Tous les noms des personnalités devant faire partie du conseil présidentiel ont été soumis ce jeudi à la CARICOM et le Département d’Etat américain, a appris la rédaction de CaribbeanTelevisionNetwork d’une source proche de la communauté caribéenne.
L’information a été également confirmée par le porte-parole du Département d’Etat lors de la conféremce de presse quotidienne. “Ma compréhension est que, au cours des dernières heures, plusieurs des entités – qui vont – composer le conseil de transition ont soumis leurs noms”, a révélé Matthew Miller qui promet que les Etats-Unis vont “continuer à travailler avec la CARICOM et avec nos partenaires internationaux, et avant tout avec les Haïtiens eux-mêmes, pour tenter de poursuivre un chemin vers le retour de la démocratie et des élections libres et équitables en Haïti.”
Les membres du CP devraient être installés incessamment, selon cette même source qui n’a toutefois pas fourni de précisions sur les noms des personnalités.
Les acteurs haïtiens avaient jusqu’à mercredi pour communiquer leur choix à la communauté internationale. Jeudi après-midi, CTN a appris que Fanmi Lavalas a désigné Lesly Voltaire, le Collectif des partis du 30 Janvier a choisi Edgard Leblanc, et le groupe Montana a transmis le nom de son président élu Fritz Alphonse Jean, tandis que le secteur privé s’est fait représenter par Laurent St-Cyr.
La formation du Conseil présidentiel a provoqué des dissensions au sein des signataires de l’Accord du 21 décembre, qui dirigeaient avec le Premier ministre démissionnaire de facto, Ariel Henry. Trois groupes différents de membres ou d’alliés du gouvernement provisoire démissionnaire ont envoyé chacun un nom : Vickerson Garnier, Levaillant Louis-Jeune et Charles Tardieu.
Le Conseil suscite des controverses
Des responsables politiques et de la société civile du pays ont critiqué la formation de cet organe. Le parti Lòd Demokratik de Jean Renel Sénatus se dit préoccupé par la décision de la CARICOM « d’imposer » au pays un conseil présidentiel de 9 membres, dont 2 à titre d’observateurs. LD soutient plutôt le choix d’un juge à la Cour de cassation comme président provisoire.
Lòd Demokratik prend également acte de la démission du Premier ministre Ariel Henry, gardé hors du pays depuis environ 19 jours.
Des membres du « Congrès national de Ouanaminthe pour la nouvelle Haïti » rejettent également la mise en place d’un Conseil Présidentiel pour mener la transition.
Ils continuent de plaider en faveur d’un exécutif bicéphale avec un président provisoire issu de la Cour de cassation et un Premier ministre de consensus, choisi en concertation avec la classe politique, la société civile et d’autres parties prenantes, a dit l’ex-député Serge Jean-Louis, membre du « Congrès national de Ouanaminthe pour la nouvelle Haïti ».
La présidente de la plateforme nationale du secteur populaire haïtien, proche de l’ancien régime PHTK, Yanick Mézile, critique également la formation d’un conseil présidentiel.
Cet organe aura des impacts négatifs sur le budget déjà très maigre d’Haïti et risque de renforcer la corruption au sein de l’administration publique, selon la numéro 1 du PLANSPA.
Le Collectif du 4 décembre, organisation de la société civile haïtienne, critique la décision de mettre sur pied un Conseil Présidentiel pour diriger la transition en Haïti.
Le Coordonnateur général du collectif, Jean-Robert Argant, dénonce une démarche « insensée » et appelle l’embryon des forces armées d’Haïti à prendre le contrôle du pouvoir pour ensuite le remettre au plus ancien juge de la Cour de Cassation.