Le gouvernement dominicain a intensifié ses mesures de répression contre l’immigration clandestine, expulsant plus de 276 000 Haïtiens en 2024, selon des données officielles citées par CNN.
Cette vague d’expulsions, décrite comme l’un des plus grands efforts d’application de la loi dans l’histoire récente de la région, a suscité un débat important sur les droits de l’homme et la coopération régionale.
Cette initiative, lancée sous la direction du Conseil national de sécurité et de défense du pays et dirigée par le président Luis Abinader, vise à expulser jusqu’à 10 000 Haïtiens sans papiers chaque semaine.
Durant les trois derniers mois de 2024, plus de 94 000 personnes ont été expulsées, clôturant une année marquée par des augmentations constantes des expulsions : 48 344 au premier trimestre, 62 446 au deuxième et 71 414 au troisième, a rapporté CNN.
Les représentants du gouvernement défendent l’opération comme une mesure nécessaire pour gérer ce qu’ils décrivent comme un déséquilibre croissant dans les flux migratoires.
” Nous faisons face à un excès de migrants haïtiens sur notre territoire”, a déclaré Homero Figueroa, porte-parole du gouvernement, lors d’une conférence de presse en octobre.
Cette politique a toutefois suscité de vives critiques.
L’ancienne ministre haïtienne des Affaires étrangères, Dominique Dupuy, avait condamné les déportations en les qualifiant de « brutales » et d’« actes déshumanisants » à l’encontre des citoyens haïtiens. Elle avait appelé le gouvernement dominicain à faire preuve de justice et à mieux rendre compte de ses actes.
Dominique Dupuy a depuis été mise à pied par le Collège présidentiel de transition, qui l’a remplacée par Arvel Victor. Ce dernier n’a émis aucun commentaire face aux répressions systématiques des Haïtiens par les autorités dominicaines. Ces dernières sont également accusées de pratiquer une politique raciste dans leur démarche de déportation massive. De nombreuses personnes sont expulsées uniquement en raison de la couleur de leur peau.
Plusieurs cas de citoyens n’ayant aucun lien avec Haïti ont été rapportés. Un citoyen américain en voyage en République dominicaine a été sévèrement battu par des agents de police qui l’ont pris pour un Haïtien et ont tenté de le déporter. Un autre incident concerne un vétéran de l’armée américaine, d’origine haïtienne, également agressé par la police dominicaine.
Les scènes de véhicules d’expulsion surpeuplés, capturées par des organes de presse tels que Reuters, ont alimenté les critiques des organisations de défense des droits de l’homme.
Bien que les autorités aient assuré que les expulsions étaient menées dans le respect des droits de l’homme, des groupes d’aide se sont mobilisés le long de la frontière haïtienne pour fournir une assistance immédiate aux personnes expulsées, dont beaucoup arrivent dans le dénuement et la vulnérabilité.
Les expulsions massives ont lieu dans un contexte de crise politique et sociale qui s’aggrave en Haïti. Les gangs contrôlent désormais plus de 80 % de Port-au-Prince, laissant de nombreuses personnes expulsées dans des conditions dangereuses et instables à leur retour.
Les dirigeants dominicains mènent une politique migratoire similaire à celle promise par Donald Trump. Ils devancent même le chef du mouvement MAGA en ayant adopté un amendement constitutionnel abrogeant le droit du sol. Cette modification, ayant un effet rétroactif, a permis de dénationaliser des milliers de Dominicains d’origine haïtienne, même ceux n’ayant jamais vécu en Haïti.
Le droit à la protection des personnes cherchant refuge dans des pays étrangers est garanti par des lois et traités internationaux. Cependant, ces textes sont rarement respectés dans le cas des Haïtiens en République Dominicaine.