Port-au-Prince surpasse la cité mexicaine Colima pour devenir la ville la plus dangereuse du monde en 2024

Mederson Alcindor

La métropole haïtienne, Port-au-Prince, est maintenant reconnue comme la cité la plus violente de la planète en 2024.

Selon l’évaluation annuelle du Conseil citoyen pour la sécurité publique et la justice pénale, dévoilée le mercredi 19 février, la ville affiche un taux inquiétant de 139,3 meurtres pour 100 000 résidents. Cette statistique montre une hausse notable comparée à 2023 (117 meurtres pour 100 000 résidents) et une flambée de violence depuis 2022 (55 meurtres pour 100 000 résidents).

Port-au-Prince est actuellement dominée par des bandes criminelles, qui dirigent 85 % de la zone urbaine. L’élimination du président Jovenel Moïse en 2021 a créé un vacuum politique et administratif, permettant aux groupes armés d’étendre leur influence. Dans ce contexte, les autorités policières, mal équipées et en sous-effectif, se révèlent inefficaces face à la montée de la criminalité.

La population vit dans une atmosphère d’angoisse constante, confrontée à des rapts, des exécutions et des vols perpétrés par ces gangs. Les équipements urbains se dégradent, les services gouvernementaux sont pratiquement absents et l’économie nationale s’effondre. La brutalité, la précarité alimentaire et une urgence humanitaire grandissante marquent la vie quotidienne des Haïtiens.

Si Haïti est sévèrement affectée, d’autres agglomérations américaines apparaissent aussi parmi les plus périlleuses. Colima, au Mexique, qui dominait le classement en 2023, descend au second rang. La localité voisine de Manzanillo occupe la quatrième place, démontrant l’effet durable des conflits entre cartels. Le Mexique compte 20 des 50 villes les plus violentes du monde, dont 7 dans le top 10.

Contrairement au Mexique, où l’État maintient une présence malgré la corruption et les luttes entre cartels, Haïti se trouve dans une situation sans issue. L’inexistence d’un gouvernement efficace et l’effondrement des institutions rendent tout progrès complexe, voire impossible, sans une assistance externe significative.

Tandis que Port-au-Prince détient ce sombre record, le destin du pays paraît plus incertain que jamais. Les Haïtiens luttent pour subsister dans un environnement de peur perpétuelle, pendant que la communauté mondiale cherche des réponses efficaces. Sans un engagement résolu des autorités locales et un soutien substantiel des organisations internationales, Haïti risque de s’enfoncer davantage dans le désordre et la misère.

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