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Impuissante face à l’insécurité en Haiti, l’ONU évacue une partie de son personnel

Emmanuel Paul
Emmanuel Paul - Journalist/ Storyteller

À défaut de pouvoir aider à résoudre le problème de l’insécurité,  l’ONU évacue une partie de son personnel en Haiti.

Il y a pourtant moins d’une semaine, les Nations-Unies essayaient de rallier des supports au conseil de sécurité pour convertir la force multinationale en Haiti en une mission onusienne. Cette mesure souligne l’aggravation de la crise dans un pays confronté à des niveaux de violence et d’instabilité sans précédent.

Deux vols humanitaires transportant du personnel de l’ONU devraient arriver à Panama City mardi et mercredi, selon le ministère panaméen des affaires étrangères. Ces vols transporteront 22 conseillers internationaux de la police en uniforme et deux fonctionnaires de l’ONU, qui resteront au Panama jusqu’à 72 heures, selon un article publié par Reuters.

Ulrika Richardson, coordinatrice résidente et humanitaire des Nations unies en Haïti, a reconnu la gravité de la situation lors d’une conférence de presse la semaine dernière. “Nous commençons à réduire légèrement notre présence dans la capitale Port-au-Prince en réponse à l’escalade de la violence”, a déclaré Mme Richardson, soulignant les efforts déployés pour transférer le personnel dans d’autres régions d’Haïti afin de poursuivre leur mission.

Malgré le retrait de certains membres du personnel, l’ONU reste engagée dans ses opérations en Haïti. Maria Isabel Salvador, chef du Bureau intégré de l’ONU en Haïti, a confirmé que 1 527 des 1 725 membres du personnel sont toujours dans le pays. “Nous ne quittons pas le pays”, a déclaré Mme Salvador sur le réseau social X.

La violence à Port-au-Prince a atteint des niveaux alarmants, les analystes estimant que les gangs armés, en particulier ceux alignés sur l’alliance Viv Ansanm, contrôlent désormais entre 80 et 90 % de la ville. Les attaques récentes ont ciblé des communes qui étaient auparavant moins touchées, ce qui a eu pour effet d’accroître la peur et les déplacements de population.

L’ampleur de la crise est évidente dans les données récentes de l’ONU, qui révèlent que plus de 40 000 personnes ont été déplacées en seulement 10 jours, un exode massif sans précédent depuis janvier de l’année dernière. Ce déplacement fait suite à de violents affrontements et à des attaques ciblées qui ont terrorisé les communautés de la capitale.

L’escalade de la violence a également perturbé les opérations des organisations humanitaires internationales. L’organisation américaine Mercy Corps a annoncé lundi qu’elle déplaçait son personnel vers des régions situées en dehors de Port-au-Prince. De même, Médecins sans frontières a suspendu ses activités dans la capitale, invoquant les menaces proférées par la police locale à l’encontre de son personnel.

Ces ajustements soulignent les défis auxquels sont confrontées les organisations humanitaires qui tentent d’opérer dans un environnement où les civils et les travailleurs humanitaires sont de plus en plus exposés.

En octobre 2023, le Conseil de sécurité des Nations unies a approuvé le déploiement d’une force internationale pour aider la police haïtienne à rétablir l’ordre. Cependant, cette mission, qui dépend de contributions volontaires, reste sous-financée et manque de personnel.

Le gouvernement haïtien a exhorté les Nations unies à transformer la mission en une opération de maintien de la paix formelle, mais la proposition s’est heurtée à une certaine résistance. La Chine et la Russie, qui disposent toutes deux d’un droit de veto au Conseil de sécurité, ont exprimé leur opposition à une telle transition.

La situation actuelle marque un chapitre sombre pour Haïti, une nation longtemps en proie à l’instabilité politique, aux difficultés économiques et à l’agitation sociale. L’expansion incontrôlée des territoires des gangs a rendu une grande partie de la population vulnérable à la violence, à l’extorsion et au déplacement.

Pour les habitants de Port-au-Prince, la vie quotidienne est devenue une bataille pour la survie. La banlieue cossue de Pétion-Ville, située à flanc de colline, a récemment été le théâtre d’une violente attaque de gangs, qui a déclenché une réponse civile musclée. Le chaos et l’insécurité sont le reflet d’une ville au bord de l’effondrement.

Malgré l’évacuation partielle, les Nations unies insistent sur le fait qu’elles restent déterminées à soutenir Haïti pendant cette période turbulente. Le transfert du personnel vers d’autres départements fait partie d’une stratégie visant à s’adapter à l’évolution du paysage sécuritaire tout en continuant à fournir une assistance et un soutien humanitaires, ont fait valoir les représentants des Nations Unies en Haïti.

“L’ONU n’abandonne pas Haïti”, a réaffirmé M. Salvador. Les efforts continus de l’organisation dépendent cependant du soutien de la communauté internationale pour assurer la sécurité de son personnel et l’efficacité de ses missions.

Alors que les gangs étendent leur emprise et que la violence s’intensifie, les risques pour les habitants et les travailleurs humanitaires augmentent. Sans une action décisive, la situation humanitaire risque de s’aggraver, entraînant de nouveaux déplacements et de nouvelles souffrances.

L’article complet, y compris le contexte et les citations, peut être lu sur le site web de Reuters.

Cet article, rédigé par Elida Moreno et Harold Isaac, fournit des informations approfondies sur la situation en Haïti.