Dans une déclaration conjointe, plusieurs syndicats haïtiens, parmi lesquels le Syndicat du Personnel du Ministère de l’Éducation Nationale et de la Formation Professionnelle (SPEMENFP), l’Union Nationale des Normaliens d’Haïti (UNNOH), et le Syndicat pour la Défense des Employés de l’OAVCT (SDE/OAVCT), ont vivement réagi aux propos du président français Emmanuel Macron concernant la situation d’Haïti.
Ces derniers ont qualifié les remarques de Macron d’atteintes à la souveraineté haïtienne et de mépris pour le peuple haïtien.
Emmanuel Macron a récemment déclaré : ” Ce sont les Haïtiens qui détruisent et tuent Haïti” tout en qualifiant l’ancien Premier ministre haïtien Garry Conille de “super “, ” formidable”, avant d’ajouter que sa révocation était injustifiée.
Ces propos, qui assimilent indirectement les Haïtiens à des “imbéciles”incapables de gouverner leur propre pays, ont suscité une vague d’indignation.
Pour les syndicats, ces déclarations illustrent “une pratique d’ingérence habituelle des puissances impérialistes telles que les États-Unis et la France en Haïti, afin de maintenir leur mainmise sur le pays. ” Ils y voient également une “attitude coloniale” et un profond manque de respect envers les dirigeants et le peuple haïtien.
Les syndicats rappellent que les propos du président français contreviennent à la Convention de Vienne, qui interdit toute ingérence dans les affaires internes d’un autre pays. ” Si Macron trouve Garry Conille si ‘extra’ et ‘formidable’, il aurait pu l’imposer comme Premier ministre en France “, ironisent-ils, tout en soulignant que ces éloges dissimulent des intentions néocoloniales.
La déclaration commune revient sur l’histoire tumultueuse des relations franco-haïtiennes, marquée par l’indemnité d’indépendance imposée par la France en 1825, qualifiée d’”escroquerie historique”. “Emmanuel Macron semble avoir une mémoire courte ou sélective”, affirment-ils, rappelant que cette dette a détruit l’économie haïtienne et enrichi celle de la France, permettant, entre autres, la construction de monuments emblématiques comme la Tour Eiffel.
Pour les syndicats, les véritables causes de la destruction d’Haïti sont :
1. L’indemnité d’indépendance de 1825, jamais restituée ;
2. Le vol des réserves d’or haïtiennes par les États-Unis en 1914, également non réparé ;
3. L’ingérence constante des puissances impérialistes, qui imposent des dirigeants corrompus et maintiennent Haïti dans un état de dépendance politique et économique ;
4. Les politiques néolibérales imposées depuis les années 1980, responsables de la destruction de l’économie nationale ;
5. La prolifération des gangs armés, alimentée par l’afflux d’armes provenant des États-Unis et d’autres pays.
Les syndicats appellent à une “bataille de libération nationale” visant à restaurer la souveraineté du pays et à lutter contre les traîtres locaux complices des intérêts étrangers. Ils exigent également des réparations pour les injustices historiques infligées à Haïti. Ils invitent les autorités haïtiennes à adopter une position ferme face à ces déclarations. “Le gouvernement haïtien doit prendre toutes les mesures diplomatiques nécessaires pour exiger de Macron qu’il retire ses propos et présente ses excuses au peuple haïtien”, insistent-ils.
Cette déclaration reflète l’exaspération croissante des syndicats haïtiens face à une ingérence perçue comme une entrave au droit d’Haïti à l’autodétermination. « Vive une Haïti adulte, avec des dirigeants responsables et une prospérité partagée pour tous”, concluent-ils.
Parmi les syndicats signataires figurent le SPEMENFP, l’UNNOH, le SDE/OAVCT, et plusieurs autres organisations représentatives des travailleurs et éducateurs haïtiens.