« Le suffrage par sort est la nature de la démocratie, le suffrage par le choix est de celle de l’aristocratie. Le principe de l’élection de représentants implique un choix et donc l’établissement de distinctions entre les citoyens », théorisait Montesquieu il y a près de quatre siècles, dans l’Esprit des lois. Le philosophe des Lumières, en prônant la désignation par tirage au sort de nos représentants politiques, ne détenait-il pas là les clés du retour de la confiance des Français en politique ?
De quoi s’agit-il ?
Cette idée soumise par plusieurs de nos lecteurs consiste à « élire » par tirage au sort nos représentants politiques. Concrètement, une partie des parlementaires du Sénat et de l’Assemblée nationale pourrait ainsi être remplacée par un collège de citoyens tirés au sort.
Dans le cas où l’on déciderait de conserver ces deux corps de l’État, on peut également imaginer créer une Assemblée citoyenne chargée de statuer, elle aussi, sur les lois proposées par les parlementaires, et d’évaluer les politiques du gouvernement.
Quels intérêts ?
« Force est de constater que l’abstention gagne du terrain à chaque élection et donc que les Français se sentent moins représentés par la classe politique », juge le sociologue Julien Damon. Ainsi, inclure des citoyens au Sénat ou à l’Assemblée ne les limiterait plus à leur rôle d’électeur et pourrait créer un regain d’intérêt.
« Cela permettrait aussi d’avoir une meilleure représentation de la population au sein des Assemblées », estime le sociologue. Que ce soit en termes de genre, de catégories socio-professionnelles ou de minorités. Ouvriers et employés représentent par exemple plus de 50 % de la population en France, alors que l’Assemblée nationale ne compte que 4,6 % d’employés et aucun ouvrier. Les citoyens tirés au sort ne seraient pas pris au jeu de la politique politicienne, puisqu’ils ne seraient ni soumis à…