Le Bureau de Suivi de l’Accord du 30 août 2021 (BSA), dans une lettre signée par Magali Comeau Denis, Jacques Ted St Dic et Ernst Mathurin, a expliqué les raisons qui l’ont poussé à refuser l’invitation du Premier ministre à une rencontre prévue le 23 novembre dernier.
Ce refus s’inscrit dans un contexte de critique sévère du fonctionnement de l’exécutif haïtien et de la gestion actuelle de la crise nationale.
Une Trahison des Principes Fondateurs
Le BSA rappelle que l’Accord Montana, signé en août 2021, ainsi que son extension, l’Accord du 3 avril 2024, ont été conçus pour apporter une solution haïtienne à la crise conjoncturelle et structurelle qui menace le pays. Cependant, le BSA accuse les membres du Conseil Présidentiel Transitoire (CPT) de trahir l’esprit et la lettre de cet accord, déclarant que ces derniers ont “accéléré la détérioration des conditions de vie de la population haïtienne” en s’éloignant des réformes fondamentales et en s’adonnant à des pratiques politiques et financières douteuses. “La non-publication dans le Journal Officiel et le non-respect des termes de l’Accord consacrent un coup d’État contre les intérêts de la Nation”, souligne le BSA.
Le Bureau reproche également à l’exécutif une gestion opaque et illégitime, marquée par des querelles internes et un mépris flagrant pour les souffrances de la population. Il dénonce le recours exclusif à des solutions étrangères pour la crise sécuritaire, au lieu de mobiliser les capacités nationales prévues par l’Accord. “Ils ont cédé, d’emblée et totalement, leur responsabilité régalienne de défendre et de protéger Haïti à des initiatives étrangères hypothétiques”, lit-on dans le communiqué.
Refus de Rencontres Inutiles
Dans ce contexte, le BSA estime qu’il n’y a plus de temps à perdre dans des rencontres inutiles qui ne peuvent servir qu’à conforter cet ordre destructeur qu’il convient impérativement de changer. En outre, le BSA considère qu’il n’y a pas lieu de rencontrer un gouvernement illégitime et complice des problèmes actuels. Il appelle à construire une véritable alternative avec toutes les forces du pays, tout en préservant les principes fondamentaux de l’Accord du 3 avril.
Le communiqué critique sévèrement les membres du CPT pour leur incapacité à relever les défis de la transition, leur implication dans des pratiques de corruption et leur gestion opaque des fonds publics. “Ils se sont plongés dans la fange de la corruption en s’adjugeant des fonds de l’État destinés aux services d’intelligence, vitaux pour affronter l’insécurité galopante”, accuse le BSA.
Le BSA critique également le recours à des solutions sécuritaires exclusivement internationales, en opposition aux dispositions de l’Accord du 3 avril. “En mettant en œuvre leur propre projet politique, les membres du CPT ont choisi de nier les capacités nationales de résolution des problèmes de sécurité”, souligne le communiqué du BSA, qui estime que le recours à des initiatives étrangères constitue une abdication de la souveraineté nationale. “Ils ont cédé, d’emblée et totalement, leur responsabilité régalienne de défendre et de protéger Haïti à des initiatives étrangères hypothétiques”, ajoute la lettre.
Le BSA conclut en réaffirmant son engagement envers les idéaux de justice sociale, de lutte contre la corruption et de réhabilitation des institutions haïtiennes, tout en condamnant les ” coups de force successifs” qui ont miné la transition.
Pour le Bureau de Suivi, le moment est venu de reconstruire l’espoir et de proposer une alternative crédible pour sauver la nation.
Ce communiqué révèle une fracture profonde entre les signataires de l’Accord Montana et l’exécutif haïtien, mettant en lumière les défis complexes auxquels le pays est confronté dans sa quête de stabilité et de gouvernance efficace.