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Haïti-Culture : Les associations féministes Dantò et AZAMA exigent la reconnaissance du 14 août par l’État haïtien

Marcia Moise

À l’occasion de la commémoration des 323 ans de l’historique cérémonie du Bois Caïmanla le 14 août 1701, les organisations féministes Dantò et AZAMA (Zabèt Makandal pour une autre Société) ont organisé un grand événement baptisé “Bwa Kayiman”, dans la résidence de Romélus Marie Isnise, à “Kay Viousie”, le mercredi 14 août 2024.

Ce jour, où l’on célèbre l’esprit “Ogoun”, reconnu comme un guerrier protecteur, souvent associé à la couleur rouge et à la vigueur du feu, a été marqué par diverses activités culturelles et religieuses. Le Gwètô II plénipotentiaire du Sud-Est, le houngan Asongoué Ernst Malique, vêtu de son costume rouge et brandissant son bâton, accompagné de l’initié vaudou, le houngan Asongoué, l’agronome Rony Antoine, ainsi que Tamas Jean-Pierre, membre de la structure Dantò, ont animé une conférence sur l’importance sociopolitique du 14 août, soulignant le rôle historique de “Bois Caïman”.

L’agronome Antoine a fermement dénoncé l’attitude de l’État haïtien, qu’il accuse de servir les intérêts impérialistes et de refuser de reconnaître cette date historique qui a marqué la rupture avec l’esclavage. Il a regretté que, par complaisance, l’État haïtien reconnaisse le 15 août comme jour férié national, mais néglige le 14 août.

Dans cette même veine, une pétition a été lancée pour exhorter les Haïtiens qui reconnaissent l’importance du 14 août, jour qui a mis fin à l’esclavage, à signer en vue de faire pression sur l’État haïtien pour qu’il reconnaisse cette date comme jour férié national.

Durant cette activité socioculturelle, un hommage a été rendu aux figures historiques ayant permis le soulèvement du 14 août 1791. La partie culturelle de l’événement a été très animée, avec des prestations de tambour et de danse par la troupe “Grand Lakou” dirigée par Junior Jules. Ces performances ont conduit certains initiés en transe, et la cérémonie s’est conclue par un repas traditionnel haïtien, composé notamment d’un bouillon de légumes et de viande de porc, (lam ak Vyann kochon).

Ce moment de chants, danses et tambours visait, selon les organisateurs, à rendre hommage aux héros du passé et à remobiliser les forces invisibles de la mère patrie qui ont contribué à l’indépendance d’Haïti, première république noire libérée de l’esclavagisme colonial.

“Awochannago” est la salutation qu’utilise la féministe Romélus Marie Isnise, à l’instar du général Ogoun, l’initiatrice de cette activité socioculturelle. Habillée en rouge et noir, elle a évoqué la création de la structure Danthor, nommée en l’honneur de la déesse vaudou “Maîtresse Erzulie Danthor”, dont le bleu royal est la couleur. Elle a également évoqué l’organisation AZAMA qui a vu le jour après la mort tragique de Marlène Colin, jeune femme de 30 ans originaire de La Montagne Jacmel, assassinée en mai 2018 par son compagnon Ernest Rigaud lors d’un crime passionnel.

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