La rhétorique de l’administration Trump concernant sa politique migratoire commence à porter ses fruits pour l’équipe MAGA.
Beaucoup de personnes auraient décidé de retourner en Haïti, selon ce qu’a rapporté CBS News.
Une équipe du média américain ayant effectué une visite en Haïti après la décision du gouvernement fédéral d’annuler le TPS pour les Haïtiens à partir du 2 septembre affirme avoir constaté que deux vols au départ de Miami à destination d’Haïti étaient déjà complets au moment de la publication de leur reportage spécial au Cap-Haïtien.
Plusieurs autres médias ont également signalé une augmentation des vols à destination d’Haïti ces derniers temps.
L’administration Trump a lancé une campagne massive de propagande demandant aux immigrants en situation irrégulière de se déporter eux-mêmes s’ils souhaitent avoir la possibilité de retourner un jour aux États-Unis. Beaucoup d’immigrants auraient estimé que le jeu n’en valait pas la chandelle. Ils ont donc décidé de retourner en Haïti, qui fait face à une situation politique et sécuritaire sans précédent.
Une équipe du géant médiatique américain CBS avait effectué une visite en Haïti après l’annonce, jeudi, du Département américain de la Sécurité intérieure (DHS) concernant la fin du Statut de protection temporaire (TPS) pour les Haïtiens. Une décision qui a provoqué des réactions alarmantes non seulement dans la diaspora, mais aussi sur le terrain, en Haïti, a rapporté CBS.
Dans un reportage publié par CBS Miami, la journaliste Tania Francois rapporte que l’annonce du DHS s’est rapidement répandue vendredi, plongeant les rues du Cap dans une ambiance tendue et résignée.
Au Cap-Haïtien, les habitants redoutent déjà une crise humanitaire aggravée. La ville, déjà submergée par l’arrivée de milliers de déplacés internes fuyant la violence des gangs à Port-au-Prince, se prépare à recevoir, malgré elle, une nouvelle vague de retours forcés depuis les États-Unis.
Parmi les témoignages recueillis sur place, celui de Virme Wilmond résume une angoisse partagée :
“On est déjà en train de gérer la situation avec les gangs et l’aspect humanitaire. Tous ces gens ont besoin de nourriture. On n’a pas de soins médicaux. Comment on va faire pour recevoir tous ces gens ? C’est un vrai problème, je vous le dis”, a-t-il confié à une équipe de CBS ayant visité la deuxième ville du pays.
Plusieurs habitants dénoncent le manque total de préparation des autorités locales, l’état déplorable des services publics et l’absence de tout plan d’accueil ou de soutien.
Robin Nash, une Haïtienne résidant à Los Angeles et de passage au Cap-Haïtien, a elle aussi confié à CBS Miami son désarroi devant la dégradation du centre-ville :
“Il y a déjà une crise du logement ici, et si vous allez dans le centre, il n’y a que des déchets. On dirait le pire ghetto que vous puissiez imaginer”, a-t-elle déclaré. Elle affirme n’avoir vu aucune amélioration depuis sa dernière visite.
Du côté américain, la secrétaire du DHS Kristi Noem a justifié la fin du TPS en affirmant que les conditions en Haïti se sont améliorées et que prolonger les protections serait contraire à l’intérêt national des États-Unis.
Mais pour les Haïtiens interrogés par Tania Francois, cette lecture de la situation haïtienne est totalement déconnectée du terrain. Le programme TPS prendra officiellement fin le 3 août 2025, avec une suppression complète au 2 septembre. Sans recours légal, plus de 500 000 Haïtiens actuellement protégés par ce statut pourraient être contraints de rentrer — dans un pays qui n’est pas prêt à les accueillir.
Le Département de la Sécurité intérieure (DHS) affirme baser sa décision sur un rapport du Département d’État américain qui évoque une nette amélioration de la situation sécuritaire en Haïti. Pourtant, le même Département d’État avait, moins de 48 heures plus tôt, demandé à tous les citoyens américains de quitter Haïti dans les plus brefs délais en raison de la dégradation de la situation sécuritaire.
Dans un communiqué publié mercredi, l’ambassade des États-Unis en Haïti avait appelé les citoyens américains encore présents dans le pays à partir dès que les conditions le permettent.
Face à l’instabilité persistante et aux risques sécuritaires élevés, les autorités américaines recommandent un départ rapide, par vols commerciaux ou autres moyens de transport privés disponibles.
Des liaisons aériennes intérieures ont récemment repris entre l’aéroport international du Cap-Haïtien et deux autres destinations : l’aéroport Antoine-Simon aux Cayes et le terminal domestique Guy Malary à Port-au-Prince. Cette reprise offre des options limitées mais cruciales pour ceux qui cherchent à quitter le pays.
Cependant, l’ambassade met en garde contre les vols non commerciaux, notamment les déplacements en hélicoptère au départ de sites non officiels. Ces trajets, bien que parfois utilisés, présentent des risques importants que les voyageurs doivent évaluer avec prudence.
Le personnel du gouvernement américain n’est pas autorisé à emprunter de vols commerciaux vers ou depuis Port-au-Prince, en raison des restrictions imposées par la Federal Aviation Administration (FAA) et des dangers potentiels pour la sécurité aérienne. L’ambassade précise par ailleurs qu’elle ne cautionne aucun transporteur privé ou commercial.
Dans son communiqué, l’ambassade recommande aux ressortissants américains de rester vigilants et de prendre des mesures de sécurité strictes : éviter les foules, suivre l’actualité locale, éviter les zones à risque, limiter les déplacements de nuit et garder leurs documents d’identité et de voyage à portée de main. Elle les encourage également à se préparer à un éventuel confinement prolongé.
“Ne voyagez pas en Haïti. Si vous êtes sur place, partez dès que vous le pouvez en toute sécurité”, insiste l’ambassade, qui continue de fournir une assistance consulaire et de suivre l’évolution de la situation de près.
Deux jours après la publication de ce communiqué, le Département d’État constatait déjà une “nette amélioration” suffisante pour recommander la fin du Statut de protection temporaire pour plus de 520 000 Haïtiens vivant aux États-Unis.
Mederson Alcindor a également contribué à cette publication.