Dans son nouvel ouvrage On a les politiques qu’on mérite (Fayard), la politiste, ancienne conseillère opinion de Jean-Marc Ayrault et Manuel Valls à Matignon, et chroniqueuse pour L’Express, assume un discours nouveau : si nos politiques sont si médiocres, si le climat autour de ce monde de plus en plus haï se détériore, c’est en bonne partie à cause de nous. Nous, citoyens, qui en demandons toujours plus et sans doute trop à nos représentants. Moralisation de la vie publique, tyrannie de la transparence et critiques trop acerbes : ces phénomènes pourraient devenir parfaitement contre-productifs. Quand les dégoûtés seront partis, il ne restera plus que les dégoûtants…
L’Express : Dans ce livre, vous parlez de déconnexion, de narcissisme, de trahisons, de corruption… Notre classe politique est-elle aussi gangrenée que cela ?
Chloé Morin : Mon travail, à l’origine, est d’analyser l’opinion publique. Et je vois bien depuis plus de dix ans que la défiance à l’égard de nos politiques s’est transformée, pour une partie des gens, en haine. Quand on prétend parler de ces politiques et expliquer qui ils sont, il est difficile de nier la face sombre de ce monde. Mon but avec ce livre est d’expliquer à des gens qui en sont éloignés que les choses sont plus nuancées et complexes, mais je ne peux pas commencer mon propos en leur disant que tous les politiques sont formidables, que la corruption et l’inefficacité n’existent pas… Si l’on veut faire un constat lucide, il faut aussi accepter l’existence de beaucoup de dysfonctionnements, de gens à l’ego démesuré, sans doute animés par des motivations autres que l’intérêt général. Mais si je commence par-là, c’est pour ensuite emmener les lecteurs plus loin que ça. Sortons du noir et blanc, montrons une autre facette du monde politique.
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À vous lire, il paraît indiscutable…