fbpx

Un nouveau TPS pour Haïti et d’autres pays? Le dernier acte de l’administration Biden qui pourrait atténuer la peur de près de 900 000 immigrants

Emmanuel Paul
Emmanuel Paul - Journalist/ Storyteller

Le statut de protection temporaire (TPS), un programme qui protège plus de 860 000 immigrants de l’expulsion, est de nouveau menacé par le second mandat du président élu Donald Trump.

Connue pour ses politiques d’immigration très dures, l’administration Trump pourrait tenter de révoquer les protections du TPS ou de les laisser expirer. Une telle décision ne bouleverserait pas seulement des vies, mais remodèlerait également les communautés d’immigrants et nuirait aux économies locales.

Le TPS, une bouée de sauvetage pour les ressortissants de 16 pays confrontés à des crises extraordinaires, a été considérablement élargi sous la présidence de Joe Biden. Cependant, l’administration Trump a déjà tenté de mettre fin au TPS pour plusieurs pays, arguant que les conditions s’étaient améliorées. Bien que les batailles juridiques aient retardé ces plans, les changements politiques imminents signalent une nouvelle incertitude pour les détenteurs de TPS.

Bien que les menaces restent importantes, le président actuel pourrait apaiser les craintes de près de 900 000 détenteurs de TPS en désignant un nouveau statut de protection temporaire pour 18 mois supplémentaires.

De nombreux groupes de défense des immigrés font pression sur l’administration Biden pour qu’elle prenne une telle décision, qui offrirait un certain niveau de protection aux détenteurs de TPS si l’administration Trump décidait de mettre fin ou de ne pas renouveler le TPS pour les 16 pays.

Selon des sources crédibles, des discussions sont en cours à la Maison-Blanche de M. Biden pour analyser cette possibilité, comme l’ont rapporté plusieurs organes de presse américains.

Si le président Biden décide de renouveler ou d’étendre le TPS pour 18 mois supplémentaires à compter du 1er janvier 2025, les détenteurs du TPS bénéficieront d’une protection juridique jusqu’en juillet 2026, soit six mois supplémentaires de couverture et un nouveau TPS pour les immigrants arrivant aux États-Unis après le 1er juillet 2024. Le TPS actuel doit expirer en février 2026.

Qu’est-ce que le statut de protection temporaire ?
Le statut temporaire de protection (TPS) a été créé en 1990 dans le cadre de la loi sur l’immigration. Il permet au secrétaire à la sécurité intérieure de désigner des pays à protéger lorsque des circonstances extraordinaires telles que des conflits armés, des catastrophes naturelles ou des épidémies rendent le retour de leurs citoyens dangereux. Le TPS accorde aux bénéficiaires un statut légal temporaire leur permettant de vivre et de travailler aux États-Unis.

Le TPS est unique, car il n’offre pas de voie d’accès à la résidence permanente ou à la citoyenneté. Sa nature temporaire rend les bénéficiaires vulnérables aux changements de politique, comme on l’a vu avec les tentatives de Trump d’y mettre fin au cours de son premier mandat.

Haïti a reçu la désignation TPS en 2010 à la suite d’un tremblement de terre catastrophique qui a dévasté l’infrastructure et l’économie du pays. Il s’agit de l’une des plus importantes désignations de TPS en raison de l’ampleur de la catastrophe et des crises qui ont suivi, notamment l’instabilité politique et les épidémies de choléra.

D’autres pays ont bénéficié du TPS pour diverses raisons :

Honduras (1999) : L’ouragan Mitch a causé des destructions massives, déplacé des familles et paralysé l’économie.

El Salvador (1990) : Une guerre civile de 12 ans a entraîné des déplacements massifs et des violences, ce qui a incité les États-Unis à accorder une protection temporaire aux Salvadoriens.

Venezuela (2021) : Les troubles politiques et l’effondrement économique sous le régime de Maduro ont forcé des millions de personnes à fuir.

Chaque désignation de TPS souligne la mission humanitaire du programme, mais aussi la nature temporaire et précaire de ses protections.

Cadre juridique de l’octroi du TPS

Les désignations de TPS sont autorisées par la loi fédérale, en particulier la loi sur l’immigration de 1990. Le ministère de la sécurité intérieure (DHS) évalue la situation du pays pour déterminer son éligibilité et sa durée, des prolongations étant généralement accordées tous les 18 mois.

Ce cadre juridique confère un pouvoir discrétionnaire important au secrétaire du DHS. Bien que le Congrès ait conçu le TPS pour répondre rapidement aux crises humanitaires, l’absence de protections permanentes laisse les bénéficiaires à la merci des changements d’administration.

Contributions des titulaires de TPS

Les titulaires de TPS font partie intégrante de l’économie et de la société américaines. Selon un rapport publié en 2020 par Cecilia Menjívar, professeur de sociologie à l’UCLA :

88 % des titulaires de TPS interrogés avaient un emploi.

Environ un tiers d’entre eux étaient propriétaires d’un logement, ce qui témoigne d’une stabilité financière et d’un investissement dans leur communauté.

Deux tiers des titulaires de TPS avaient des enfants nés aux États-Unis, ce qui souligne les liens familiaux qu’ils ont établis.

Les bénéficiaires du TPS travaillent dans des secteurs tels que l’hôtellerie, la construction, les transports et les services personnels, qui font largement appel à la main-d’œuvre immigrée. Nombre d’entre eux contribuent également à leur communauté locale par leur engagement civique, notamment au sein de groupes religieux, d’initiatives de quartier et d’organisations scolaires.

En outre, les détenteurs de TPS envoient des milliards de dollars à leurs familles à l’étranger, soutenant ainsi les besoins de base et le développement des communautés dans leur pays d’origine.

La position de Trump sur les TPS

Au cours de son premier mandat, M. Trump a cherché à mettre fin au TPS pour plus de 400 000 immigrants originaires de pays tels que Haïti, le Honduras et le Salvador. Son administration a fait valoir que les conditions dans ces pays s’étaient améliorées, ce qui permettait à leurs citoyens de rentrer chez eux en toute sécurité.

Toutefois, les critiques ont accusé M. Trump de préjugés raciaux, soulignant ses commentaires désobligeants sur les immigrés d’Haïti et d’autres pays. Les défenseurs des droits de l’homme ont affirmé que l’administration avait ignoré les preuves de l’instabilité et de la violence persistantes dans ces régions.

Un procès intenté en 2018 a bloqué temporairement les licenciements, alléguant que l’administration n’avait pas suivi les procédures appropriées et violé les lois antidiscriminatoires. Bien que le président Biden ait par la suite rétabli le TPS pour les pays concernés, les batailles juridiques ne sont toujours pas résolues et pourraient refaire surface sous le second mandat de M. Trump.

Impact de la fin du TPS

Si les protections du TPS sont révoquées, les conséquences seront considérables :

1. Séparations de familles : De nombreux détenteurs de TPS ont des enfants nés aux États-Unis qui seraient confrontés au choix difficile de rester aux États-Unis ou d’accompagner leurs parents dans des pays qu’ils n’ont jamais connus.

2. Perturbations économiques : Les secteurs qui dépendent de la main-d’œuvre des TPS, tels que la construction et l’hôtellerie, seraient confrontés à des pénuries de main-d’œuvre, ce qui pourrait entraîner une hausse des coûts et un ralentissement de la croissance.

3. Désintégration de la communauté : Les titulaires de TPS sont profondément intégrés dans leurs communautés locales. Les forcer à partir aurait des répercussions sur les écoles, les quartiers et les économies locales.

4. Impact mondial : La suppression du TPS réduirait les envois de fonds aux familles vulnérables à l’étranger, ce qui aggraverait la pauvreté et l’instabilité dans ces pays.

Cecilia Menjívar souligne : « Il ne s’agit pas d’une population qui peut être déracinée si facilement. Il sera très difficile pour le reste de la communauté de les récupérer et de les renvoyer chez eux ».

Contestations juridiques et action du Congrès

Bien que M. Trump ait le pouvoir de mettre fin au TPS, de telles actions sont susceptibles de se heurter à des obstacles juridiques. Les défenseurs des droits de l’homme pourraient faire valoir que la résiliation est motivée par des considérations raciales ou des vices de procédure, comme ils l’ont fait au cours de son premier mandat.

L’autre moyen de mettre fin au TPS serait que le Congrès prenne des mesures pour abroger le programme. Toutefois, compte tenu de l’impasse politique actuelle et de la faible majorité républicaine, cette voie semble peu probable.

Conseils aux détenteurs de TPS

Si les protections du TPS sont révoquées, les bénéficiaires devraient :

1. Consulter des experts juridiques : Les avocats spécialisés dans l’immigration peuvent aider à explorer d’autres formes d’aide, telles que l’asile ou les visas parrainés par la famille.

2. Plaider en faveur d’une législation : S’engager avec les organisations communautaires et les législateurs pour faire pression en faveur d’options de résidence permanente pour les détenteurs de TPS à long terme.

3. Documenter les contributions : Souligner leurs contributions économiques et sociales pour renforcer les efforts de plaidoyer.

Répondre aux questions clés

1. Comment les titulaires de TPS peuvent-ils devenir sans-papiers ?

Les titulaires de TPS deviennent des sans-papiers si le secrétaire du DHS décide de ne pas renouveler leur statut ou de le révoquer prématurément. Ce changement de politique les priverait de toute protection juridique et les rendrait vulnérables à l’expulsion.

2. Qu’est-ce que le TPS ?

Le TPS est un programme humanitaire temporaire qui permet aux ressortissants de certains pays de vivre et de travailler aux États-Unis lorsque leur retour dans leur pays d’origine n’est pas sûr.

3. Quand le TPS a-t-il été accordé pour la première fois à Haïti et à d’autres pays ?

Haïti : 2010 (tremblement de terre)

Honduras : 1999 (ouragan Mitch)

Salvador : 1990 (guerre civile)

Venezuela : 2021 (effondrement politique et économique) et plusieurs autres pays

4. Comment le TPS a-t-il été accordé ?

Le TPS est autorisé par la loi fédérale en vertu de la loi sur l’immigration de 1990, qui donne au DHS le pouvoir de désigner les pays à protéger.

5. Quelles sont les batailles juridiques en cours ?

Les procès intentés pendant le premier mandat de M. Trump ont fait valoir que ses tentatives de mettre fin au TPS étaient motivées par des considérations raciales et qu’elles étaient entachées d’un vice de procédure. Bien que certaines décisions aient temporairement bloqué les résiliations, ces questions juridiques ne sont toujours pas résolues et pourraient resurgir.

6. Combien de personnes détiennent le TPS et quelles sont leurs contributions ?

Plus de 860 000 personnes sont titulaires d’un TPS. Elles contribuent de manière significative à des secteurs tels que l’hôtellerie et la construction, possèdent des maisons et envoient des fonds à l’étranger. Leur taux d’activité est l’un des plus élevés de tous les groupes démographiques.

7. Que doivent faire les titulaires de TPS si les protections sont supprimées ?

Les détenteurs de TPS doivent demander un conseil juridique, plaider en faveur de solutions législatives et documenter leurs contributions afin d’étayer leur dossier pour rester aux États-Unis.

L’article original de Nicole Narea est disponible sur Vox. Cette analyse souligne le besoin urgent de continuer à défendre et à soutenir les détenteurs de TPS alors que leur avenir est en jeu.

Par Emmanuel Paul, d’après un article publié par Nicole Narea sur Vox. L’article de Vox peut être lu en cliquant sur le lien ci-dessous.

https://www.vox.com/policy/388685/tps-trump-haiti-venezuela-el-salvador-deportation