Des citoyens d’Orangers, première section communale de Basse Cap-Rouge, dénoncent un vaste réseau de malfaiteurs spécialisés dans la spoliation de propriétés foncières.
Ce réseau, composé d’avocats, d’arpenteurs, de notaires et d’autres autorités locales, agirait en toute impunité, selon des habitants de la zone qui ont interpellé le ministre de la Justice, Patrick Pélissier à agir vite de manière à prévenir un bain de sang dans le département.
Les habitants des localités de K-Dougé, K-Surin, Tèt Terrain, Jean Malois et Démontreuil pointent du doigt les familles Jean, Jolicoeur et Catolin comme les principaux acteurs de ces manœuvres.
Ils accusent également le commis parquet du tribunal de première instance de Jacmel, M. Rénold Catolin, ainsi que les avocats Germain Pierre et Wilder Jean d’être complices dans des tentatives d’accaparement forcé des terres héritées de leurs ancêtres.
“Nous avons empilé des pneus pour empêcher tout arpentage nocturne. Si la justice ne réagit pas, nous agirons”, ont averti certains habitants exprimant leur frustration face à l’inaction des autorités.
Des témoignages accablants
Frantz Choubert Hector, inspecteur judiciaire connu sous le pseudonyme Ti Vwa, accuse l’avocat Girono Féguens Jean Bata de menaces de mort dans un conflit concernant une parcelle de douze centièmes située près de la Caritas diocésaine de Jacmel, sur la route de l’aviation. Selon lui, cette parcelle a été illégalement cédée à un homme d’affaires surnommé Mister Bon Deal, avec la complicité de notaires et d’avocats.
Fabinson Saint-Louis, un jeune homme en situation de handicap moteur, accuse Me Marc Dérance Lamour, avocat au barreau de Jacmel, d’avoir vendu un terrain qui ne lui appartenait pas pour la somme de 45 000 dollars. “J’ai failli perdre la vie lors d’un arpentage organisé en présence des véritables propriétaires”, a-t-il confié.
Carsende Salomon, militante politique, raconte avoir perdu un terrain qu’elle avait pourtant acquis légalement. “J’ai découvert que ce même terrain, où j’avais déposé mes matériaux, avait été revendu par des notaires complices”, explique-t-elle, ajoutant que le substitut du commissaire chargé de l’affaire entretient des liens familiaux avec le notaire concerné.
Un phénomène en recrudescence dans le Sud-Est
Selon plusieurs habitants, ce réseau de malfaiteurs sévit depuis des années dans le département du Sud-Est. Il emploie des méthodes variées, allant de l’arpentage nocturne à l’intimidation, pour s’approprier des terrains de paisible citoyens.
Ce phénomène a déjà causé des morts.
Un jeune homme de 17 ans a été tué dans un conflit foncier à Cyvadier, impliquant l’ancien bâtonnier de l’ordre des avocats de Jacmel, Me Marc-Dala Joseph, actuellement inculpé et écroué.
À Meyer, des familles telles que Zamie et Sanon ont été victimes d’expropriations similaires.
À Cayes-Jacmel et Saint-Cyr, d’anciens policiers et hommes influents tentent de déposséder des habitants à l’aide de faux documents.
Dans la commune de Thiotte, à Marmirande, des agents d’une unité spécialisée ont dû quitter les lieux après une mobilisation massive des habitants contre de prétendus héritiers cherchant à les expulser de leurs terres sur l’habitation Blecks.
Des appels à des mesures immédiates
Face à ces accusations et tensions croissantes, les habitants réclament des mesures drastiques pour protéger leurs terres et garantir leur sécurité. “Si les autorités ne prennent pas leurs responsabilités, nous, la population, ferons ce qui doit être fait”, fulminent-ils avec véhémence.