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Les Monopolistes de Port-au-Prince  utilisent la crise frontalière pour ruiner les petits commerçants

CTN News
Nous vous proposons la traduction du  nouveau texte du politologue Jean Garry Denis publié dans le journal Dominicain ListinDiario.
Jean Garry Denis est Directeur Exécutif de l’Institut Haïtien d’Observatoire de Politiques Publiques (INHOPP).
Suite aux initiatives des paysans de la Plaine Maribaroux des communes de Ferrier et Ouanaminthe pour relancer le projet de construction du Canal sur la Rivière Massacre, le Gouvernement du Président Abinader a formulé  de vives protestations et entrepris  des actions considérées comme un casus belli contre Haïti.
En effet le Président de la République Dominicaine (RD)  a déployé ses forces armées et  fermé ses frontières maritimes, terrestres et aériennes avec Haïti.
La fermeture unilatérale des frontières par la RD a surtout  provoqué la rupture des relations commerciale des deux pays. En retour, la population haïtienne offusquée par cette décision unilatérale  a procédé à son tout à la fermeture de leurs frontières, ignorant la flexibilité du Gouvernement Dominicain qui a été obligé de rouvrir les siennes suite aux pressions des producteurs dominicains menacés de faillite dans les secteurs de l’élevage et de l’agro-industrie.
Tous les secteurs de la vie sociale et politique en Haïti se sont prononcés sur cette crise diplomatique et commerciale avec le Gouvernement dominicain, sauf les grands décideurs économiques qui sont toujours au rendez-vous dans la conclusion d’accords improductifs  et combines avec le régime  corrompu d’ Aryel Henry.
En effet, le comportement arrogant du Président Abinader  est butté sur un niveau d’unité  historique rarement atteint dans notre histoire de vie de peuple.
Grande fut notre surprise de constater en  date du 13 octobre une note de l’Association des Industries d’Haïti (ADIH)  se positionnant sur une crise de plus d’un mois avec la RD. Sans apporter aucune contribution financière a cet œuvre citoyen de construction du canal comme la grande majorité de  secteurs organisés de la vie nationale,  cette position a soulevé beaucoup d’interrogations de la part de beaucoup de secteurs progressistes.
Il est tout aussi important de relater en  date du 6 octobre 2023, une rencontre sur la crise entre le Ministère du Commerce  et un groupe du secteur des affaires, regroupés pour la plupart  au sein du groupe Makaya. Ce groupe actuellement remporte le palme des personnes sanctionnées pour grande corruption et complicité avec les bandits  par les Etats Unis, le Canada et les Nations Unies. On doit aussi ajouter que cette rencontre fut  organisée dans l’exclusion totale des entrepreneurs des régions.
En effet, cette réflexion présente  un ensemble de considérations  sur la note de l’ADIH et la démarche d’exclusion de l’oligarchie de Port-au-Prince avec le Ministère du Commerce.
1- Ce secteur privé s’est toujours  comporté  historiquement contre les intérêts de la nation. Une élite économique responsable n’aurait jamais parrainé un fou et un bandit  comme Michel Martelly sans plan ni vision pour accéder  à la tête d’un pays venant a  peine de sortir d’un  séisme dévastateur en 2010. Avec Martelly, ils ont été  les acteurs directs du chaos engendré par le régime Tetkale ;
2- Ce secteur privé ne pense qu’a ses intérêts de monopole.  Dans son livre « Économie de la violence »,  Fritz Jean  a démontré à travers le système de « capture de l’État » comment ce secteur a pris  le contrôle des institutions étatiques au profit de ses  intérêts de clan. Pendant le règne criminel du régime Tetkale, ils ont développé un rapport incestueux avec ce pouvoir ;
3- A travers la note de l’ADIH et la rencontre avec le Ministère du Commerce, l’oligarchie  veut profiter  de manière intelligente de l’unité du peuple haïtien sur la construction du canal pour  monopoliser le circuit de distribution des échanges commerciaux avec la RD, éliminer les petits commerçants haïtiens,  les petits producteurs dominicains et les entrepreneurs des chambres régionales de commerce. Ils privilégieront  le commerce maritime pour se convertir en revendeurs des produits dominicains et surtout  rentabiliser leurs ports privés ;
4- L’absence d’une culture d’investissement et de risque est la raison qui explique la forte dépendance  de l’économie haïtienne à la RD. En plus, ce sont des réfractaires aux investissements directs  étrangers. Ils se sentent plus confortables dans un féodalisme économique comme  forme de création de richesse en soutenant historiquement les différents pouvoir corrompus, spécialement celui d’Ariel Henry, accusé de complicité dans le meurtre de Jovenel Moïse et de liens avec des gangs ;
5- La résistance contre le Président Abinader est due à son comportement raciste et disproportionné, pensant affamer le peuple haïtien en fermant  sa frontière et déployant son  armée pour un fait banal. Il existe historiquement une entente naturelle entre les deux peuples de la frontière,  de par ses préjugés raciaux même avec ses compatriotes,  Abinader ne comprendra jamais la profondeur et subtilité de ces relations ;
6- Nous vivons un grand moment de crise depuis la dictature des Duvaliers, il est clair que la migration haïtienne dans les grands moments de convulsions exerce aussi un impact négatif sur certains secteurs d’activités en RD. Toutefois, on ne doit passer  sous silence le rôle des mafieux diplomatiques et militaires en RD dans le commerce des  clandestins et la vente de visas qui arrivent  parfois  a couter  la somme exorbitante de (1 000.00) mille dollars USD ;
7- Deux peuples vivant sur une  ile devraient développer  une  relation harmonieuse, l’entreprise de haine a toujours été alimentée historiquement par une clique oligarchique au niveau des deux pays.   Dans ce cadre, les échanges commerciaux procurent  des avantages mutuels et contribuent  à promouvoir la compréhension pour  réduire cette entreprise de haine des Ultranationalistes.  Aucun des deux pays n’a intérêt à la cessation des relations commerciales ;
8- Le nationalisme de l’un des deux pays ne constitue et ne doit constituer l’exclusion de l’autre. Dans l’ère de la Globalisation, la différence est une richesse. Durant la Guerre de la  Restauration en RD, Francisco del Rosario  Sánchez, l’un des pères fondateurs de la Nation Dominicaine en entrant en Haïti en 1859 déclarait : « J’entre en Haïti parce que c’est le seul moyen de pénétrer en RD, si on me critique, dites les que je suis du drapeau dominicain ». Cela n’a pas affecté pour autant l’aide en arme, en hommes et en munitions des Haïtiens aux dominicains dans leur  guerre contre  l’Espagne pour reprendre leurs Independances.
L’histoire d’Haïti est ponctuée de coopération avec d’autres peuples et Haïti a  toujours pratiqué un nationalisme ouvert.