L’ambassadeur d’Antigua et Barbuda aux États-Unis et à l’OEA conseille aux acteurs haïtiens de revenir à l’esprit de 1804 pour adresser la crise multidimensionnelle à laquelle fait face Haïti depuis très longtemps.
Exprimant ses sympathies au peuple haïtien, Ronald Sanders affirme fermement que la solution au problème d’Haïti est entre les mains des Haïtiens.
L’ancien journaliste devenu diplomate invite les dirigeants haïtiens à commencer à privilégier les intérêts des Haïtiens. “Les dirigeants de ces organisations doivent comprendre que l’objectif le plus important est le bien d’Haïti et non pas qu’ils accèdent à des postes de pouvoir, ni que leurs organisations deviennent une partie suprême de la société haïtienne”, a t-il conseillé.
À défaut d’un large consensus, les acteurs politiques devraient au moins se référer à la dernière constitution ayant tracé la voie pour la mise en place d’un gouvernement de transition composé des secteurs clés.
” Il doit s’agir d’une coalition à base large, d’un seul parti, pas de deux ou trois, mais d’une coalition à base large représentant les acteurs politiques, le secteur privé, les organisations non gouvernementales, et les personnes qui se consacrent à la reconstruction de la région”, a déclaré le très respecté diplomate barbudien qui, une fois de plus, s’est montré très critique à l’égard de la communauté internationale traditionnelle qui n’a jamais agi dans l’intérêt d’Haïti. Le problème ne fera qu’empirer si les Haïtiens ne profitent pas de cette occasion pour se mettre ensemble pour adresser la crise sans la participation des États-Unis, du Canada, et de la France qui dictent toujours leur loi en ce qui a trait à Haïti, a mis en garde l’ambassadeur Sanders, invitant les Haïtiens à cesser de “flirter avec les membres de la communauté internationale dont vous pensez qu’ils vous apporteront des avantages.”
“Résolvez d’abord votre problème, présentez la réponse et vos alliés les plus proches dans tout cela seraient les pays qui n’ont aucun intérêt à interférer dans vos affaires, mais qui veulent les voir progresser, à savoir vos partenaires de la communauté caribéenne au sein de la CARICOM.”
Monsieur Sanders a fait ces déclarations lors d’une interview exclusive à Emmanuel Paul du Caribbean Television Network.
Des négociations sont actuellement en cours au niveau des acteurs haïtiens afin de parvenir à la mise en place d’un gouvernement de transition.
Les Haïtiens ont gagné la plus grande bataille dans l’histoire de l’humanité en obtenant leur indépendance au prix du sang contre la puissante armée de Napoléon. Cette prouesse historique devrait servir de référence aux Haïtiens aujourd’hui, conseille le représentant d’Antigua et Barbuda à Washington et à l’Organisation des États Américains (OEA).
“Dans le passé, Haïti s’est tenu debout en tant que peuple haïtien face au monde lorsque vous avez déclaré votre indépendance en 1804. Malgré toutes les pressions extérieures que vous avez subies, vous avez démontré votre capacité à vous tenir debout et à faire face à la situation. Revenez à l’esprit de 1804, dans lequel les Haïtiens pouvaient agir ensemble pour les Haïtiens. Essayez de le faire et vous deviendrez irrésistibles pour la communauté internationale.”
Aussi difficile que la situation puisse être, cette crise offre une opportunité unique aux haïtiens de résoudre leur problème une fois pour toutes, espère l’ambassadeur Sanders.
Lors de cette interview de près d’une heure à CTN, l’ancien secrétaire général de l’OEA a confirmé que la CARICOM et le gouvernement américain avaient exigé la démission du premier ministre Ariel Henry, actuellement en dehors du pays.
“Les deux entités qui ont discuté avec lui sont le gouvernement des États-Unis et les chefs de gouvernement de la Communauté des Caraïbes CARICOM – pas tous les chefs de gouvernement mais plusieurs d’entre eux – et le gouvernement des États-Unis et la Communauté des Caraïbes CARICOM ont exhorté le Dr Henry à comprendre que sa démission du gouvernement en tant que Premier ministre est maintenant importante – parce qu’il ne fait plus partie de la solution aux problèmes d’Haïti – il fait partie du problème lui-même…”, a rapporté l’ambassadeur Sanders.
Le diplomate a révélé qu’une déclaration écrite a été soumise au premier ministre de facto qui devrait “indiquer clairement qu’il démissionnerait et que la seule raison pour laquelle il retournerait en Haïti serait d’essayer d’organiser le type de coalition de forces à l’intérieur du pays qui formerait un gouvernement de transition acceptable basé sur une certaine constitutionnalité basée sur une certaine légalité afin que ce groupe de transition puisse faire les demandes et prendre les mesures nécessaires pour qu’Haïti puisse faire face à ses problèmes actuels.”
Interrogé sur les déclarations des porte-paroles de la Maison Blanche et du Département d’État ayant démenti les informations selon lesquelles les États-Unis auraient demandé au premier ministre de facto de remettre sa démission, le diplomate barbadien “pense que c’est vraiment du langage de diplomate.”
Le “premier ministre” Ariel Henry se trouve actuellement en dehors du pays. Monsieur Henry avait laissé le pays pour participer au sommet de la CARICOM. Il avait également effectué un voyage au Kenya pour rencontrer le président William Ruto sur le déploiement de la mission multinationale de sécurité en Haïti. Alors qu’il retournait au pays, l’avion transportant le chef de la primature s’est vu refuser l’autorisation de fouler le sol dominicain.
Il était donc contraint d’attérir à Porto Rico où il se trouverait sous contrôle du FBI selon des médias américains.