fbpx

Haïti-Santé: La population devient moins réticente à l’égard des vaccins anti Covid-19 pour des raisons de migration

CTN News

En Haïti, se faire vacciner était, dans une période donnée, un choix désintéressé à cause notamment de la désinformation. Si l’on tient compte des dernières compréhensions dégagées par la population haïtienne autour des campagnes de vaccination et la prise de conscience de l’existence de la pandémie du Covid-19, elles portent à croire que des avancées significatives ont été enregistrées en Haïti concernant la vaccination massive. Une étude réalisée par l’Institut Panos dans les départements de l’Ouest et du Nord auprès d’un échantillon de 446 personnes, au cours du mois de mars 2023, révèle que 61% des répondants affirment être vaccinés pour des raisons de migration. La rédaction de Zoomhaitinews a recueilli les témoignages de certaines personnes vaccinées qui étaient pourtant, réticentes à l’idée de prendre cette décision.


À la direction sanitaire l’Ouest (DSO) située dans la commune de Port-au-Prince, nous avons rencontré un couple qui venait de se faire vacciner contre la Covid-19. « Cette décision est le résultat d’une longue concertation entre moi et mon mari qui était hésitant à l’idée de prendre les doses » martèle la dame qui exprime une certaine satisfaction après avoir obtenu la confiance de son partenaire. « Il était accroché notamment aux rumeurs qui circulaient sur les réseaux sociaux selon lesquelles toutes les personnes qui ont été vaccinées auront des complications très graves qui peuvent conduire à la mort…] Comme étant une personne avisée, je me suis informée auprès des médias crédibles, au final je me suis rendue compte que tout cela entrait dans une vaste campagne de désinformation » ajoute Magdala Pierre qui prépare un voyage à l’étranger.
L’infirmière Marie Ysmaisson Jean, assistante du programme élargi de vaccination PEV, confie avoir enregistré un nombre important de personnes qui veulent se faire vacciner contre la Covid-19 ces derniers jours. Il croit que c’est un pas très intéressant pour arriver à la vaccination massive. Selon elle, ce nouveau schéma peut être expliqué par rapport au résultat satisfaisant obtenu contre la pandémie à travers le monde à l’aide de la vaccination. Elle encourage les autorités sanitaires à redoubler leurs efforts pour vacciner les personnes qui n’ont pas encore reçu une seule dose de vaccin contre la COVID-19 alors que la demande se fait sentir.

La représentante de la direction sanitaire l’Ouest Marie Ysmaisson Jean, a fait remarquer que la vaccination est la meilleure protection disponible contre la maladie et la mortalité. Elle explique que c’est grâce à la vaccination que certaines maladies comme la variole, la poliomyélite, la diphtérie ont presque disparu dans le monde. L’intéressement des citoyens à l’idée de se faire vacciner pousse le médecin à lancer un appel aux autorités afin d’assurer une meilleure couverture vaccinale.

En Juin 2022, l’organisation panaméricaine de la Santé (OPS) avait exigé que les opérations nationales de vaccination contre la COVID-19 soient intensifiées pour atteindre au moins 70% de la population totale estimant que cela peut aider à renforcer l’immunité dans l’ensemble de la population adulte et adolescente afin de réduire la maladie grave et la mortalité.

Pour répondre à certaines obligations en matière de lutte contre la Covid-19, le ministère de la santé publique et de la population (MSPP) a lancé au cours du mois d’Avril 2023 une campagne de vaccination pour les personnes qui n’ont pas encore reçu aucune dose.

Cette campagne concerne plusieurs régions du pays dont le département de l’Ouest, de l’Artibonite, du Sud-est et du Nord-ouest.
À l’occasion du lancement de cette campagne, nous avons rencontré le Dr Joachim Emilson de l’institut Panos. Au cours de notre entretien, nous avons abordé les effets secondaires des vaccins. « Les vaccins COVID-19 peuvent provoquer des effets secondaires à court terme. Ils comprennent: fièvre, fatigue, maux de tête, douleurs musculaires, frissons, entre autres. Cependant, ils disparaissent d’eux-mêmes en quelques jours. Il précise que les effets secondaires liés à la vaccination plus graves ou durables sont possibles mais extrêmement rares. Pour argumenter, il a pris en compte les chiffres avancés par l’organisation mondiale de la santé (OMS) selon lesquels 3.5 à 5.5 millions de vies sont sauvées chaque année grâce à la vaccination.

Au cours de la campagne de vaccination intégrée routine et Covid, 230.000 adultes devaient être vaccinées contre la Covid-19, selon l’infirmière Marie Ysmaisson Jean qui précise que les bébés âgés de 0 à 23 mois sont également ciblés dans le cadre de la vaccination routine.
Maudeline Toussaint, une jeune fille âgée de 26 ans, est dans l’attente de recevoir son vaccin. Elle affirme prendre cette décision pour diminuer le risque de développer des complications liées à la Covid-19 et de protéger l’ensemble de son entourage.

L’efficacité observée des vaccins stimule les défenses naturelles du corps pour lutter plus rapidement et plus efficacement contre les maladies, précise le Dr Emilson.

La réticence à l’égard des vaccins, présentée comme une barrière est quasiment traversée par rapport à d’énormes efforts consentis par les médias pour combattre la désinformation mais également des stratégies incitatives mises en place pour induire des changements de comportement. C’est un état de fait que certaines personnes sont touchées par les normes sociales et ne prévoient pas de se faire vacciner parce qu’elles pensent que d’autres ne le feront pas. Touché par cette réalité sociale, le ministère de la santé publique et de la population joue la carte d’influence sociale avec notamment l’implication de certains artistes très populaires lors des campagnes de sensibilisation.
Le chanteur du groupe « Kreyol La » Jospeh Zeny Junior et le comédien Aurélie figurent parmi les influenceurs haïtiens qui ont encouragé les citoyens à se faire vacciner.


Pour l’année 2022, seulement 240 967 personnes, soit 2% de la population haïtienne, ont été vaccinées, selon l’institut Panos qui dit, par ailleurs, observer une affluence importante dans les centres de vaccination depuis le début de l’année 2023 avec l’apparition notamment du programme Humanitarian Parole initié par l’administration de Joe Biden. Ce qui explique que l’engouement pour les vaccins est lié en grande partie par des raisons de migration.