent gérer vos affaires si vous êtes dans l’incapacité de revenir aux États-Unis comme prévu.

Pour ceux qui souhaitent se renseigner davantage, ils peuvent contacter l’ambassade des Etats-Unis en Haïti en appelant les numéros suivants: +(509) 2229-8000 / 2229-8900

Numéro d’urgence après les heures de bureau : +(509) 2229-8000:

Fax : +(509) 2229-8027

Email : acspap@state.gov

Lors d’une interview avec CaribbeanTelevisionNetwork, l’ancien envoyé spécial des Etats-Unis en Haïti Daniel Foote avait pointé du doigt les responsabilités historiques des Etats-Unis dans la déstabilisation d’Haïti. Il avait notamment dénoncé les ingérences flagrantes de l’Oncle Sam qui choisit souvent les dirigeants haïtiens à la place du peuple haïtien.

Daniel Foote n’est pas le seul ancien officiel américain à dénoncer la responsabilité de la République étoilée dans les maux d’Haïti.

Dans une interview au journaliste de Slate et MSNBC Jason Johnson, l’ancien ambassadeur américain en Afrique du Sud avait insisté sur l’implication profonde des Etats-Unis dans le malheur d’Haïti.

Il est important de rappeler que Ariel Henry a été installé à la primature à la suite d’un tweet de l’ambassadrice américaine d’alors en Haïti, Michel J. Sison, ignorant les propositions de plusieurs secteurs vitaux qui avaient proposé une sortie de crise.

Note : Les citations proviennent de la note du Département d’État, qui a été traduite en français. Il peut y avoir de légères différences par rapport au texte original. Nous vous encourageons vivement à lire la note originale en cliquant sur le lien ci-dessous.