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Scandale de corruption au CPT : le Département d’État exige que les conseillers présidentiels fassent preuve de responsabilité et soutient l’ULCC

Emmanuel Paul
Emmanuel Paul - Journalist/ Storyteller
On Thursday, April 25, 2024, Interim Prime Minister Michel Patrick Boisvert (fifth from the left) joined members of a transitional council in Port-au-Prince, Haiti, to take a group photo. The council is responsible for selecting a new prime minister and cabinet. Photo Credit: (AP Photo/Ramon Espinosa)

Alors que des rumeurs circulent sur la possibilité que les membres du Conseil présidentiel de transition  révoquent le directeur général de l’Unité de Lutte Contre la Corruption, Hans Ludwig Joseph vient de bénéficier d’un soutien de poids dans le cadre de son enquête sur le scandale de corruption au sein du Conseil Présidentiel de Transition (CPT) en Haïti.
Le département d’État Américain affirme soutenir les efforts de lutte contre la corruption en Haïti et réaffirme son soutien aux initiatives en matière de gouvernance et de sécurité.

Au cœur du message du département d’État se trouve un appel clair à la responsabilité et à la transparence au sein du CPT.

Le Département d’État américain a réitéré son soutien à Haïti en cette période de défis politiques et sécuritaires importants.

Lors d’une interview électronique, un porte-parole a abordé plusieurs questions urgentes, notamment les allégations de corruption au sein du Conseil présidentiel de transition (CPT), les efforts pour combattre la violence des gangs et les implications potentielles d’un changement prochain de l’administration américaine.

Dans cet échange électronique, le ministère américain des Affaires étrangères a félicité l’agence haïtienne de lutte contre la corruption, l’ULCC, pour son travail d’investigation. Le Département d’Etat a exhorté les membres du CPT à tenir ses membres responsables en ce qui concerne l’enquête de l’ULCC sur les accusations selon lesquelles trois membres du CPT se seraient engagés dans des activités de corruption à grande échelle.

Louis Gérald Gilles, Emmanuel Vertilaire et Smith Augustin auraient exigé la somme de 100 millions de gourdes chacun à l’ancien directeur général de la Banque Nationale de Crédit (BNC) en échange du maintien de son poste à la BNC. C’est l’intéressé qui avait lui-même dénoncé les présumés corrompus. Raoul Pierre-Louis avait déposé une plainte à l’ULCC. Il avait fourni des documents prouvant des échanges qu’il a eus avec les présumés malfaiteurs. L’ex-directeur général de la BNC, dont le mandat était arrivé à terme, allait être remplacé à la tête de l’institution bancaire de l’État. Depuis, des informations font état de manœuvres au niveau du CPT pour procéder à la révocation du directeur général de l’ULCC en charge de l’enquête.

Pour le porte-parole du Département d’État, il est impératif que les présidents conseillers promeuvent la responsabilité au niveau du Conseil afin de maintenir sa crédibilité auprès du peuple haïtien et de la communauté internationale.

Le Département d’État regrette également que les nouveaux chefs d’Haïti passent la majorité de leur temps à chercher à renforcer leur pouvoir au lieu de défendre les intérêts de la population abandonnée depuis très longtemps.

Les besoins aigus et immédiats du peuple haïtien exigent que le gouvernement de transition donne la priorité à la gouvernance plutôt qu’aux intérêts personnels concurrents des acteurs politiques, a fait savoir un porte-parole du ministère américain des Affaires étrangères.

La question de la corruption reste une préoccupation majeure dans le paysage politique haïtien. En dépit des appels répétés de plusieurs organisations de la société civile, les trois membres du Conseil présidentiel de transition (CPT), un organe de neuf membres créé pour diriger la transition en Haïti, qui ont fait l’objet d’allégations de corruption, restent à leur poste. Cela a soulevé des questions sur la crédibilité et l’efficacité du PTC pour guider Haïti vers des élections d’ici l’automne 2025.

Installés depuis plus de sept mois, les conseillers présidents n’ont fait preuve d’aucune diligence pour faciliter un climat de paix en Haïti en vue de la tenue des élections générales au pays cette année.

La position du Département s’aligne sur les préoccupations internationales plus larges concernant la gouvernance en Haïti. Non seulement la corruption sape la confiance du public, mais elle pose également des défis importants à la fourniture efficace de services et à la mise en œuvre de programmes de développement.

Viabilité politique du Conseil présidentiel de transition

La création du CPT en mars 2024 a marqué une étape cruciale dans la sortie de l’impasse politique prolongée d’Haïti. Le Conseil, formé en tant que mesure temporaire, a été chargé de diriger le pays pendant une période de transition et d’organiser des élections d’ici l’automne 2025. Cependant, des doutes sur sa structure et son efficacité persistent parmi les Haïtiens et la communauté internationale.

Récemment, l’ancien Premier ministre Garry Conille et le PTC se sont séparés. Le Département d’État, reconnaissant que la cohabitation entre les deux n’était plus viable, avait apporté son support au nouveau Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé. Interrogé sur les raisons ayant poussé le gouvernement américain à lâcher Garry Conille, qui était perçu comme le poulain des Américains, le porte-parole affirme que le Département d’État avait simplement pris acte de la décision prise par le Conseil présidentiel de transition et l’ancien Premier ministre Garry Conille. “Nous n’avons pas pris de décision distincte”, a précisé l’officiel américain.

Interrogé sur la possibilité d’une nouvelle structure de gouvernance, telle qu’un président unique et un Premier ministre, le Département d’État a réitéré que le choix du cadre de gouvernance appartient au peuple haïtien, insistant sur le fait que le PTC reste une solution temporaire, soutenue par les États-Unis et d’autres partenaires internationaux, pour répondre aux défis immédiats de gouvernance d’Haïti.

Le porte-parole a souligné que la formation du PTC était une réponse à des années d’impasse politique, dans le but de favoriser la stabilité et de préparer des élections démocratiques. Les États-Unis continuent de soutenir le Conseil en tant que mécanisme permettant à Haïti de traverser cette phase de transition.

 

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