Le gouvernement américain semble vouloir aller au-delà de la question sécuritaire en Haïti.
Des dispositions seront prises pour adresser le problème de l’impunité en Haïti, a fait savoir le Département d’Etat dans un communiqué publié au lendemain du vote des Nations unies sur la résolution 2793.
Le ministère américain des Affaires étrangères promet d’agir sur plusieurs fronts avec les autres membres du Conseil de sécurité des Nations unies.
« Le message du Conseil de sécurité est clair : l’ère de l’impunité pour ceux qui cherchent à déstabiliser Haïti est révolue », a écrit le Département d’État.
Il promet de travailler d’un commun accord avec les autres partenaires de la communauté internationale afin que la mission soit déployée dans les meilleurs délais.
Dans un communiqué publié sur son site Internet, le ministère américain des Affaires étrangères a félicité le Kenya et les autres pays ayant accepté de contribuer à la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS), dont le mandat arrive à terme dans moins de 24 heures.
Dans ce texte officiel, Washington « se félicite de l’adoption de la résolution du Conseil de sécurité des Nations unies » qui acte la transition de la MMAS vers une Force de répression des gangs (GSF, selon son acronyme anglais) et autorise la création d’un Bureau d’appui des Nations unies en Haïti (UNSOH).
« Nous travaillerons en étroite collaboration avec les autres membres du Groupe permanent de partenaires afin d’assurer le déploiement rapide de la GSF », précise le communiqué. L’objectif immédiat, dit-il, est double : « Cette force s’attaquera aux défis sécuritaires immédiats d’Haïti et jettera les bases d’une stabilité à long terme. »
Le Département d’État insiste sur l’urgence opérationnelle. La MMAS, autorisée à l’origine pour stabiliser un environnement profondément dégradé par les groupes armés, arrive à son terme ; la GSF est conçue comme sa relève renforcée. Dans cet esprit, Washington souligne le rôle de la nouvelle architecture logistique voulue par le Conseil : « La GSF, avec le soutien de l’UNSOH, passera à un modèle international de partage des charges disposant des ressources suffisantes pour lutter contre les gangs. »
L’administration américaine dit compter sur tous les partenaires clés de la communauté internationale dans le cadre de cette énième mission qui ne devrait pas se reposer sur quelques contributeurs, mais sur une coalition plus large, coordonnée et mieux dotée.
Le Département d’État a également remercié le Kenya ainsi que tous les pays déployés dans le cadre de la MMAS pour faire face à l’insécurité rampante en Haïti.
Message politique et mandat de fermeté
Au plan politique, Washington entendait envoyer un message clair aux acteurs impliqués dans la crise américaine. « Le message du Conseil de sécurité est clair : l’ère de l’impunité pour ceux qui cherchent à déstabiliser Haïti est terminée », a écrit le Département d’État dans son bref communiqué qui semble envoyer un message à peine voilé aux dirigeants haïtiens.
De la MMAS à la GSF, changement d’échelle et de méthode
Adoptée à l’issue d’intenses consultations, la résolution 2793 entérine une réorganisation attendue : la MMAS, mission non onusienne financée par contributions volontaires et placée sous conduite kenyane, cède la place à une force dédiée à la force de répression des gangs et à un bureau d’appui onusien chargé de fournir rations, carburant, hébergement, capacités médicales et appuis techniques (communications, informatique, systèmes d’information géographique).
Le pari est logistique autant qu’opérationnel : garantir des bases, des moyens et des rotations à l’échelle du mandat, tout en coordonnant plus étroitement avec l’appareil onusien présent en Haïti.
Au-delà des outils, le cadre politique demeure central
Le communiqué américain l’affirme : la GSF doit traiter l’urgence sécuritaire mais aussi « jeter les bases » d’un environnement propice à la reprise institutionnelle. Cela suppose que la lutte contre les gangs s’inscrive dans une stratégie plus vaste : appui aux autorités légitimes, sécurisation de l’espace public, protection des personnes vulnérables, et retour progressif des services essentiels. C’est aussi le sens du modèle de partage des charges mis en avant, qui doit créer des incitations pour que d’autres États rejoignent l’effort.
Comme c’était le cas lors de l’établissement de la MMAS, des changements significatifs pourraient être apportés au sein du gouvernement de transition.
Des discussions seraient en cours à Washington en ce sens, a-t-on appris de sources proches de la diplomatie américaine.
D’ailleurs, le chargé d’affaires américain en Haïti, Henry Wooster, n’avait pas caché sa frustration par rapport au comportement des dirigeants haïtiens qui ont tendance à se perpétuer au pouvoir sans donner de résultats.